Bulgarie : des civils filmés en train de ligoter des migrants

Un Bulgare soupçonné d'avoir diffusé des images de migrants ligotés par un groupe de civils a été interpellé mardi. Ces exactions filmées via un téléphone portable et diffusées sur les réseaux sociaux et les télévisions bulgares suscitent une vague d'indignation dans le pays et à l'étranger.
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Trois migrants ligotés par des miliciens bulgares, filmés via un portable. Vidéo publiée sur le net et reprise par la télévision bulgare.
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Trois migrants ligotés et mis à terre par une milice privée, non loin de la frontière turque. Ces images, prises avec un téléphone portable et relayées lundi par les télévisions bulgares, ont suscité de vives protestations de la part de défenseurs des droits de l'Homme et d'une partie de la classe politique bulgare.

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Les trois hommes sont jetés violemment à terre, par des membres d'une milice auto-proclamée opposée à toute immigration, alors qu'ils tentaient de rentrer clandestinement en Bulgarie par la frontière Turque. Dans les extraits publiés sur le net, on peut entendre les miliciens ordonner aux migrants de rentrer "immédiatement" en Turquie.



Un suspect a été interpellé mardi. Le parquet bulgare cherche à identifier d'autres participants à cette action, a précisé le procureur général Sotir Tsatsarov. Une enquête a été ouverte pour "privation illégale de liberté", un délit passible de deux ans de prison.

"Il est absolument inacceptable que des personnes ou des organisations, qu'elles s'appellent +détachements de défense+ ou +unités de coopération+, s'approprient les fonctions d'organes de l'Etat et se livrent à ce que des médias ont qualifié de chasse aux réfugiés", a souligné le procureur.

"Justiciers" autoproclamés

Les initiatives de "justiciers" autoproclamés traquant les migrants dans les régions frontalières se sont multipliées ces derniers mois en Bulgarie, notamment à la frontière turque, longue de 269 km.

"Aujourd'hui, nous devons nous garder non seulement de ceux qui traversent la frontière illégalement, mais aussi de ceux qui veulent en tirer profit. Financièrement ou pour une gloire bon marché et dangereuse", a déclaré la ministre de l'Intérieur, Roumiana Buchvarova, sur les réseaux sociaux.

"Nous ne les maltraitons pas, nous ne faisons que les stopper et appelons la police" Un membre de la milice Organisation de défense des citoyens bulgares
Contacté au téléphone par l'AFP, un membre d'une des ces milices, l'"Organisation de défense des citoyens bulgares", basée à Bourgas, a assuré que les activités de son groupe se poursuivraient. "Nous ne les maltraitons pas, nous ne faisons que les stopper et appelons la police", a assuré cet homme au sujet des migrants clandestins.

Avec les félicitations du Premier ministre

Le Premier ministre Boïko Borissov avait félicité la semaine dernière cette milice pour avoir signalé à la police une vingtaine de migrants près de la frontière bulgaro-turque. Ces activistes s'étaient vu décerner en outre des certificats de mérite par le chef de la police frontalière.

Boïko Borissov a toutefois mis en garde contre tout "dépassement de leurs droits" par des civils. En même temps, il a invité les riverains à faire preuve de vigilance face aux passages clandestins, tout en mettant en garde contre les débordements. «L’Etat est à nous tous, qui veut aider est le bienvenu», a-t-il déclaré.

Selon une récente étude, 60% des Bulgares considèrent les migrants comme "une menace pour la sécurité nationale", alors que le pays craint de devenir un axe majeur de transit depuis le renforcement des contrôles en Grèce