Ce qu'il faut savoir sur l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Après deux mois de guerre ouverte entre le Hezbollah et l'armée Israélienne, un cessez-le-feu est entré en vigueur mercredi 27 novembre. 

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Retour au Liban

Des habitants déplacés rentrent dans leur village, assis dans leur voiture avec leurs biens, alors qu'ils passent devant une mosquée détruite. Bint Jbeil (Sud-Liban), le mercredi 27 novembre 2024. 

© AP/Hussein Malla
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Un soulagement. Après deux mois de guerre ouverte entre le Hezbollah et l'armée israélienne, un cessez-le-feu est entré en vigueur ce mercredi 27 novembre à 2 heures. L'accord de cessez-le-feu, parrainé par Washington et Paris, a été annoncé par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lors d'une allocution télévisée le mardi 26 novembre en début de soirée. 

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Des bombardements intenses ont précédé la "bonne nouvelle". Matelas sur voitures et sacs sur les épaules, les Libanais déplacés par la guerre se précipitent pour rentrer chez eux dès l'application de la trêve. Tour d'horizon sur ce qui contient cet accord. 

Le Hezbollah repoussé et affaibli  

Il stipule que le Hezbollah doit se retirer du sud pour céder la place à l'armée libanaise. Ce texte reprend la résolution onusienne 1701 qui avait mis fin à la guerre de 2006. L'organisation pro-iranienne dispose de soixante jours pour replier ses forces au nord du fleuve Litani. De leur côté, les troupes israéliennes devront évacuer leurs positions dans le sud du Liban et laisser place à la Finul et les Forces armées du Liban (FAL). 

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Obligé de se retirer de la zone le long de la frontière avec Israël, le Hezbollah risque de perdre sa principale raison d'être, la "résistance" contre Israël. "Le Hezbollah est soumis à une pression sans précédent", estime Lina Khatib, analyste à Chatham House. "Les termes du cessez-le-feu ouvrent la voie au démantèlement de ses capacités militaires".

"La guerre a sans aucun doute affaibli le Hezbollah militairement, avec des pertes importantes au niveau de sa direction et une capacité opérationnelle réduite. "

Imad Salamey, directeur du département d'études internationales et politiques à l'Université libano-américaine 

Imad Salamey, chercheur à l'université libano-américaine, estime aussi que "la guerre a sans aucun doute affaibli le Hezbollah militairement, avec des pertes importantes au niveau de sa direction et une capacité opérationnelle réduite". "Mais il n'a pas été vaincu", souligne-t-il. Et même si des voix s'élèvent pour réclamer le démantèlement de son énorme arsenal, il demeure un acteur incontournable sur la scène politique libanaise. 

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Un homme porte une photo du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah à Dahiyeh, Beyrouth. Le mercredi 27 novembre 2024. 

© AP Photo/Bilal Hussein

L'armée libanaise et la Finul renforcées

L'envoyé spécial américain du Liban, Amos Hochtein a déclaré à la chaîne Al-Jazira qu'"au fur et à mesure que l'armée libanaise se redéploiera vers le sud, les forces israéliennes partiront". L'armée libanaise a annoncé dans la foulée avoir "commencé à renforcer sa présence" dans le sud du pays, fief du Hezbollah. 

(Re)lire L'armée libanaise déploie troupes et blindés dans le sud, après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Une dizaine de milliers de casques bleus vont pouvoir être redéployés le long de la "ligne bleue" et ils seront augmentés en effectifs. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a précisé mercredi matin que les 700 soldats français engagés dans la Finul, déjà présents au Liban, allaient jouer "un rôle important".

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Paris et Washington, gardiens de la trêve 

L'accord inclut la mise en place d'un comité international pour en surveiller l'application, selon le site d'informations Axios, précisant que les États-Unis auraient donné des assurances sur leur soutien à une action militaire israélienne en cas d'actes hostiles du Hezbollah.

(Re)lire Entre Israël et le Liban cinq décennies de guerres, d'offensives ou d'occupations 

Ledit comité sera composé de cinq pays et présidé par Washington. Dans ce lot, on retrouve la France et le comité tripartite - Liban, Israël et les Nations Unies. 

La restauration du pouvoir libanais, un enjeu majeur 

Si cet accord a été pensé pour arrêter de manière permanente les hostilités, la représentante de l'ONU pour e Liban précise qu'un "travail considérable se profile pour assurer que l'accord perdure". Mais au moins, il marque "le point de départ d'un processus critique" qui devrait garantir la sécurité des civils des deux côtés de la ligne bleue. 

Pour espérer une paix durable, il faudra toutefois régler "régler le problème de fond" : "la souveraineté libanaise", décrypte au micro de France info Karim Emile Bitar, professeur de relations internationales à l'Université de Saint-joseph de Beyrouth.  Le pays demeure sans chef d'État depuis plus de deux ans déjà. Une réunion à cet effet se tiendra par ailleurs le 9 janvier prochain et le Parlement sera tenu d'élire un président de la République. Une décision très attendue à l'international. 

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le succès de cette trêve dépendait notamment des "autorités libanaises et que "la restauration de la souveraineté du Liban passs[ait] par l'élection sans délai d'un président de la République".