Fil d'Ariane
1949. Le monde devient bipolaire, opposant les Occidentaux et les Soviétiques. C'est la guerre froide. L'objectif des Occidentaux sur le territoire européen est simple : dissuader l'Union soviétique de toute expansion territoriale. Pour ce faire, le Traité de l'Atlantique Nord instaure une alliance militaire entre l’Europe et les États-Unis. En face, le bloc soviétique signe en 1955 le Pacte de Varsovie avec sept pays communistes d’Europe centrale. D’un côté comme de l’autre, des moyens militaires sont déployés et le principe de dissuasion nucléaire est utilisé.
À l'époque, ils sont 12 pays à signer le traité fondateur : les Etats-Unis, le Canada et dix pays européens que sont la France, la Belgique, le Danemark, l'Islande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni.
La Turquie et la Grèce adhèrent à l'Otan en 1952. L'Allemagne fédérale rejoint l'Alliance en 1955 et l'Espagne en 1982.
Après l’effondrement de l’URSS, plusieurs vagues d'élargissement (1999, 2004, 2009, 2017, 2020) vont intégrer des pays d'Europe de l'Est anciennement liés au camp socialiste soviétique voire d'anciennes républiques soviétiques. Désormais, l'Alliance compte une trentaine de membres, la dernière en date est la République de Macédoine du Nord en 2020. Et depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, l'intégration de nouveaux membres à l'organisation est dans tous les esprits. Jusque là neutres, la Suède et la Finlande à la frontière avec la Russie sont en passe d'être intégrées à l'organisation.
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Mais cet élargissement à l'est et la relation privilégiée de l’Ukraine avec l’Otan, qu’elle souhaiterait intégrer, sont perçus comme une menace par la Russie. Les inquiétudes russes sont principalement basées sur le principe de "défense collective" qui lie les États membres de l'Otan.
Une attaque contre l'un de ses membres sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties.Article 5 du traité de l'Atlantique Nord
L'alliance militaire de l'Otan a pour objectif d’éviter la guerre, de garantir la sécurité de ses membres et de se défendre mutuellement en cas d’agression. Selon l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord, "une attaque contre l'un de ses membres sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties."
En conséquence, si un pays membre est attaqué, les autres membres s’engagent à l’assister dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations unies.
"Je compare ça à la clause des Trois Mousquetaires : un pour tous et tous pour un. (…) Si un pays membre de l’Otan est attaqué par une puissance étrangère, le Canada n’aurait donc pas d'autres choix que d’embarquer dans la défense et la réaction militaire", résume Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'Université du Québec à Montréal.
La France est l'un des pays fondateurs de l'Alliance. C'est même à Paris que siège l'organisation dans ses premières années. Mais en 1966, le général de Gaulle décide le retrait de la France commandement intégré de l'Otan. Il refuse notamment que la dissuasion nucléaire française soit placée sous le contrôle des Américains. Pour autant, elle reste membre de l'Alliance atlantique.
En effet, le commandement intégré n’est qu’une des composantes de la structure globale de l’organisation. Il fixe les stratégies militaires et les fait appliquer dans les opérations sur le terrain. Concrètement, cela signifie que des soldats des pays membres combattent sous l'uniforme de l'Otan.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan durant un sommet extraordinaire de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022.
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L'Otan a été créé pour répondre à la menace soviétique contre l'Occident. Mais durant toute la guerre froide elle n'a pas dû intervenir. À la suite de la chute du mur de Berlin en 1989, le camp socialiste pro-soviétique s'effondre. L'URSS implose en 1991. La Russie est plongée dans un chaos économique. C'est la fin de la guerre froide.
Mais ces bouleversements marquent le début des guerres de Yougoslavie (1991-2001), soit dix ans de conflits, d’abord en Slovénie, puis en Croatie, en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine. En 1995, l'Otan s’engage alors dans sa première grande opération de gestion de crise en Bosnie-Herzégovine. Elle intervient au Kosovo en 1999 et bombarde Belgrade, la capitale de la Serbie, en avril de la même année.
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En 2001, à la suite des attentats du 11-Septembre, l’Alliance met en action pour la première fois de son histoire l’article 5 et s'engage dans une "guerre contre le terrorisme." C'est ainsi qu'en 2003, elle prend le commandement de la Force internationale d’assistance et de sécurité en Afghanistan.
Aujourd’hui, 20 000 hommes participent à des missions de l’Otan. Elle opère notamment au Kosovo, en Méditerranée, en Irak et en Somalie.