Brexit : un feuilleton qui n'en finit pas

Londres et Bruxelles jouent, une fois de plus, les prolongations dans les négociations du divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Avec les discussions qui ont du mal à avancer sur plusieurs sujets commerciaux majeurs, comme la pêche, après un an de négociations, le "no deal" reste l'issue la plus probable.
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Ursula Van Der Leyen
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait une déclaration au siège de l'UE à Bruxelles, dimanche 13 décembre 2020.
© AP / Olivier Hoslet
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Le négociateur de l'Union européenne Michel Barnier a signalé lundi quelques progrès dans les pourparlers avec Londres sur la future relation commerciale. Mais des divergences persistent, en particulier sur la pêche, indiquent des sources diplomatiques.

"Il y a du mouvement, c'est bien", s'est réjouie lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à propos de ces négociations. "Nous parlons d'un nouveau départ avec de vieux amis. Nous sommes dans la dernière ligne droite, mais elle est cruciale", a-t-elle déclaré à l'occasion du 60e anniversaire de l'OCDE.

Michel Barnier a rendu compte de l'état des négociations aux représentants des Etats membres à Bruxelles, alors que le Royaume-Uni et l'UE ont décidé dimanche de les poursuivre sans se fixer de date limite autre que celle du 1er janvier 2021, date à laquelle le divorce sera effectif.

"Malgré l'épuisement après presque un an de négociations, malgré le fait que les délais ont été dépassés à maintes reprises, nous pensons qu'il est responsable, à ce stade, de faire un effort supplémentaire", ont affirmé dans un communiqué commun la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le premier ministre britannique Boris Johnson.

"Nous avons donc mandaté nos négociateurs pour poursuivre les discussions et voir si un accord peut être conclu, même à ce stade tardif", ont-ils ajouté, à la suite d'un entretien téléphonique.

Les deux dirigeants s'étaient promis mercredi lors d'un dîner dans la capitale belge, de prendre une "décision ferme" sur la poursuite ou non des discussions, embourbées depuis des mois. Boris Johnson a une nouvelle fois répété que le scénario d'un "no deal", malgré ses lourdes conséquences sur les économies européenne et britannique, restait pour lui le "plus probable". "Nous allons continuer d'essayer et nous allons essayer de tout notre cœur et nous serons aussi créatifs que possible", a-t-il cependant promis.

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Londres ne veut surtout pas claquer la porte en premier


Les équipes du négociateur européen Michel Barnier et de son homologue britannique David Frost, qui ont repris leurs échanges dimanche matin après les avoir achevées tard dans la nuit, vont donc continuer leurs tractations, pour l'instant à Bruxelles.

Une prolongation ne pourra être que "de quelques jours au maximum", avait cependant averti le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, dans le Journal Du Dimanche. Entre coups de bluff et dates butoirs non tenues, les négociations ont déjà été riches en rebondissements depuis leur lancement en mars. Et dans ce bras de fer interminable, personne n'entend jeter l'éponge en premier, pour ne pas porter la lourde responsabilité d'un échec.
 

La pêche, pierre d'achoppement

Les discussions butent sur trois sujets : l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et surtout les conditions que les Européens exigent des Britanniques pour éviter toute concurrence déloyale.

L'UE est prête à offrir à Londres un accès sans droits de douane ni quotas à son immense marché. Mais elle entend dans ce cas disposer de leviers contre tout risque de dumping britannique en matière environnementale, sociale, fiscale ou sur les aides d'Etat. Elle veut pouvoir prendre des contre-mesures rapides, comme des droits de douane, sans attendre que le différend soit tranché par une procédure d'arbitrage classique, afin de protéger ses entreprises. Londres s'y oppose fermement.

Sans accord commercial, ses échanges avec l'UE se feront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d'un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.

Concrètement, les prix pourraient augmenter pour les produits que le Royaume-Uni achète et vend depuis et vers l'UE. Par exemple, 30% des aliments consommés sont importés de l'UE. Les bateaux de pêche non britanniques perdraient l'accès aux eaux britanniques et les bateaux britanniques ne seraient pas les bienvenus dans les eaux européennes.

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Signe d'un regain de tension, le ministère britannique de la Défense a annoncé que des navires de la Royal Navy se tenaient prêts à protéger les zones de pêche nationales où pourraient survenir des accrochages en cas d'absence d'accord.

Pragmatique, la Commission a publié jeudi des mesures d'urgence pour maintenir, en cas de "no deal", le trafic aérien et le transport routier entre le Royaume-Uni et l'UE.

L'approvisionnement en médicaments pourrait être plus difficile (notamment en cette période de coronavirus) pour le Royaume Uni. Une sortie de l'UE sans accord représenterait un échec politique et les relations entre le Royaume-Uni et l'UE pourraient se voir détériorées pendant quelques temps.

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