Fil d'Ariane
Plusieurs municipalités canadiennes ont vivement dénoncé cette décision de Postes Canada, faisant valoir toutes sortes d’arguments pour plaider en faveur du maintien de la livraison à domicile. Où vont s’installer ces boîtes communautaires, dans quel espace sur les rues ? Quid des personnes âgées qui ont souvent des difficultés à se déplacer et qui ne fonctionnent pas vraiment avec Internet ? Surtout l’hiver, avec des trottoirs enneigés ou glacés… Qui va assurer l’entretien de ces boîtes ? Comment gérer la circulation automobile et piétonne autour ? Qui va les surveiller ? En assurer la sécurité ?
Ainsi plusieurs villes canadiennes se sont-elles engagées dans des poursuites judiciaires contre Postes Canada. C’est le cas de la municipalité d’Hamilton, en Ontario, la plus grande province du Canada. Ce 25 mai débutaient les audiences du tribunal.
Au Québec, les villes de Montréal, Laval et Longueuil – qui, à elles seules, comptent près de la moitié des habitants du Québec - s’adressent elles aussi aux tribunaux pour contester la décision de Postes Canada. Elles ont demandé un moratoire sur l’installation en cours des boîtes communautaires. Ces municipalités estiment qu’elles ont un droit de regard sur l’installation de ces boîtes postales sur leurs territoires alors que Postes Canada, affirme que la législation canadienne lui donne le droit de les mettre où bon lui semble.
Denis Coderre, maire de Montréal
"Est-ce-que les municipalités, qui sont le palier de gouvernement le plus proche des gens, ont le droit d’établir des normes que Postes Canada et que les fournisseurs des services publics doivent respecter ?" demande Terry Whitehead, conseiller municipal de Hamilton. "La livraison du courrier à domicile, c’est un service essentiel, particulièrement en milieu urbain. En termes de tourisme, on n’a pas besoin d’avoir un mur de Chine de boîtes postales," a renchéri le maire de Montréal, Denis Coderre.
Le syndicat des travailleurs des postes s’est de son côté tourné vers la Cour fédérale, arguant que la fin de la livraison du courrier à domicile est contraire à la Constitution canadienne, notamment la Charte canadienne des droits et libertés. D’autres organismes, notamment de défense des droits des personnes âgées et des handicapés, se sont joints à ces différentes poursuites judiciaires.
Aux tribunaux de trancher maintenant. Mais ces démarches judiciaires ne devraient pas empêcher Postes Canada d’aller de l’avant dans sa décision. Elles ralentiront le processus, sans l’arrêter. L’uniforme du postier canadien va bel et bien rentré un jour prochain dans un musée…