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©RTS
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Brexit : le suspense est entier

Les Britanniques voteront-ils pour ou contre le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne ? Selon les derniers sondages, les camps du "in" et du "out" sont au coude-à-coude et aucune tendance ne se dégage clairement. 
Après plusieurs jours de deuil, la campagne pour le référendum a repris au Royaume-Uni où les sondages suggèrent un glissement en faveur d'un maintien dans l'Union européenne suite au meurtre de la députée pro-UE Jo Cox. Rappelé en session extraordinaire, le Parlement britannique a rendu, ce lundi 20 juin, un hommage national à "l'un de ses membres les plus brillants et les plus passionnés", selon les mots du Premier ministre David Cameron.
 
De Boris Johnson, le champion des pro-Brexit, à David Cameron, le principal avocat d'un maintien dans l'UE, les principaux acteurs ont multiplié dimanche les interviews, avant la consultation à très hauts risques de jeudi. "Une fois que vous avez sauté de l'avion, il n'y plus moyen de remonter. Si on part, c'est pour toujours, il n'y a pas de retour possible", a martelé M. Cameron dans une interview au Times.
 
Dans la soirée, il a enfoncé le clou lors d'un débat avec les spectateurs sur la BBC, en invoquant le Premier ministre britannique pendant la deuxième guerre mondiale, Winston Churchill, pour affirmer que les Britanniques "ne sont pas des lâches" et "se battront" au sein de l'Union européenne. Boris Johnson a répété dans une interview au Sun on Sunday que les Britanniques n'avaient "rien à craindre" d'un Brexit et qu'ils avaient, au contraire, une "occasion unique de reprendre le contrôle".

L'effet Jo

Les analystes préféraient rester prudents quant à l'impact du meurtre de Jo Cox sur l'issue du référendum.
 
Mais plusieurs sondages rapportent un glissement sensible en faveur du camp du "remain", le maintien dans l'UE, qui rattrape son retard en faisant désormais jeu égal à la moyenne de six dernières enquêtes d'opinion. "L'effet Jo", soulignait même le Sunday Mirror en commentant l'un de ces sondages.
 
Le premier sondage réalisé dans son intégralité après le drame, par l'institut Survation, place, lui, le maintien dans l'UE en tête à 45%, devant une sortie de l'UE à 42%, alors que leur précédente enquête concluait à l'exact résultat inverse.
 
Directeur de recherche de l'institut YouGov, Anthony Wells a estimé qu'un "retour vers le statu quo semble avoir le vent en poupe".
 
Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, a dit sur le plateau d'ITV que le camp du Brexit était "sur une bonne dynamique jusqu'à cette terrible tragédie", laissant entendre qu'elle était désormais stoppée. Interrogé par le Herald Scotland, le député du parti national écossais Alex Salmond a estimé que le drame "pourrait avoir un impact significatif". Il pourrait aussi "avoir un effet durable sur la manière de conduire la politique et de sortir du caniveau", a-t-il ajouté. 

L'affiche 'répugnante' de Farage

Sur ITV, le ministre des Finances, George Osborne, a dénoncé la dernière affiche de campagne de Nigel Farage mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan "Breaking Point" (Point de rupture), publiée juste avant le meurtre de Jo Cox.
"C'est une affiche répugnante et ignoble qui rappelle la propagande nazie des années 1930", a-t-il dit.
 
L'affiche a été jugée nauséabonde jusqu'au sein même du camp du Brexit. Michael Gove, le ministre de la Justice, a avoué sur la BBC avoir "frissonné" à sa vue.
Une ancienne secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, la conservatrice Sayeeda Warsi, a même annoncé arrêter de faire campagne pour la sortie de l'UE, condamnant cette affiche.

"Sommes-nous prêts à raconter des mensonges, à répandre la haine et la xénophobie juste pour gagner une campagne? Pour moi, c'est allé trop loin", a-t-elle déclaré au Times dans un entretien à paraître lundi.
 
En contrepoint, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche devant le Parlement à Londres, ainsi qu'à Paris, Berlin et Rome, pour participer à une "chaîne du baiser" visant à "montrer l'amour ente la Grande-Bretagne et l'Europe et à rejeter la campagne de haine du référendum", ont expliqué les organisateurs.
 
Et à Birstall, la petite ville du nord de l'Angleterre où Jo Cox a été sauvagement tuée, une cérémonie religieuse a été célébrée en sa mémoire. Le meurtrier présumé, Thomas Mair, est toujours en détention dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au sud-est de Londres. "Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni", a lancé cet homme de 52 ans samedi lors de sa première comparution devant le tribunal.
 
Il doit comparaître de nouveau lundi. La magistrate a ordonné une expertise psychiatrique.