Le 19 octobre 2015, les Canadiens élisaient le libéral Justin Trudeau au poste de premier ministre du Canada, mettant ainsi fin à presque une décennie de pouvoir conservateur. Un an plus tard, quel bilan tracer de cette première année de pouvoir de Justin Trudeau et de son équipe ? La lune de miel avec les Canadiens se poursuit-elle ?
Justin Trudeau s’est fait élire sur la base d’une plateforme électorale qui comprenait de nombreuses promesses. Un an plus tard, plus de la moitié de ces promesses ont été tenues.
Reconnaissance des autochtones
Tout d'abord, le nouveau gouvernement libéral a mis en place une commission nationale d'enquête sur les meurtres et les disparitions inexpliquées de milliers de femmes autochtones au Canada au cours des 30 dernières années. Cette commission a commencé ses travaux depuis septembre. Le gouvernement Trudeau a aussi promis d’offrir plus de 8 milliards de dollars aux autochtones au cours des 5 prochaines années pour améliorer leurs logements, leurs infrastructures et leurs besoins en éducation. Le dossier autochtone fait partie des priorités de Justin Trudeau : en un an, il a participé à 13 événements avec les communautés autochtones du Canada.
Améliorer le sort de la classe moyenne fait aussi partie des priorités de ce nouveau gouvernement : il a donc réduit les impôts pour la classe moyenne et mis en place un nouveau système d’allocations familiales proportionnel aux revenus des familles afin d’être plus équitable.
Sur le plan économique, Justin Trudeau a donné le feu vert au plan d’investissements massifs dans les infrastructures du pays, distribuant des centaines de millions de dollars aux municipalités canadiennes pour refaire routes, ponts, améliorer les transports publics et autres. Ce ne sont pas en un an par contre que l’on peut juger si cette politique portera fruit pour relancer l’économie canadienne.
"Canada is back"
Mais c’est surtout sur la scène internationale que le nouveau premier ministre a brillé au cours de la dernière année. Il a passé 50 jours au total en voyage à l’étranger et s’est employé à redorer le blason canadien dans les capitales où il est passé, donnant ainsi suite à la petite phrase qu’il avait déclamée dans les jours suivant son élection : "Canada is back", le Canada est de retour...
Le côté glamour de la famille Trudeau a fait dire à certains qu’ils étaient les Kennedy du Canada et Justin joue sans aucune hésitation avec cette image de jeune dirigeant ouvert et dynamique en multipliant les « selfies » avec Mr et Mme tout le monde partout où il passe.
Tout un contraste avec l’image austère que véhiculait l’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper. Mais au-delà de l’image et des « selfies » que d’aucun pourront qualifier de superficiel, on peut dire que Justin Trudeau et son équipe ont livré la marchandise. « Le premier ministre se sert généralement de sa popularité pour mieux mettre de l’avant ses priorités » conclut l’équipe éditoriale de La Presse.
Et le plus bel exemple du retour du Canada sur la scène internationale, c’est l’accueil de 31 000 réfugiés syriens au cours de la dernière année, une initiative saluée par l'ONU et par Barack Obama. Le Canada, terre d’accueil, pays du multiculturalisme, de l’ouverture aux autres et à la différence, apôtre du multilatéralisme et de la diplomatie. On est loin de l’isolationnisme provoqué par les politiques conservatrices de Stephen Harper.
Un sondage mené récemment auprès de mille Québécois rapporte que pour 41% des répondants, la plus belle réussite de Justin Trudeau a été de redorer l'image du Canada à l'étranger.
Environnement: peut mieux faire !
C’est peut-être en matière d’environnement qu’on peut donner un « peut mieux faire » au gouvernement Trudeau. Il semble s’être résigné à maintenir les cibles de réductions de gaz à effet de serre fixées par le gouvernement précédent alors qu’il avait promis d’en faire bien plus en la matière.
Il vient par contre d’imposer une taxe carbone aux provinces canadiennes qui n'avaient pas mis en place de bourse au carbone, ce qui a fait grincer quelques dents dans les dites provinces. Et la décision d'autoriser la construction d'un oléoduc de gaz naturel dans l'ouest canadien a été dénoncée par plusieurs groupes environnementaux, sans oublier que le gouvernement Trudeau continue de soutenir l’exploitation du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta, une industrie extrêmement polluante qui subit par contre de plein fouet la baisse des prix du pétrole.
Légaliser le cannabis: à venir
C’est une promesse qui a fait couler beaucoup d’encre, ici comme ailleurs, mais il va falloir attendre au printemps prochain pour qu’elle devienne réalité : la légalisation de la marijuana. En ce domaine, les libéraux de Justin Trudeau ont fait preuve de beaucoup de prudence et préféré prendre leur temps afin de mener de nombreuses consultations auprès de spécialistes. Une loi qui sera surveillée de près par de nombreux autres pays car le Canada sera alors le premier pays du G7 à légaliser le cannabis.
Le bilan en chiffres
A ceux qui se demandent si la lune de miel entre les Canadiens et Justin Trudeau se poursuit, la réponse est oui, indubitablement, ce qui est quand même assez exceptionnel, car en général, le phénomène ne dure que quelques mois...
Un sondage rendu public ces derniers jours au Québec révèle que le taux de satisfaction des Québécois à l’endroit du gouvernement de Justin Trudeau est de 68%. 56% des Québécois interrogés estiment qu’il est le meilleur chef politique du Canada. Et 61% d’entre eux voteraient de nouveau pour lui si des élections se tenaient demain matin. Sur l’ensemble du Canada, on parle d’un taux de satisfaction de l’ordre de 65%... De quoi faire pâlir d’envie bien des dirigeants ailleurs dans le monde…
L’équipe d’éditorialistes du quotidien montréalais La Presse a donné une note de 77%, « bilan de première étape » à Justin Trudeau et son équipe. Plusieurs autres grands quotidiens canadiens ont aussi dressé un bilan plutôt positif de cette première année au pouvoir de ce gouvernement paritaire dirigé par un premier ministre qui se dit sans hésiter féministe et ouvert à la différence – il a participé cet été avec enthousiasme à trois défilés de la fierté gaie dans les métropoles canadiennes, une première !
Justin Trudeau a aussi l’avantage indéniable en ce moment que les deux autres grands partis d’opposition du Canada sont en pleine course à la direction, ce qui réduit les critiques envers le nouveau gouvernement et lui laisse toute la patinoire. Des moments bénis, somme toute, en politique, dont il faut profiter car ils ne sont pas éternels…