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Commentaire : J. Muntzer. Montage : M. Mormil.
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Catalogne : 2 dirigeants séparatistes placés en détention pour sédition

Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, présidents de deux associations indépendantistes catalanes, ont été placés en détention préventive lundi par la justice espagnole. Une "provocation de l'Etat espagnol" pour l'exécutif catalan. Des manifestations sont prévues ce mardi.

Des manifestations sont annoncées mardi en Catalogne pour protester contre le placement en détention de deux importants dirigeants indépendantistes inculpés de sédition par la justice espagnole.

"Cela n'a pas de sens, nous n'avons pas de mots pour décrire" cette situation, "c'est pourquoi nous appelons la société catalane à manifester demain, évidemment de manière pacifique", a déclaré à des journalistes Jordi Bosch, secrétaire général de l'association indépendantiste Omnium Cultural.

Une juge d'instruction a décidé lundi soir le placement en détention de Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, qui dirigent respectivement les deux principales associations indépendantistes de Catalogne, Omnium Cultural et l'Assemblée nationale catalane (ANC).
                  

Forte capacité de mobilisation                  

                  
Ces associations ont une très forte capacité de mobilisation et l'inculpation de leurs chefs risque d'envenimer encore la crise entre Madrid et la Barcelone.
MM. Sanchez et Cuixart, inculpés pour sédition par l'Audience nationale, la haute juridiction chargée notamment des affaires de sécurité nationale, ont été écroués à la prison de Soto del Real, non loin de Madrid, en début de soirée.

La nouvelle a entraîné dans toute la Catalogne des concerts de casseroles, en signe de protestation.
Dans la nuit, les appels à manifester se sont répandus comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, annonçant des mobilisations dans toute la Catalogne et aussi ailleurs, comme à Valence.

Un bref arrêt de travail est prévu mardi à midi (10h00 GMT) pour réclamer "la libération des prisonniers politiques" et des rassemblements devant les préfectures sont annoncés pour la fin de l'après-midi.
Avant d'être placé en détention, Jordi Cuixart avait enregistré une vidéo qui a été diffusée dans la nuit. "Bienvenus, si vous voyez cette vidéo, c'est que l'appareil d'Etat a décidé de me priver de liberté", déclare-t-il: "Je veux vous envoyer un message de sérénité".
M. Cuixart annonce dans cette vidéo que s'il le faut son organisation travaillera "dans la clandestinité", mais de manière pacifique.

L'Espagne s'enfonce chaque jour un peu plus dans une crise politique sans précédent depuis qu'elle a retrouvé la démocratie.
Cette crise oppose Madrid aux séparatistes au pouvoir en Catalogne, qui menacent de déclarer l'indépendance de manière unilatérale, sur le fondement d'un référendum d'autodétermination organisé le 1er octobre malgré son interdiction par la justice et qu'ils disent avoir remporté avec 90% des voix et 43% de participation.

Jordi Cuixart et Jordi Sanchez sont soupçonnés d'avoir encouragé des centaines de personnes le 20 septembre à Barcelone à bloquer la sortie d'un bâtiment où des gardes civils menaient des perquisitions, en lien, justement, avec l'organisation du référendum.
Ces gardes civils y étaient restés bloqués jusqu'au milieu de la nuit. 
Omnium Cultural et l'Assemblée nationale catalane (ANC) sont les fers de lance de l'indépendantisme en Catalogne, région divisée presque à parts égales entre les partisans du maintien au sein de l'Espagne et ceux de la sécession.
                  

"Prisonniers politiques"          

                  
Le porte-parole du gouvernement séparatiste catalan a qualifié de "provocation de l'Etat espagnol" le placement en détention des deux hommes, appelant cependant leurs sympathisants à rester pacifiques.

"Nous avons à nouveau, tristement, des prisonniers politiques" en Espagne, a estimé le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont dans un message posté en anglais sur son compte Twitter.
"Liberté aux Jordis", lisait-on sur l'affiche d'un des manifestants, environ 400, massés sur une place du centre de Barcelone vers minuit.
Ces détentions interviennent alors que Madrid a donné lundi un ultime délai de trois jours au président séparatiste pour qu'il revienne à la légalité.

Depuis une semaine, Carles Puigdemont laisse planer la possibilité d'une déclaration unilatérale d'indépendance, laissant entendre, sans le dire ouvertement, qu'il a "suspendu" cette déclaration en vue d'un dialogue avec Madrid.
"Nous espérons que dans les heures qui viennent (...) vous répondrez avec la clarté que tous les citoyens exigent", a écrit le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy à Carles Puigdemont.
                  

Dernier délai             

                  
M. Rajoy a souligné qu'il n'avait plus que trois jours, jusqu'à jeudi 10h00 (08h00 GMT), pour revenir dans le droit chemin.
Il répondait ainsi à une lettre du président catalan qui lui faisait part de son souhait de "dialoguer pour les deux prochains mois", tout en s'abstenant de préciser noir sur blanc, comme Madrid l'exige, si sa région avait ou non proclamé l'indépendance.

Bien que la société catalane soit profondément divisée, Carles Puigdemont estime avoir un "mandat" pour faire sécession en s'appuyant sur le référendum d'autodétermination du 1er octobre, qui a été boycotté par l'opposition.
S'il persiste, le gouvernement central pourrait suspendre totalement ou partiellement l'autonomie de la Catalogne.

M. Rajoy continue à refuser tout dialogue tant que les séparatistes ne lèveront pas leur menace de proclamer unilatéralement l'indépendance.
Il ne veut pas entendre parler de médiation, et les Etats membres de l'Union européenne non plus, pour ne pas ouvrir la boîte de Pandore des sécessions sur le continent.