Fil d'Ariane
L'ancien ministre canadien des Finances Bill Morneau au fonds Monétaire International, à Washington, le 8 octobre 2016.
Elle avait mené les négociations sur le nouvel Aléna avec les Etats-Unis. Mme Freeland, ancienne ministre des Affaires étrangères de Justin Trudeau est devenue la première femme à occuper le poste de ministre des Finances au Canada.
Justin Trudeau a nommé son fidèle bras droit Chrystia Freeland au ministère des Finances, au lendemain de la démission de Bill Morneau.
A 52 ans, Mme Freeland, qui reste vice-Première ministre, devient la première femme de l'histoire du Canada à occuper le poste de ministre des Finances, au moment où le pays traverse sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale en raison de la pandémie de coronavirus.
"Il était temps" qu'une femme obtienne ce poste, s'est-elle félicitée devant la presse.
(Re)voir : notre correspondante Catherine François en direct de Montréal
Ancienne journaliste, ancienne ministre des Affaires étrangères qui avait piloté la renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain avec les Etats-Unis et le Mexique, Chrystia Freeland avait été promue vice-Première ministre après la réélection des Libéraux de Justin Trudeau en octobre dernier. Elle est considérée comme sa plus proche ministre, et comme une candidate potentielle à sa succession à la tête du parti libéral.
"Alors que nous entamons une nouvelle phase de la lutte contre la pandémie (...), il est temps qu'un nouveau ministre des Finances puisse mener ce projet à bien sur un long chemin semé d'embûches", avait expliqué M. Morneau lors d'une conférence de presse surprise, alors que le pays traverse sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale.
"C'est pourquoi je démissionne de mes fonctions de ministre des Finances et de député", a-t-il ajouté à l'issue d'une rencontre avec M. Trudeau. Il a assuré avoir pris cette décision de sa propre initiative, sans y être contraint par le chef du gouvernement.
M. Morneau, qui occupait ce poste depuis 2015, a indiqué qu'il comptait briguer le poste de secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
M. Trudeau a immédiatement indiqué qu'il soutiendrait cette candidature, rendant hommage à M. Morneau.
"Le Canada appuiera fortement sa candidature en vue de diriger cette importante institution mondiale qui jouera un rôle essentiel dans la reprise économique mondiale", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"Grâce à son leadership, le Canada a développé une économie forte avec l'un des meilleurs bilans du G7, créé plus d'un million d'emplois et atteint le taux de chômage le plus bas de son histoire", a ajouté M. Trudeau.
Depuis une semaine, plusieurs médias canadiens rapportent de profondes divergences entre M. Morneau et le Premier ministre sur la façon de relancer l'économie canadienne, affaiblie par la pandémie de coronavirus, sans mettre en péril les finances publiques alors que le déficit attendu atteint plus de 340 milliards de dollars (216 milliards d'euros).
Le ministre des Finances est par ailleurs visé par une enquête du Commissaire canadien à l'éthique sur ses liens avec l'association caritative We Charity (Unis en français) qui employait sa fille, et à laquelle le gouvernement avait attribué un important contrat sans appel d'offres.
Cette enquête vise également le Premier ministre Justin Trudeau, dont la mère, le frère et l'épouse ont été rémunérés par cette association à hauteur d'environ 300.000 dollars pour leur participation à divers événements.
Tout comme M. Trudeau, M. Morneau a présenté ses excuses pour avoir participé aux discussions sur l'attribution du contrat gouvernemental à l'association. Le contrat lui a depuis été retiré, sans mettre fin à la polémique qui a fait reculer le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau dans les sondages.
M. Morneau avait révélé le mois dernier qu'il avait remboursé plus de 41.000 dollars de frais de voyage pris en charge par l'association We Charity (Unis), peu avant d'être entendu sur la question par une commission de la Chambre des communes.
Plusieurs partis d'opposition réclament depuis sa démission. Le chef sortant du parti conservateur, Andrew Scheer, y voit "une nouvelle preuve du chaos au sein du gouvernement".
"Alors que les Canadiens s'inquiètent pour leur santé et leurs finances, le gouvernement de Justin Trudeau est tellement rongé par les scandales que M. Trudeau s'est amputé de la main droite pour essayer de sauver sa peau", a-t-il réagi sur Twitter.
La semaine dernière, Justin Trudeau réitérait encore son entière confiance à M. Morneau, alors même qu'il venait de recruter Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, à titre de conseiller spécial sur la gestion de la crise du covid-19.
Depuis plusieurs jours, les médias canadiens, qui tablaient plutôt sur une éviction de M. Morneau par le biais d'un remaniement, avancent les noms de successeurs potentiels à son poste, l'un des plus importants du gouvernement.
Les noms de la vice-Première ministre Chrystia Freeland et du ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne, ou celui de M. Carney, sont régulièrement cités.