Cancer de la vessie : nouveaux succès de l'immunothérapie

Les résultats encourageants de plusieurs essais cliniques dévoilés au congrés international d'oncologie à Chicago dimanche 4 juin 2016, confirment le potentiel prometteur de l'immunothérapie contre des cancers avancés difficiles à traiter, comme celui de la vessie. 
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Cancer vessie
Le cancer de la vessie est le 5e cancer le plus fréquent en France.
© AP Photo/Renee C. Byer, Pool
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Les personnes souffrant d'un cancer de la vessie - maladie qui tue 3000 personnes en France chaque année, en majorité des hommes - ont désormais un nouvel espoir : l'anticorps Tecentriq.

L'essai clinique de Genentech, filiale du laboratoire helvétique Roche, a montré que la molécule atezolizumab - brevetée sous le nom de Tecentriq - aurait permis de réduire des tumeurs avancées de la vessie chez un quart des patients testés, qui ont survécu en moyenne 15 mois contre neuf avec la chimiothérapie, traitement standard. Un résultat qui a été annoncé dimanche 4 juin à Chicago (Etats-Unis), lors de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) réunissant chercheurs et spécialistes du cancer du monde entier.

Cet anticorps neutralise la protéine PD-1 et permet au système immunitaire d'attaquer les cellules cancéreuses. Il s'est montré efficace chez des patients souffrant d'une tumeur avancée de la vessie trop affaiblis pour une chimiothérapie. "Jusqu'à 50% des malades avec un cancer de la vessie avancé n'ont donc pas de traitement jusqu'à présent pour prolonger leur vie", a expliqué le Dr Arjun Vasant Balar, professeur de médecine à l'université de New York (Etats-Unis) qui a mené cette étude. "Nous sommes encouragés de voir que cette immunothérapie pourrait aider à répondre à ce besoin médical majeur", a-t-il ajouté.
 


Nouvel élan 


Cancer vessie 2
© Thinkstock
"Cette immunothérapie, parmi d'autres, donne un nouvel élan au traitement du cancer de la vessie qui a connu peu de progrès depuis plus de dix ans", a commenté le Dr Charles Ryan, professeur de médecine à l'université de Californie à San Francisco, qui n'a pas participé à l'étude.

Sur la base de résultats préliminaires de cet essai clinique, la FDA - agence américaine des médicaments - a récemment autorisé la commercialisation du Tecentriq selon une procédure accélérée. 


Et les chercheurs prévoient d'ors-et-déjà la phase 3 : faire un essai clinique plus étendu avec le Tecentriq comme premier traitement pour le cancer avancé de la vessie qui touche surtout les personnes plus âgées dont une grande majorité de fumeurs ou d'anciens fumeurs.


Autres annonces


Une nouvelle immunothérapie combinée à un agent tueur de cellules cancéreuses s'est également révélée prometteuse chez des malades atteints de la forme la plus agressive du cancer du poumon, dit à petites cellules, qui représente de 10 à 15% de toutes les tumeurs pulmonaires, selon les résultats d'un autre essai clinique avec 74 patients présentés à l'ASCO ce dimanche.

Toujours annoncée lors de ce congrés, une étude européenne a également montré des résultats encourageants d'une immunothérapie contre des cancers gastriques avancés qui cible la protéine claudine18.2. L'étude clinique menée avec 161 malades atteints de tumeurs agressives a montré que cet anticorps prolongeait nettement leur survie combiné à une chimiothérapie, avec 13,2 mois voire 16,7 mois chez certains, contre 8,4 mois avec la chimiothérapie seule.

Les résultats d'un essai clinique dévoilés en mai 2016 par l'ASCO avait par ailleurs démontré l'efficacité de l'immunothérapie pour prolonger la vie de patients atteints d'un mélanome avancé, une forme grave de cancer de la peau. Environ 40% des 655 malades traités avec le Keytruda du laboratoire Merck, étaient encore en vie trois ans après le diagnostic.

Malgré des traitements souvent coûteux - 12 500 dollars par malade et par mois pour le Keytruda - ces résultats sont de nombreux succès qui révolutionnent la cancérologie. 
 

Succès de l'hormonothérapie pour le cancer du sein 


Les femmes dont le cancer du sein a été traité à un stade précoce paraissent courir moins de risques de rechute si elles suivent un traitement hormonal pendant dix ans, selon une étude présentée dimanche 4 juin à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) aux Etats-Unis.

Ces travaux montrent que des femmes ménopausées ayant pris le traitement anti-cancéreux Femara (létrozole) pendant dix ans - et non cinq comme il est souvent préscrit - voient le risque de réapparition de la tumeur ou d'un nouveau cancer dans l'autre sein réduit de 34%.

"Ces résultats sont importants pour des millions de femmes dans le monde avec un cancer du sein à récepteur d’œstrogène positif (HER2 positif)", a souligné Harold Burstein, professeur de médecine à Harvard, qui n'a pas participé à l'étude. "Ils suggèrent que le fait de poursuivre une hormonothérapie plus longtemps réduit le risque de réapparition."