L’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) publie un rapport sur la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine. Sous contrôle russe, endommagée par des bombardements, le site connaît une “situation intenable”, qui inquiète les autorités européennes. L’AIEA demande la mise en place d’une “zone de sécurité” autour de la plus grande centrale nucléaire d’Europe.
Sa publication était attendue depuis plusieurs semaines par les dirigeants européens. Dans un rapport de 52 pages, l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) passe en revue l’état du site de Zaporijia.
Tombée aux mains des Russes depuis plusieurs semaines, la plus grande centrale nucléaire d'Europe nécessite la mise en place d'une "zone de sécurité" pour prévenir un accident nucléaire selon l’autorité onusienne.
Le rapport de l'AIEA découle de sa récente mission à la centrale de Zaporijjia, débutée le 29 août 2022. La publication de ses conclusions intervient au lendemain de la déconnexion du réseau électrique du dernier réacteur en fonctionnement dans ce complexe. La connexion électrique, reliée à une centrale thermique voisine, en a en effet "été délibérément déconnectée afin d'éteindre un incendie", a expliqué l'AIEA dans un communiqué. Selon l'opérateur ukrainien Energoatom, le feu "s'est déclaré à cause des bombardements".
L’AIEA demande l’arrêt immédiat des bombardement sur le site
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La situation actuelle est intenable", écrit l’AIEA. "
Il est urgent de prendre des mesures provisoires", poursuit-elle, préconisant "
l'établissement immédiat d'une zone de sécurité nucléaire et de protection".
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Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations", insiste l'AIEA. Dans son rapport, l'agence se dit "
prête à démarrer les consultations".
Début septembre, peu de temps après la fin de l'inspection, l'agence onusienne avait affirmé que l'"
intégrité physique" de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia occupée par les Russes "
a été violée à plusieurs reprises".
Le personnel travaille dans des “conditions extrêmement stressantes”
Depuis des semaines, la confusion règne autour de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe. Le site a été touché par de multiples frappes aériennes dont Kiev et Moscou s'accusent mutuellement. L'AIEA note par ailleurs "
les conditions extrêmement stressantes" dans lesquelles travaille le personnel ukrainien, sous le contrôle des troupes russes.
Le jour même de la publication du rapport, la Russie a accusé les Ukrainiens de l'avoir à nouveau bombardée. "
Au cours des dernières 24 heures, les forces armées ukrainiennes ont tiré à 15 reprises à l'artillerie sur la ville d'Energodar et sur le territoire (tout proche, ndlr) de la centrale nucléaire de Zaporijjia", a affirmé le ministère russe de la Défense.
Rafael Grossi, le directeur général de l'AIEA "
rendra compte au Conseil de sécurité de l'ONU" du rapport qu'il vient d'établir. Après la fin de la mission d'inspection, six experts sont restés sur place. Quatre sont partis lundi 5 septembre et les deux autres enquêteurs devraient y rester de façon permanente.
Faites savoir au monde que l'AIEA reste à Zaporijjia.
Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'AIEA.
Zelensky critique les experts de l’ONU
Après moult tractations, une délégation de l'AIEA avait pu se rendre jeudi 1er septembre 2022 sur le site. Deux inspecteurs doivent rester sur place de façon permanente. "
Faites savoir au monde que l'AIEA reste à Zaporijjia", a insisté le directeur général Rafael Mariano Grossi après sa visite du site. Il s'agirait, selon lui, d'une mesure "
indispensable pour stabiliser la situation et avoir des mises à jour régulières, fiables, impartiales, neutres".
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J'espère qu'il sera objectif", avait déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant la diffusion du rapport. Il avait reproché à l'AIEA d'avoir occulté la question de la "
démilitarisation" du site. "
La principale chose qui devrait se produire est la démilitarisation du territoire de la centrale (...) Et il est regrettable que nous n'ayons pas encore entendu les messages appropriés de l'AIEA", a ainsi lâché le dirigeant ukrainien.