Une décision douloureuse
En août 2012, déjà, le parquet avait recommandé la libération de Thirith. Une perspective forcément douloureuse pour les familles des victimes. "La justice est dure à avaler aujourd'hui", regrettait Bou Meng, 71 ans, un des rares à être sorti vivant de la prison de Tuol Sleng, à Phnom Penh. "Ce serait très douloureux si elle simulait sa folie".
Les observateurs, eux, saluent une décision empreinte de bon sens. "Quelles que soient les accusations contre quelqu'un, il ne doit être jugé que s'il a les capacités mentales nécessaires pour se défendre", s'est félicité Clair Duffy, observatrice du tribunal pour l'Open Society Justice Initiative.
L'accusée plaide "non coupable"
En 2009, quoique déjà affaiblie, elle avait trouvé suffisamment d'énergie pour une déclaration publique de 15 minutes au tribunal, au cours de laquelle elle avait alterné l'anglais et le khmer. "Je ne sais pas pourquoi une bonne personne est accusée de tels crimes et j'ai suffisamment souffert, je ne peux pas vraiment être patiente car je suis accusée à tort", avait-elle déclaré, affirmant que "tout était fait par Nuon Chea", numéro deux et idéologue des Khmers rouges, aujourd'hui encore dans le box des accusés.
Elle "nie farouchement avoir été au fait des purges perpétrées entre 1975 et 1979. Elle a prononcé plus d'un discours qui laissent entendre le contraire", a relevé pour sa part Solomon Kane dans son "
Dictionnaire des Khmers rouges" récemment réédité en 2011.
Une libération différée
Vendredi 14 septembre, la libération de l'ex-"première dame" des Khmers rouges a été retardée suite à un appel du parquet réclamant de plus amples garanties. Il estime que ses réquisitions n'ont pas été entièrement satisfaites, exige qu'elle se présente toutes les semaines aux autorités et rende son passeport - une démarche que les juges estiment impossible pour une accusée qui souffre de problèmes de mémoire.
Une chambre d'appel de la cour a 48 heures pour décider d'entendre ou non cette requête du parquet, auquel cas elle aura 15 jours supplémentaires pour trancher. En attendant, Ieng Thirith demeurera dans la prison attenante au tribunal où elle était jusqu'à présent retenue.