Canada : l'Église catholique présente ses excuses officielles aux peuples autochtones

L'Église catholique du Canada a présenté des excuses officielles aux peuples autochtones après la découverte ces derniers mois de plus d'un millier de tombes près d'anciens pensionnats. Les militants attendent toujours du pape François un mea culpa considéré comme crucial pour le processus de réconciliation.
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pensionnats indiens
  De jeunes écolières étudient au pensionnat indien catholique de Fort Resolution au nord du Canada en ce début du XXème siècle. Plus de 150 000 enfants des Premières Nations sont passés par ces pensionnats. Plus de 4000 d'entre eux y sont morts, victimes d'abus ou de mauvais traitements.
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"Nous, les évêques catholiques du Canada profitons de l’occasion pour affirmer aux peuples autochtones de ce pays que nous reconnaissons la souffrance vécue dans les pensionnats indiens du Canada. Nous évêques catholiques du Canada, nous exprimons notre profond remords et nous présentons des excuses sans équivoque".

Nous reconnaissons la souffrance vécue dans les pensionnats indiens du CanadaLes évêques de l'Église catholique du Canada

C'est par ces mots simples transmis par communiqué que la Conférence des évêques de l'Église catholique du Canada a présenté des excuses officielles aux peuples autochtones.

"De nombreuses communautés religieuses et des diocèses catholiques ont servi dans ce système qui a conduit à la suppression des langues, de la culture et de la spiritualité autochtones, sans respecter la richesse de l'histoire, des traditions et de la sagesse des peuples autochtones", ont ajouté les évêques canadiens.

Lire : "Si l'Eglise catholique veut retrouver une certaine crédibilité, il faut faire la lumière sur ces faits."

Au total, plus d'un millier de tombes anonymes d'enfants près d'anciens pensionnats catholiques pour autochtones ont été retrouvées cet été, remettant en lumière une page sombre de l'histoire canadienne et sa politique d'assimilation forcée des Premières Nations.

De nombreuses communautés religieuses et des diocèses catholiques ont servi dans un  système qui a conduit à la suppression des langues, de la culture et de la spiritualité autochtonesLes évêques de l'Église catholique du Canada

Cette déclaration des évêques admet aussi le "traumatisme historique et continu, de même que l'héritage de souffrances et de défis qui perdure encore aujourd'hui pour les peuples autochtones".

150 000 enfants amérindiens, métis et inuits enrôlés de force dans 139 pensionnats

Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats semblables à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.

Nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4.000 y ont trouvé la mort, selon une commission d'enquête qui avait conclu à un véritable "génocide culturel".

4000 enfants morts

Au cours des derniers mois, les découvertes macabres ont suscité effroi et colère dans le pays. Symboliquement, le drapeau canadien de la tour de la Paix à Ottawa reste en berne pour rendre hommage aux enfants autochtones, depuis la fin mai et la découverte des restes de 215 enfants à Kamloops, en Colombie-Britannique (ouest).
Kamloops
Des membres des Premières Nations se réunissent à Kamloops, en Colombie-Britannique où les restes de 215 enfants ont été retrouvés dans le pensionnat indien début mai.
AFPTV
La fête nationale, le 1er juillet, a été marquée par des rassemblements d'un bout à l'autre du Canada, qui ont mené des milliers de personnes dans les rues, la plupart vêtues d'un tee-shirt orange, couleur associée à l'hommage aux anciens pensionnaires autochtones.

Au même moment, plusieurs églises catholiques ont été incendiées ou vandalisées.
Dans un geste d'apaisement, Ottawa a nommé une femme inuite gouverneure générale du Canada, la première autochtone à occuper le poste de représentante de la reine Elizabeth II.

Le pape doit recevoir une délégation autochtone au Vatican

Mais de nombreux groupes autochtones attendent un autre geste hautement symbolique, cette fois de la part du pape. Ils ont à de multiples reprises appelé à des excuses du souverain pontife, et à ce qu'il vienne les présenter au Canada. Une délégation autochtone doit être reçue par le pape François en décembre.
pape François
Le pape François doit rencontrer en décembre une délégation autochtone.
AP
"Nous voulons des excuses", avait souligné début juin Rosanne Casimir, cheffe de la Première Nation Tk'emlups te Secwépemc, après avoir annoncé la découverte des 215 restes d'enfants à Kamloops.

"Ce sera plus fort venant du chef de l'Eglise catholique et de notre point de vue, je pense qu'il doit cela au peuple autochtone", avait jugé David Chartrand, vice-président et porte-parole du Ralliement National des Métis, début juillet.

Selon ce leader autochtone, des excuses sont essentielles pour entamer un processus de guérison et de réconciliation, mais elles ne seront vraiment efficaces que si le pape François vient les présenter sur le sol canadien et en particulier dans l'ouest du pays où les pensionnats autochtones étaient les plus nombreux.

Trudeau déplore le refus du pape de reconnaître la responsabilité de l'Église catholique

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a dit faire de la réconciliation avec les peuples autochtones l'une de ses priorités, avait lui-même déploré le refus du pape et de l'Eglise catholique de reconnaître leur "responsabilité" et leur "part de culpabilité" dans la gestion des pensionnats autochtones.

Les excuses des évêques surviennent à moins d'une semaine de la première journée nationale de la vérité et de la réconciliation, en hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, prévue le 30 septembre.