Fil d'Ariane
La marche contre la haine et la terreur organisée ce dimanche a rassemblé moins de participants que prévu. La police de Bruxelles juge qu'il y a "beaucoup moins de monde qu'estimé au départ", 7000 au total rue Dansaert où les deux cortèges - venus de la gare du Nord et de Molenbeek - ont fusionné, soit moitié moins que les 15 000 personnes prévues.
Un premier cortège a quitté la gare du Nord vers 14 heures selon les autorités bruxelloises, le second s'est formé sur le parvis Saint Jean-Baptiste à Molenbeek où la foule était plus clairsemée. Aucun groupe perturbateur n'a été signalé. La marche est resté calme et silencieuse, mis à part quelques cris "Daech casse toi".
Parmi les participants, aux côtés des anonymes, des victimes des attentats de Bruxelles et des représentants des différents cultes. Mais également, comme il l'a annoncé sur Twitter, Siegfried Bracke, le président N-VA de la Chambre.
Il expliquait qu'il serait présent avec Jan Peumans, sénateur et vice-président de la N-VA, et d'"autres collègues parlementaires", au moment où certains dénoncent une récupération politique de la marche, organisée par ailleurs par le mouvement altermondialiste "Tout autre chose" et au moment où Jan Jambon, ministre N-VA de l'Intérieur, refait la polémique.
"Quand des concitoyens, civils, sans aucune défense, sont abattus lâchement, c'est tous les citoyens qui doivent se lever pour exprimer leur dégoût et leur solidarité", a déclaré Hassan Bousetta, un élu socialiste de Liège (est) à la tête d'une des associations organisatrices. "C'est d'abord un recueillement, un message de compassion envers les victimes et un moment de communion citoyenne", a-t-il ajouté.
Egalement présent, à titre personnel, le ministre de la Justice Koen Geens, un chrétien-démocrate flamand.
La marche survient dans un climat de polémique au lendemain de déclarations controversées du ministre de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, qui a affirmé que la politique d'intégration des étrangers en Belgique avait échoué, y voyant pour preuve le fait qu'"une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats".
Les attentats perpétrés par trois kamikazes à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans une station de métro ont fait 32 morts au total et plus de 300 blessés. Une autre bombe qui devait exploser à l'aéroport avait été neutralisée ce jour-là et celui qui la transportait, Mohamed Abrini, a été arrêté le 8 avril à Bruxelles.
En tête du cortège, une banderole proclamait #tousensemble contre la haine et la terreur, en français et néerlandais. Puis suivait un camion de pompiers, girophares allumés, pour symboliser le rôle important des secouristes, selon le porte-parole des pompiers, Pierre Meys.
Les premiers rangs du cortège étaient réservés aux familles des victimes, suivies par les représentants des différentes communautés religieuses. Une douzaine de membres d'une association de dialogue interreligieux portaient une grande banderole sur laquelle était écrit "Together in peace" avec des dessins de colombes.
Des représentants de tous les cultes étaient très visibles, en particulier musulmans avec le slogan "L'amour est ma religion et ma foi". Michel Mbiya, un homme d'origine congolaise qui était à Zaventem le 22 mars peu avant les explosions, a expliqué qu'il se rendait à la manifestation pour "exprimer un message de résistance" car "il ne faut pas céder face à ces démons, il faut rester debout... Au Congo, quand tu échappes à la mort tu manges un poulet blanc, et on m'a surnommé poulet blanc", a-t-il poursuivi, interrogé par la radio publique RTBF.
► Tout notre dossier sur les attentats à Bruxelles du 22 mars 2016
Les communes de Bruxelles-ville et de Molenbeek ont toutes les deux donné leur accord verbal à l'organisation de cette marche. D'autres organisateurs avaient déjà tenté d'organiser une marche similaire le 27 mars dernier, mais le Bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS), et le ministre de l'Intérieur Jan Jambon (N-VA), l'avaient finalement interdite, car ils estimaient que la menace était encore bien présente et que la police n'avait pas les moyens de l'encadrer. Finalement, plusieurs centaines de hooligans s'étaient quand-même rendus à la Bourse, certains avaient fait des saluts nazis et cela avait dégénéré avant que les forces de l'ordre ne maîtrise finalement les fauteurs de troubles.
Après la marche, le Premier ministre Charles Michel doit recevoir des organisateurs et des familles de victimes.