Cérémonie des César : "La Nuit du 12" triomphe, les réalisatrices absentes

"La Nuit du 12", qui raconte l'enquête impossible sur un féminicide, a triomphé aux 48ème César. Ce message voulu féministe tranche dans une soirée où les réalisatrices n'étaient présentes que dans les discours.
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César 2023
Les acteurs et l'équipe du film "La Nuit du 12", après avoir reçu six César lors de la 48e cérémonie des César, à Paris, vendredi 24 février. AP/ Lewis Joly.
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À la cérémonie des César, le long-métrage "La Nuit du 12" a remporté six prix, dont un rare doublé : César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Dominik Moll.

Bastien Bouillon et Bouli Lanners ont reçu le prix du meilleur espoir masculin et du meilleur acteur dans un second rôle. Les statuettes célèbrent leur interprétation d'un duo d'enquêteurs de la PJ qui tentent d'élucider l'assassinat d'une jeune fille, sans témoins. 

Inspiré d'un fait divers, "La Nuit du 12" livre une galerie de suspects qui ne se rendent même pas compte de la misogynie de leurs propos, et cible le machisme dans la police.

Dominik Moll a eu "une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l'affaire qui a donné lieu au film. Elle s'appelait Maud". Il remportait sa deuxième statuette de réalisateur, 22 ans après "Harry un ami qui vous veut du bien".

Il a également rendu hommage au public français "qui a une appétence pour les films qui sortent des sentiers battus". Son long-métrage a bénéficié d'un solide bouche à oreille et a rassemblé 509 000 spectateurs.

"Les cinéastes devaient s'emparer du récit" sur les violences faites aux femmes, a lancé l'une des productrices du film, Caroline Benjo. Elle a rappelé les statistiques françaises des féminicides, qui tuent une femme tous les 2 ou 3 jours. La productrice était écoutée les larmes aux yeux par l'actrice Judith Chemla, qui a dénoncé publiquement les violences domestiques qu'elle a subies.

Les réalisatrices encore éclipsées

Ce signal était d'autant plus attendu que les nominations avaient laissé les réalisatrices de côté, encore plus que les années précédentes . Aucune nommée pour la meilleure réalisation, une seule pour le meilleur film : Valéria Bruni Tedeschi. Cette dernière est toutefois critiquée pour avoir protégé l'acteur principal de son film, Sofiane Bennacer, accusé de viols et de violences. 

Plusieurs lauréates ont profité de leurs remerciements pour sortir les réalisatrices de l'oubli. Comme Virginie Efira, César de la meilleure actrice pour "Revoir Paris". Elle a souhaité dédier ce prix à sa réalisatrice Alice Winocour, et "l'étendre" à d'autres, dont Rebecca Zlotowski ("Les enfants des autres", absente des nominations).
"On ne sera ni de passage, ni un effet de mode !", a promis la cinéaste Alice Diop, César du meilleur premier film pour "Saint Omer".

Tonie Marshall reste à ce jour la seule femme à avoir reçu un César de la meilleure réalisation avec "Venus Beauté (institut)", en 2000.

Déception pour L'Innocent

Noémie Merlant a aussi eu une pensée pour toutes celles "qui aurait dû être célébrées". "Elles me manquent" a déclaré l'actrice, César du meilleur second rôle féminin pour "L'Innocent".

Ce film de Louis Garrel, qui était favori avec 11 nominations, est le grand perdant de la soirée, avec un seul autre trophée, pour son scénario.
Côté interprète masculin, Benoît Magimel a vécu "un moment assez fou" en remportant pour la deuxième année d'affilée le César du meilleur acteur, avec "Pacifiction - Tourment sur les îles". Du jamais vu.

Dans une toute autre catégorie, la star américaine Brad Pitt a fait une apparition surprise pour remettre un César d'honneur à l'un des cinéastes qui a forgé son jeu, David Fincher ("Seven", "Fight Club"...). L'acteur est accusé de violences à l'encontre de son ex-femme, Angelina Jolie. 

"Je salue la culture du cinéma français, votre engagement pour un cinéma qui reflète ce que nous sommes de plus petit et de plus simple, et pas seulement nos aspirations héroïques quand on a enfilé des collants", a lâché Fincher.

Interruption écologiste

Une activiste pour le climat, soutenant le collectif Dernière rénovation et arborant un T-shirt "We have 761 days left",  a brièvement interrompu le début de la cérémonie. Cette séquence n'a pas été diffusée sur Canal+, diffuseur des César, et la militante a été sortie. Le slogan "Il nous reste 761 jours" fait référence au temps qu'il nous reste pour agir afin de limiter le réchauffement climatique planétaire.
Les César n'ont pas oublié l'Ukraine. Louis Garrel a évoqué un pays qui "vit une tragédie depuis un an maintenant à cause de cette guerre folle et criminelle. Golshifteh Farahani a aussi abordé l'Iran : "Choisissez ce régime ou nous, le peuple iranien".