Fil d'Ariane
Plus de 30.000 personnes ont dû fuir les flammes sur l'île grecque très touristique de Rhodes. Il s’agirait de "la plus grande opération d'évacuation jamais réalisée" dans le pays. Ces derniers jours, le pays s’est retrouvé écrasé sous une fournaise favorisant les incendies.
Un hélicoptère de lutte contre les incendies vole dans la fumée alors que les gens regardent à Mandra, à l'ouest d'Athènes, le mardi 18 juillet 2023.
Paul F., un Allemand de 23 ans, est en vacances sur l’île grecque de Rhodes. Il a raconté au quotidien Bild avoir été "sauvé du feu", avec son amie Lara, "au dernier moment" samedi 22 juillet. Après s'être assoupis à la plage, ils découvrent "la plage et la piscine (de l'hôtel) comme désertées". Ils se ruent vers l'hôtel, empaquettent leurs affaires, puis attendent des secours à la réception, où des serviettes mouillées pour se protéger de la fumée ont été distribuées.
"Des braises voltigeaient autour de nos têtes et aucun secours n'était en vue. J'ai eu le sentiment d'être livré à moi-même, il faisait si chaud et la fumée était si dense déjà qu'on n'aurait pas pu tenir plus de dix minutes encore", explique-t-il. "Certains, pris de panique, ont (...) essayé de trouver des bateaux pour partir". Mais les bus finissent par arriver.
Cédric Guisset, un touriste belge mis à l'abri samedi et interrogé par la radio RTBF, a expliqué avoir dû quitter son hôtel à pied sans point de chute prévu après avoir reçu des messages d'alerte sur son téléphone portable. A l'hôtel, "ils n'étaient même pas au courant, on a vraiment pris juste nos cartes d'identité, de l'eau, de quoi se couvrir le visage, la tête", a-t-il raconté.
Dimanche 23 juillet, les vents importants jusqu'à 50 km/h soufflent toujours sur cette île de l'archipel du Dodécanèse, selon les pompiers, alors que des températures de 46,4°C ont été enregistrées à Gythio, dans la péninsule du Péloponnèse (sud-ouest), selon l'Observatoire national d'Athènes.
Les secours y ont mené samedi "la plus grande opération d'évacuation jamais effectuée" dans le pays, qui s'est poursuivie dans la nuit de samedi à dimanche. Quelque 30.000 personnes ont quitté leur logement, hôtel compris, dont 19.000 à titre préventif. 3.000 ont été évacuées par la mer. Plus de 250 pompiers luttent toujours dimanche contre les flammes, pour la sixième journée consécutive, sur l'île touristique de Rhodes où les secours ont mené "la plus grande opération d'évacuation jamais effectuée en Grèce".
Au total, douze localités ont été abandonnées, dont Lindos, célèbre pour son Acropole perché sur une colline. Dans la nuit de samedi à dimanche, les flammes ont atteint le village de Laerma et se sont étendues jusqu'aux villages côtiers de Kiotari et de Gennadi Lardos. Interrogé par l'AFP, un porte-parole des sapeurs-pompiers n'était pas en mesure de dire si le feu s'était encore étendu durant la journée sur l'île de Rhodes, renvoyant à un point de presse ultérieur.
La Grèce connaît ce dimanche des températures de plus de 40°C dans de très nombreux endroits. Dans le centre du pays et dans la péninsule du Péloponnèse, des températures entre 45°C et 46,4°C ont été enregistrées dans l'après-midi, selon l'Observatoire national d'Athènes. Selon l'observatoire météorologique national, ce pays traverse "probablement" la plus longue canicule de son histoire.
"Nous allons probablement subir une vague de chaleur de 16 à 17 jours, ce qui n'est jamais arrivé auparavant dans notre pays", a déclaré Kostas Lagouvardos, le directeur de recherche à l'observatoire, sur ERT. "Il faut une vigilance absolue (...) car les moments difficiles ne sont pas passés", avait prévenu vendredi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
Dimanche 23 juillet, le feu s’est installé dans l'est de Rhodes, une île de 100.000 habitants très prisée des vacanciers britanniques, allemands ou français notamment, située dans l'archipel du Dodécanèse. Les personnes qui ont dû quitter leur habitation ou hôtel ont été mises à l'abri dans des gymnases, écoles ou centres de conférence pour la nuit.
Dans tout le pays, les pompiers ont recensé 46 nouveaux incendies en 24 heures. Les températures élevées sont à l’origine de départs de feux qui font rage. Deux cent soixante-six pompiers sont déployés dans le sud-est de l'île où le feu a contraint samedi à l'évacuation de quelque 30.000 personnes, dont de nombreux touristes qui séjournaient dans des hôtels de la côte.
Dix Canadairs et 8 hélicoptères opèrent sur cette zone, ainsi que 49 camions de pompiers, selon le porte-parole des pompiers, Yannis Artopios. "C'est la plus grande opération d'évacuation jamais effectuée en Grèce (...) Tout s'est bien passé. Tout le monde, surtout les touristes, suivait ce que nous avions commandé", avait indiqué plus tôt une porte-parole des pompiers, Konstantia Dimoglidou.
Des températures dépassant 44°C sont attendues ce dimanche en Grèce. A la surface de la mer, le mercure était de 2 à 3°C au-dessus de la normale, ont annoncé samedi les services météorologiques.
En conséquence, plusieurs jours sont encore nécessaires pour circonscrire l'incendie, selon les autorités, d'autant que le vent, qui l'attise, "devrait se renforcer entre la mi-journée et 17H00 (14H00 GMT)", ont averti les pompiers. "Nous allons probablement subir une vague de chaleur de 16 à 17 jours, ce qui n'est jamais arrivé auparavant dans notre pays", estimait samedi Kostas Lagouvardos, directeur de recherche à l'observatoire météorologique national.
Des arbres carbonisés sont vus de l'intérieur d'une petite maison incendiée après qu'un incendie a balayé la région de Mandra, à l'ouest d'Athènes, le mercredi 19 juillet 2023.
Le ministère grec des Affaires étrangères a ouvert une cellule de crise à Athènes pour faciliter le rapatriement des étrangers. Le numéro un mondial du tourisme TUI et la compagnie britannique JeT2 ont suspendu dimanche leurs vols touristiques à destination de Rhodes mais vont y acheminer leurs appareils à vide pour pouvoir évacuer les touristes présents sur l'île. Le voyagiste néerlandais Corendon a annoncé une interruption similaire, selon les médias locaux.
Des centaines de touristes patientaient dimanche à l'aéroport international de Rhodes, situé dans le nord-ouest de l'île, en quête d'un vol pour rentrer chez eux. Dans le hall des départs, certains étaient allongés ou même endormis à même le sol, au milieu des bagages, tandis que d'autres étaient regroupés devant le panneau d'affichage des vols, a constaté l'AFP.