Bûche, dinde, sapin, cadeaux... D’où viennent ces traditions de Noël ?

D’où viennent la dinde et la bûche de Noël ? Pourquoi décore-t-on le salon d’un sapin ? Pourquoi les rues sont-elles remplies d’illuminations ? Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ? Quelle est l’origine du Père Noël et des marchés de Noël  ? Explications de Nadine Cretin, historienne des fêtes et spécialisée en anthropologie religieuse.

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Noël traditions
Décorations et célébrations de Noël à Séoul, en Corée du Sud, le 6 décembre 2018. Noël est l'une des plus grandes fêtes célébrées dans le pays © AP Photo/Ahn Young-joon
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  • La dinde de Noël


A l’époque, les romains organisaient déjà des repas copieux où l’on faisait figurer un élément de l’eau comme la carpe ou les huîtres, un élément de la terre comme de la viande de porc et un élément de l’air, la volaille avec de l’oie. Un peu plus tard, à l'occasion de la Saint-Martin mi-novembre, était organisé un grand repas où l’on mangeait de l’oie, avant que les ouvriers ne repartent chez eux. Aux Etats-Unis, lors de Thanksgiving, c’était de la dinde. A partir du XVIIe siècle, la dinde apparaît également en Europe après la découverte de celle-ci aux Etats-Unis. La coutume de la dinde est restée avec cette image du grand repas qui clôture la fin de l'année et qui annonce l’abondance de l'année nouvelle.”
 
  • La bûche


A partir du XIe siècle, la bûche dans la cheminée est une tradition. On prenait un beau morceau de bois, du hêtre, du chêne ou un arbre fruitier, que l’on mettait à brûler le soir du 24 décembre très cérémonieusement en France et dans certains pays d’Europe. Au XIXe, l’écrivain Frédéric Mistral raconte que cette bûche était mise dans la cheminée par le plus âgé de la famille et le plus jeune en âge de le faire. La bûche représentait la chaleur du foyer et le lien rectiligne entre la fumée qui s’échappait de la cheminée et les souhaits qui montaient vers le ciel. Progressivement, la bûche disparaît avec l’apparition des poêles et du chauffage central pour devenir une pâtisserie. Dans les années 1875, des pâtissiers - dont l’identité est incertaine - ont l’idée de faire un gateau roulé en forme de bûche qui devient le dessert traditionnel de Noël en France.
 
  • Le sapin


Le fait de mettre de la verdure dans les maisons est très ancien. enAu moment du solstice d’hiver, dans l’hémisphère Nord, tous les arbres étaient dépouillés de leur verdure, le sapin était un symbole d’espoir et de récoltes abondantes pour l’année à venir. A partir du XVe siècle, en Allemagne, les sapins apparaissent dans les grandes maisons communales comme les hôpitaux. On retrouve également une attestation de paiement de gardes-forestiers pour surveiller les bois en Alsace avant la Saint-Thomas qui date de 1521. En 1837, La Duchesse d’Orléans, Hélène de Mecklembourg reçoit un sapin et sa belle-mère lui installe dans son salon comme pour lui rappeler son Allemagne natale. A la même période, en Angleterre, c’est le mari de la Reine Victoria, le Prince Albert, d'origine allemande qui fait dresser un sapin de Noël au château de Windsor. La mode du sapin se répand, à la fin du XIXème, début du XXème siècle, en France.
 
  • Les illuminations


Au XIXème siècle, on voit apparaître des bougies dans les arbres, les villes et les habitations sont décorées de verdure. Avec l’invention de l'électricité, c’est le développement des guirlandes lumineuses. Les villes en France deviennent très éclairées, après la Seconde-Guerre mondiale. Les vitrines de Noël sont apparues en France à partir de 1909 au Bon Marché, avec la mise en place d’automates.
 
  • Les cadeaux


En Europe, les enfants venaient frapper aux portes des maisons, chanter leurs voeux pour la nouvelle année en échange d’un petit cadeau telle qu’une pomme, une noisette ou une pièce. Le cadeau était une façon de se mettre les voeux dans la poche. A Rome, il y avait les étrennes, au moment du nouvel an. Le cadeau symbolisait la nouvelle année et devait être plein de douceur à l’image des figues, des dattes et du miel, par exemple. Dans certaines régions, c’était la tradition du Saint-Nicolas, les cadeaux étaient donc donnés le 6 décembre. Pour d’autres, le Père Noël ou l’enfant Jésus apportait les cadeaux dans la nuit du 24 décembre.
 
  • Le Père Noël


Le Père Noël provient de Saint-Nicolas, qui lui même tient des personnages que l’on retrouve au carnaval et qui symbolisent la prospérité. Le Père fouettard est lui dérivé de personnages terrifiants qui existent encore dans les carnavals en Suisse et en Allemagne. Saint-Nicolas représente le monde prospère, la nouvelle année tandis que l’autre personnage représente le monde obscur et non civilisé. Au XVIIème siècle, lorsque les premiers colons sont partis aux Etats-Unis, ils étaient très reconnaissants de Saint-Nicolas, un évêque qui venait d’Asie mineure.Ces restes avaient été placés dans les Pouilles en Italie. Pour lui faire honneur, un chevalier lorrain avait rapporté une phalange, c’est à ce moment là que son culte s’est implanté en France  et dans les régions rhénanes. En 1822, un pasteur américain a écrit un poème pour ses petits enfants, où il représentait Saint-Nicolas à travers un petit personnage de la taille d’un lutin, pour qu’il puisse passer par la cheminée. Dans les années 1860, Thomas Nast - caricaturiste et illustrateur germano-américain - peint le Père Noël avec des habits aux couleurs de la suie. Par la suite, la publicité s’empare du personnage. La campagne Coca-Cola, si elle n’a pas inventé la couleur rouge du Père Noël, elle a fixé l’image de Saint-Nicolas dans l’imaginaire du monde entier.”