Fil d'Ariane
Après plusieurs rencontres à des sommets consacrés aux enjeux internationaux, le premier ministre Justin Trudeau et le président des États-Unis, Joe Biden, vont s’attaquer aux questions bilatérales au cours de la première visite du locataire de la Maison-Blanche en territoire canadien, cette semaine.
"On doit travailler sur les changements qui se passent dans notre économie à la suite de ce que nous avons appris avec la pandémie de COVID et avec les bouleversements qu'on a eus dans l'économie mondiale avec l'invasion de la Russie en Ukraine", a déclaré l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, dans une entrevue à l'émission Les coulisses du pouvoir.
La venue de Joe Biden à Ottawa jeudi prochain survient plus de deux ans après son arrivée à la Maison-Blanche, alors que la tradition veut que la première visite du président américain se produise peu de temps après son entrée en fonction. La pandémie aura eu raison de cette coutumePendant leurs tête-à-tête, Joe Biden et Justin Trudeau discuteront de commerce, de sécurité, d'environnement et de migration irrégulière.
Le Canada négocie depuis des mois avec Washington le renouvellement de l’Entente sur les tiers pays sûrs pour permettre aux autorités canadiennes de refouler les demandeurs d’asile qui se présentent au Canada par des points d’entrée irréguliers à la frontière terrestre. Toutefois, les discussions s’étirent.
En février, l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, avait soutenu que la renégociation de cette entente n'était pas une priorité pour Washington.
"La conversation que nous allons avoir et que nous avons déjà mais qui va continuer, bien sûr, entre nos chefs d'État, c'est : qu'est-ce qui se passe dans l'hémisphère? Comment pouvons-nous donner du soutien à ces personnes qui sont en crise?" a précisé la représentante du Canada à Washington.
Les États-Unis ont accueilli deux millions de migrants en 2022 à leur frontière avec le Mexique, alors qu’environ 110 000 interceptions ont été réalisées par les douaniers américains près de la frontière canadienne. Cette question est donc loin d’être aussi pressante pour Washington, même si, selon Mme Hillman, les autorités américaines se montrent à l’écoute des doléances du Canada.
Si aucune entente n’est assurée en ce qui a trait au chemin Roxham, Justin Trudeau espère tout de même régler quelques dossiers. Le premier ministre a besoin de bonnes nouvelles à offrir aux Canadiens, lui qui essuie depuis des semaines les attaques des partis d’opposition sur ce qu’il savait au sujet des tentatives de la Chine de s’ingérer dans le processus électoral canadien. Ces soupçons ont miné sa popularité dans les sondages auprès des électeurs au profit du Parti conservateur du Canada.L’adoption par le Congrès américain de l’Inflation Reduction Act, une loi qui prévoit des investissements de 370 milliards de dollars sur 10 ans dans la transition énergétique, fait craindre la perte d’investissements au pays.
Lundi dernier, le Canada a annoncé avoir réussi à attirer en Ontario la première usine nord-américaine de fabrication de batteries du constructeur allemand Volkswagen. Cependant, l’attrait des généreuses subventions américaines risque d’intensifier la concurrence.
À ce chapitre, Mme Hillman estime que le Canada est en bonne position pour demeurer concurrentiel. Nous avons bien sûr les minéraux critiques. Nous avons une expérience là-dedans depuis longtemps. Et nous avons une main-d'œuvre qui est vraiment très expérimentée.
L’ambassadrice a rappelé que la demande en énergie propre et en technologies vertes dépasse largement l’offre. Tous les pays doivent entreprendre une transition énergétique et la réaliser aussi rapidement que possible pour s’attaquer aux changements climatiques, déclare Mme Hillman.