Immigrer n’est pas un processus facile : c’est justement pour aider les nouveaux arrivants à mieux s’intégrer au Québec que Grégory Charles, artiste québécois bien connu, a créé une plateforme mise à la disposition d’immigrants qui suivent des cours d'apprentissage du français.
"Je suis Québécois", c’est le nom de ce programme, est une série de vidéos qui permettent d’en apprendre davantage sur le Québec et d’apprendre le français en parallèle. 1867, 1967, 1975 : autant d’années importantes dans l’Histoire du Québec. Chacune est expliquée dans une vidéo d’une dizaine de minutes. Grégory Charles y présente les faits historiques et culturels de ces années-là, tout en interprétant également des chansons québécoises classiques pour aider l’immigrant à apprendre le français.
«Ça s’apprend bien, une langue, avec des chansons, explique-t-il, et la question de la langue française était très importante aussi dans ces vidéos. Les immigrants à qui on a montré les 35 premières capsules du programme ont beaucoup aimé le volet chansons».
Dans ces vidéos, ils apprennent aussi quelles sont les institutions qui façonnent la province et plusieurs capsules prennent soin aussi de leur présenter des villes et des régions de cet immense territoire, grand comme trois fois la France.
Comme un rendez-vous amoureux
« Le but de ce programme, il est simple : c'est de dire qu’ici c'est un endroit fantastique, alors laissez-moi avilir la difficulté, le challenge de la langue, et laissez-moi vous raconter qui on est, qui on a été, pour que vous choisissiez de nous aider à devenir qui on sera », précise Grégory Charles.
L’artiste aux multiples talents (chanteur, musicien, animateur, producteur…) voit ce projet comme une sorte de rendez-vous galant. Il veut montrer aux immigrants à quel point le Québec est un petit "paradis sur terre" pour que ces derniers tombent amoureux de leur terre d’accueil.
L’idée est de leur présenter, via ces vidéos, qui sont les Québécois et comment le Québec est devenu ce qu’il est aujourd’hui pour qu’ils comprennent davantage la société dans laquelle ils sont venus s’installer.
Inspiré par son père migrant
Gregory Charles est le fils d’une Québécoise francophone blanche et d’un Noir immigrant de Trinidad. C’est l’histoire de son père, qui a oeuvré pendant des années auprès des immigrants pour les aider à s'intégrer au Québec, qui l’a inspiré pour monter ce projet.
« Ce que je suis en train de dire aux immigrants c'est : "mon père était quelqu'un comme vous, qui est arrivé et s’est installé ici. Et moi je suis la première génération des gens qui sont nés ici, et je fais partie du décor". Le Québec a été chanceux d'avoir un homme de la qualité de mon père qui a choisi de vivre ici, et je pense ça pour tous ceux qui font aussi ce choix de s’installer sur cette terre. Je me dis : il y a habilités, capacités, intelligences, volonté, et rêves chez les gens qui arrivent ici, nous pouvons en bénéficier et nous pouvons leur permettre de se déployer si on leur explique qui ont est, et qu'on les aide à comprendre, à tomber amoureux de cette petite oasis. C’est donnant-donnant ! »
Des vidéos appréciées
Pour créer les 35 premières capsules du programme, Gregory Charles est allé chercher l’expertise d’une enseignante en apprentissage du français, Tania Longpré. Elle a testé les vidéos avec ses étudiants et estime qu’elles leur seront très utiles.
« Comment la société s'est façonnée, comment le Québec est arrivé là où il est, les gens ne sont souvent pas au courant de tout ça. Avec ce projet-là, on espère leur donner envie de découvrir la culture québécoise, de contribuer à cette culture-là. Se franciser ce n'est pas tout, il faut aussi apprendre une culture, un nouveau pays, une nouvelle géographie, un nouveau mode de vie, alors ces capsules-là vont être un plus pour les cours de francisation », explique-t-elle.
es 35 capsules du programme d’essai sont offertes aux étudiants de 10 organismes. Mais à long terme, Gregory Charles aimerait qu’il soit accessible à tous les étudiants du Québec et que le projet soit enrichi d’autres capsules, afin d’en présenter un total de 250, soir une par jour pendant une année d’enseignement.
L’artiste reconnaît qu’il ne sait pas encore vraiment comment assurer le financement des vidéos à produire, les 35 premières ont été faites grâce à l’appui d’une grande banque canadienne. Il dit être aussi en contact avec le gouvernement du Québec, qui se montre très intéressé par le projet, mais qui n’a pas, pour l’instant, décidé de s’y impliquer.