Canada : accord de libre-échange (finalement) signé avec l'Europe
L'Union européenne et le Canada ont fini par conclure ce vendredi 18 octobre un accord de libre-échange en négociation depuis 4 ans. Grâce à cet accord, les échanges commerciaux entre les deux zones devraient augmenter de plus de 20%. Une perspective d'ouverture de marché qui inquiète notamment la filière bovine européenne et la production laitière canadienne.
C'est signé. Le Canada et l'Union européenne ont finalement conclu ce vendredi 18 octobre un accord de libre-échange dont les négociations ont duré quatre longues années. L'accord scellé à Bruxelles entre José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et Stephen Harper, le Premier ministre canadien, devrait accroître leurs échanges commerciaux de plus de 20%. Il ouvre "une nouvelle page dans les relations entre l'UE et le Canada", a déclaré José Manuel Barroso. Le Premier ministre canadien a qualifié cette signature de "grand moment" et d'un "accord historique" qui permet, en effet, au Canada d'accéder à un marché de 500 millions de consommateurs. Même si des aspects techniques et juridiques restent à finaliser, selon la Commission européenne, le texte, une fois entré en vigueur, devrait doper les échanges commerciaux entre les deux zones de 26 milliards d'euros. En 2011, le commerce entre les eux zones s'est élevé à quelque 86 milliards d'euros faisant de l'Europe le deuxième partenaire commercial du Canada mais loin derrière les États-Unis. Cet accord porte sur l'accès aux biens et aux services,la transparence et la protection des investissements, la coopération dans la règlementation et aussi l'ouverture des marchés publics. Des sujets ont donné du fil à retordre aux négociateurs : les médicaments génériques, les services financiers et les appels d'offres des gouvernements provinciaux.
Contentieux Mais c'est surtout le domaine agricole qui a cumulé les contentieux lors des négociations. Sur la question des produits laitiers, le Canada a accepté de doubler le quota de fromage européen admis sans droits tarifaires en échange d'un plus grand accès au marché européen pour les producteurs de bœufs canadiens. L'accord sur les produits laitiers a soulevé l'inquiétude des producteurs canadiens qui craignent une invasion de fromages subventionnés par l'UE qui viendraient remplacer leurs produits locaux (voir le reportage de Radio Canada ci-dessous). Le ministère canadien du Commerce a réaffirmé l'engagement du gouvernement fédéral à protéger les secteurs agricoles. Producteurs de bovins Cette ouverture de marché inquiète aussi les producteurs européens de bovins. "En pleine crise de l'élevage en Europe - et en Bretagne- l'accord va accentuer la mondialisation agro-alimentaire, a déclaré l'eurodéputé vert Yannick Jadot. L'Europe importera davantage de viande de porc et de bœuf". Selon la Fédération nationale bovine (FNB), les importations de viandes canadiennes au sein de l'Union s'élèveraient après l'accord à 50 000 tonnes, contre actuellement 1 000 tonnes par an environ. "Les consommateurs européens n'auront pas avec les viandes bovines canadiennes la même garantie de traçabilité et de sécurité alimentaire", insiste la FNB dans un communiqué, dénonçant des "normes bien moins contraignantes en matière de respect de l'environnement et du bien-être animal". Cet accord est d'autant plus préoccupant que l'Europe a entamé au printemps des négociations en vue d'un accord similaire avec les États-Unis.
Inquiétude des fromagers canadiens
18.10.2013Un reportage de nos partenaires Radio Canada de Mathieu Djan