Ce qu'il faut savoir sur la crise politique en Géorgie

Depuis le 26 octobre, la Géorgie est plongée dans une crise politique qui ne semble pas prête de s'apaiser. Ce qu'il faut savoir. 

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L'opposition pro-UE manifeste à nouveau vendredi en Géorgie à la veille de la désignation par un collège électoral du président, un poste promis à un ex-footballeur devenu un soutien radical du parti au pouvoir, en lieu et place de la pro-occidentale Salomé Zourabichvili.

AP Photo/Pavel Bednyakov
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La Géorgie s'enfonce ce vendredi 13 décembre dans la crise politique avec de nouvelles manifestations pro-européennes, à la veille de l'élection par le Parlement du nouveau président, poste acquis au parti au pouvoir et occupé jusqu'ici par une de ses critiques. 

 

L'élection qui met le feu aux poudres 

Ce pays du Caucase est plongé dans la crise depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais contestées par l'opposition pro-européenne, qui les juge entachées d'irrégularités.

Fin novembre, la décision des autorités de repousser à 2028 les ambitions du pays d'intégrer l'UE, un objectif inscrit dans la Constitution, a mis le feu aux poudres, provoquant des manifestations émaillées de violences. Celles-ci sont entrées jeudi dans leur troisième semaine. 

Les manifestants se disent déterminés à faire plier le gouvernement, qu'ils accusent de dérive autoritaire prorusse.

Une douzaine de rassemblement étaient encore prévus vendredi dans la capitale Tbilissi, et la manifestation quotidienne du soir devrait de nouveau se prolonger dans la nuit. 

Un nouveau pic de tensions est attendu samedi, lorsque le Rêve géorgien compte faire élire à la présidence du pays l'ex-footballeur d'extrême droite Mikheïl Kavelachvili, une figure loyale au pouvoir.

 

Zourabichvili "doit rester" 

Un rassemblement est déjà annoncé pour samedi 14 décembre devant le Parlement, où un collège électoral contrôlé par le parti devra élire le président lors d'un vote boycotté par l'opposition.

La présidente actuelle, Salomé Zourabichvili ne dispose que de pouvoirs limités. La Géorgie étant une République parlementaire, sa présidente dispose d'un rôle symbolique, sans pouvoir exécutif ou législatif. Elle peut cependant opposer son veto à certains projets de loi. C'est ce qu'elle a déjà fait ces derniers mois, étant en rupture avec le gouvernement et soutenant les manifestants. 

Salomé Zourabichvili a annoncé qu'elle refusera de rendre son mandat tant que de nouvelles législatives n'auront pas été organisées. La présidente ne reconnaît pas les résultats des élections législatives qui donnent le camp prorusse vainqueur.

"Parce que l'élection (législative d'octobre) a été volée, (Salomé Zourabichvili) doit rester et, d'une manière ou d'une autre, nous guider dans cette situation très compliquée", estime Dariko Gogol, une femme de 53 ans croisée dans un cortège de protestataires devant le parlement.

La répression des manifestations 

Lors des deux premières semaines de manifestations, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les rassemblements quotidiens réunissant des milliers de personnes. Des protestataires ont utilisé des mortiers d'artifice.  

Plus de 400 manifestants ont été arrêtés, selon des chiffres officiels.

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AP Photo/Pavel Bednyakov

 

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AP Photo/Pavel Bednyakov

De multiples cas de violences policières contre des manifestants et des journalistes ont été documentés par des ONG et l'opposition, une répression dénoncée par les États-Unis et les Européens.

Le Rêve géorgien a accusé les manifestants et l'opposition d'être responsable des violences, relevant que les rassemblements étaient depuis plusieurs jours plus calmes, alors que des descentes de police ont conduit à la saisie de quantités de feux d'artifices. 

Vendredi, Washington a annoncé avoir interdit de visa une vingtaine de personnes accusées de "saper la démocratie" en Géorgie, parmi lesquelles des ministres en exercice et des parlementaires.