Activant pour la première fois l'article 155 de la Constitution espagnole, Madrid a choisi de mettre la Catalogne sous tutelle.
Le président catalan Carles Puigdemont a dénoncé la "pire attaque" contre sa région depuis la dictature de Franco.
"Le gouvernement espagnol (...) a mené la pire attaque aux institutions et au peuple de Catalogne depuis les décrets du dictateur militaire Francisco Franco !". S'exprimant en catalan, espagnol et en anglais, Carles Puigdemont a fermement condamné à la télévision hier soir la décision de mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid. Mais, temporisant, le président catalan a demandé une convocation du parlement régional en séance plénière,
"pour décider de la suite" des évènements.
Peu avant, il défilait à la tête du cortège des manifestants indépendantistes à Barcelone, au nombre de 450 000 environ, selon la police locale.
La réponse ne se s'est pas faite attendre après la manoeuvre historique du gouvernement de Mariano Rajoy d'activer l'article 155 de la Constitution qui suspend l'autonomie de la Catalogne. Une première fois depuis sa création en 1978.
Carles Puigdemont au milieu des manifestants à Barcelone le 21 octobre 2017.
Parmi les mesures draconiennes prises pour empêcher la région rebelle de faire sécession, la première concerne la destitution du gouvernement de Carles Puigdemont qui s'est mis dans
"l'illégalité" selon Mariano Rajoy. La province conservera son autonomie mais sera sous la tutelle de Madrid pendant plusieurs mois. Les fonctions régionales seront exercées
"en principe par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle". Dès le retour à la
"normalité institutionnelle", dans les six mois selon le chef du gouvernement espagnol, des élections régionales seront organisées en Catalogne.
Par ailleurs, Madrid devrait logiquement prendre le contrôle de la police régionale, les Mossos d'Esquadra, dont le chef a été inculpé de sédition pour ne pas avoir empêché la tenue du référendum d'autodétermination du 1er octobre 2017.
Ces mesures ont été prises en concertation avec le Parti socialiste (PSOE), principale force d'opposition, et ses alliés centristes de Ciudadanos. Elles seront soumises à l'approbation du Sénat, attendue pour la fin octobre.
Le gouvernement catalan va être destitué.
La position de Paris
Interrogé par le Journal du Dimanche, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires Etrangères, s'est dit inquiet des répercussions de cette crise sans précédent.
"Ce qui importe dans cette affaire c'est qu'il y a un Etat de droit à respecter et qu'il soit partout la référence centrale de la construction européenne. M. Rajoy a annoncé des élections au plus vite en Catalogne. Je souhaite qu'elles permettent de clarifier la situation et de retrouver le chemin d'un dialogue constructif"Et en fait de construction européenne, un autre défi attend l'institution ce dimanche : les référendums en Lombardie et en Vénètie pour une plus grande autonomie.