Cachemire : l'escalade entre l'Inde et le Pakistan fait craindre une guerre

Au moins 26 civils ont été tués dans la région indienne du Cachemire. L’attaque a eu lieu à Pahalgam, une ville touristique prisée de la région, ce mardi 22 avril. L’Inde accuse le Pakistan de complicité, tandis que les deux puissances nucléaires s’engagent dans une dangereuse surenchère de mesures de rétorsion.

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Photo d'une manifestation au Pakistan

Un sympathisant du parti Pakistan Murkazi Muslim League tient une affiche barrée du Premier ministre indien Narendra Modi, avec les mots "Modi boucher", lors d’une manifestation à Karachi (Pakistan) contre la suspension du traité de partage des eaux par l’Inde, le jeudi 24 avril 2025. 

AP Photo/Fareed Khan
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Des hommes armés ont ouvert le feu sur des civils, tuant au moins 26 personnes à Pahalgam dans la région du Cachemire. Le groupe Kashmir Resistance, lié au Lashkar-e-Taiba, une organisation terroriste basée au Pakistan, a revendiqué l’attentat via Telegram, dénonçant l’arrivée d’"étrangers" susceptibles de modifier la démographie locale. L’Inde soupçonne également l’implication directe de deux ressortissants pakistanais, membres présumés du Lashkar-e-Taiba, groupe déjà mis en cause dans les attentats djihadistes de Bombay, qui avaient fait 166 morts en 2008.

(Re)voir Inde : Une riposte prévue à la suite de l'attaque terroriste au Cachemire

Cette attaque visait non seulement des civils, mais aussi une zone touristique jusque-là relativement épargnée. Environ 3,5 millions de touristes ont visité le Cachemire en 2024, dont une majorité de touristes indiens. Le Premier ministre indien, Narendra Modi a condamné un "acte odieux", promettant une réponse ferme : “Leur dessein maléfique n'aboutira jamais. Notre détermination à lutter contre le terrorisme est inébranlable et elle ne fera que se renforcer.” Le chef du gouvernement local, Omar Abdullah, a également réagi : “ Cette attaque contre des personnes qui nous rendent visite est une abomination.”

Ripostes en chaîne : vers la rupture ?

Depuis l’attaque, la tension est montée d’un cran. L’Inde a fermé sa frontière, suspendu son espace aérien, expulsé les ressortissants pakistanais et surtout gelé le traité sur les eaux de l’Indus, crucial pour l’agriculture pakistanaise. Ce fleuve est vital : 90 % des terres pakistanaises dépendent de l'irrigation. Un geste perçu comme un acte de guerre par le Pakistan.  

En retour, le Pakistan a adopté des mesures symétriques. Le ministre de la Défense Khawaja Asif a déclaré, “ L'Inde mène une guerre de basse intensité contre nous et, s'ils veulent faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale. “

Des tensions persistantes depuis 1947

La région du Cachemire est disputée depuis la partition des Indes britanniques en 1947. Elle a été divisée entre les nouveaux États de l'Inde et du Pakistan. C’est principalement la partie indienne qui est considérée comme une zone sensible, où des séparatistes musulmans luttent pour un rattachement au Pakistan.  

Carte Pahalgam

Le Cachemire historique (en orange) a été divisé entre le Pakistan et l'Inde lors de la partition de 1947. 

Des rebelles issus de cette région majoritairement musulmane mènent une insurrection depuis 1989. Ils réclament soit l’indépendance, soit la fusion avec le Pakistan, qui contrôle une partie plus réduite du Cachemire. L’Inde accuse régulièrement le Pakistan de soutenir les combattants, ce que ce dernier nie, affirmant seulement son soutien à l’autodétermination du peuple cachemiri.  

Des guerres ont déjà éclaté autour de cette région en 1947-1949, 1962, 1965, 1971 et 1999. Malgré quelques années de calme relatif, depuis l’attaque terroriste de Pahalgam on craint un embrasement de la région.  

(Re)lire Cachemire indien: 17 soldats tués dans une attaque contre une base militaire 

L’ONU appelle à la retenue

Le porte-parole des Nations Unies Stéphane Dujarric a exhorté les deux pays à faire preuve de "retenue maximale" pour éviter toute escalade. Mais l’option militaire n’est plus exclue par l’Inde. Un scénario redouté par de nombreux analystes, compte tenu des conséquences potentiellement catastrophiques d’un affrontement entre deux puissances nucléaires.