Fil d'Ariane
Le chef conservateur, Erin O’Toole, n’est pas favorable à la vaccination obligatoire, même s’il insiste sur la nécessité de se faire vacciner. Il dit ne pas vouloir diviser davantage les Canadiens alors que la crise sanitaire se poursuit : « On doit travailler ensemble, utiliser tous les outils : vaccins, tests de dépistage rapides, masque et distanciation » a-t-il déclaré.
Depuis qu’il a déclenché ces élections le 15 août dernier, Justin Trudeau ne cesse de se faire critiquer sur cette décision, les autres chefs disent que c’est irresponsable de sa part d’avoir mis le pays en campagne électorale alors que la quatrième vague commence à déferler sur le Canada. Le premier ministre sortant a rebondi sur cette question en prenant l’électeur canadien à témoin : ces élections sont, selon lui, un choix à faire sur comment en finir avec cette pandémie : « Il y a des différences assez profondes sur nos positions, sur comment en finir avec cette pandémie » a-t-il dit lors du débat.
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C’est Charles, un jeune Québécois de onze ans, qui a demandé aux chefs comment ils comptaient réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques. L’environnement est l’enjeu principal de cette campagne électorale pour une majorité de Canadiens et cela a donné lieu à une foire d’empoigne des chefs lors du débat, chacun y allant de ses chiffres d’objectifs de réduction des GES. Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a attaqué Justin Trudeau sur ce plan, le traitant de « grand parleur, petit faiseur » : « En six ans, vous avez le pire bilan du G7 ». Justin Trudeau et Erin O’Toole ont tous deux fait valoir qu’il était possible de financer une transition écologique tout en continuant à soutenir l’industrie pétrolière canadienne. Impossible, a répliqué la cheffe du Parti Vert du Canada, Anammie Paule : on ne peut pas réduire les émissions de GES en continuant à investir dans des oléoducs. Depuis vingt-quatre ans, aucune cible de réduction de gaz à effet de serre fixée par le Canada n’a été atteinte. Justin Trudeau a fait valoir que son parti était le seul à avoir un plan réaliste pour lutter contre les changements climatiques.
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Un autochtone de la région montréalaise, issue de la communauté Mohawk, a posé une question aux cinq chefs : seraient-ils favorables à reconnaître les langues des Premières Nations et des Inuits parmi les langues officielles du Canada ? Oui, ont répondu quatre des chefs : Justin Trudeau, le chef néo-démocrate, le chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet et la cheffe du Parti Vert Annamie Paul. Mais pas d’engagement de la part d’Erin O’Toole : il s’est dit en faveur à ce que les communautés autochtones reçoivent des services dans leurs langues, sans toutefois s’engager à en faire des langues officielles.
Les cinq chefs ont convenu qu’il était inadmissible qu’il y ait encore au Canada des communautés autochtones qui ne disposent toujours pas d’eau potable.
Justin Trudeau sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur car la course est serrée, c’est pourquoi il s’est montré très combattif lors de ce débat et qu’il s’est employé à démontrer les contradictions entre le discours du chef conservateur et la base de son parti. Erin O’Toole reconnait les changements climatiques et l’importance de lutter contre, mais plusieurs candidats conservateurs continuent à nier cette réalité. Le chef conservateur se dit « pro-choix » sur la question du droit à l’avortement mais des candidats sont ouvertement « pro-vie ». Erin O’Toole n’a pas non plus imposé aux candidats de son parti de se faire vacciner contre la COVID-19 alors que les candidats libéraux et néo-démocrates le sont tous.
Enfin il y a tout ce flou artistique entourant le dossier des armes d’assaut qui a mis du plomb dans l’aile de la campagne du chef conservateur au cours des derniers jours : dans leur plateforme électorale, les Conservateurs s’engagent à lever l’interdiction des armes d’assaut décrétée par le gouvernement de Justin Trudeau. Mais Erin O’Toole est revenu sur cet engagement en affirmant qu’il ne lèverait pas cette interdiction mais qu’un processus de révision pour définir ce qu’est une arme d’assaut serait mis en place s’il devenait premier ministre. Bref, une position ambigüe qui n’aide pas le chef conservateur et sur laquelle tapent allègrement ses adversaires.
Justin Trudeau a tenté d’expliquer aux Canadiens qu’il y a un décalage entre les positions du chef conservateur et celles de la base de son parti et que dans les circonstances, il est difficile de faire confiance à Erin O’Toole.
De son côté, le chef conservateur ne rate pas une occasion de critiquer le bilan gouvernemental de Justin Trudeau. Après six ans de pouvoir, le chef libéral subit en effet une certaine usure du pouvoir, surtout avec la gestion de cette crise sanitaire sans précédent. Et le recentrage qu’Erin O’Toole a fait faire à son parti semble séduire une partie de l’électorat canadien.
Bref, si, le 15 août dernier, quand Justin Trudeau a déclenché ces élections, on se demandait s’il allait remporter son pari de gagner ces élections avec une majorité au Parlement canadien, près d’un mois plus tard, la question qui se pose maintenant est plutôt : qui, de Justin Trudeau ou d’Erin O’Toole va devenir le prochain premier ministre du Canada ? Avec une seule certitude : quel que soit le vainqueur, il sera à la tête d’un gouvernement minoritaire.
Voir aussi :
Canada : élections fédérales et premier grand débat des chefs