Le passage aux Philippines du typhon Haiyan, l'un des plus puissants à s'être jamais produits sur la planète pourrait avoir fait environ 1.200 morts, selon la Croix-Rouge locale. "C'est une évaluation. D'autres (les autorités) doivent faire le comptage" précis des pertes humaines provoquées par cette tempête accompagnée de vagues et de vents d'une force inouïe, a déclaré samedi la secrétaire générale de la Croix-Rouge philippine Gwendolyn Pang. Samedi, le bilan officiel fourni par le gouvernement philippin restait à 138 morts. Hayan a balayé le centre de l'archipel philippin et l'étendue des dommages demeure inconnue : les zones les plus touchées sont toujours coupées du monde, les réseaux d'électricité et de téléphonie ayant été mis hors d'état de fonctionner. Samedi toujours, aucun contact n'avait ainsi pu être établi avec la cité portuaire de Guiuan (40.000 habitants), point d'entrée du typhon dans ce pays, vendredi 8 novembre 2013, à l'aube. Par ailleurs, 800.000 personnes étaient toujours dans des abris. "Ce sont des destructions massives (...) La dernière fois que j'ai vu quelque chose de cette ampleur, c'était à la suite du tsunami dans l'Océan indien" qui avait fait 220.000 morts en 2004, a cependant affirmé Sebastian Rhodes Stampa, chef de l'équipe de l'ONU chargée de la gestion des désastres. Il a fait ces déclarations à Tacloban, la capitale en ruines de la province de Leyte. Tacloban et Palo, dans la même province, sont parmi les villes plus touchées. "Les destructions sont énormes", a renchéri le secrétaire philippin aux Affaires intérieures Manuel Roxas. Le ministre de l'Energie Jericho Petilla, envoyé sur place par le président Benigno Aquino, a évoqué des "centaines" de morts dans la seule agglomération côtière de Palo et ses environs, après avoir survolé en hélicoptère cette région de l'est où vivent plus de quatre millions de personnes. Des survivants hagards Les journalistes de l'AFP présents à Tacloban ont vu des survivants hagards déambulant parmi les décombres et réclamant de l'eau, d'autres ramassant ce qu'ils pouvaient dans ce qu'il restait de leurs habitations. "Ma famille a évacué la maison. Je pensais que nos voisins avaient fait de même, mais cela n'a pas été le cas", a raconté en pleurs Dominador Gullena, un des 220.000 habitants de cette ville. Le gouvernement a dépêché 15.000 soldats dans les zones les plus dévastées, des avions chargés de matériel et des hélicoptères, a indiqué un porte-parole de l'armée. Mais, pour le secrétaire aux Affaires intérieures, "quelle que soit l'aide apportée, ce ne sera pas assez". De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l'ONU, est en train d'organiser le transfert de 40 tonnes d'aide alimentaire et "la Commission européenne a déjà envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer (aux secours) par une aide d'urgence si cela est requis", a fait savoir son président, José Manuel Barroso Chaque année, les Philippines sont touchées par une vingtaine de grosses tempêtes ou de typhons, entre juin et octobre. Cet archipel est la première terre que rencontrent ces tempêtes se formant au-dessus du Pacifique. Le typhon le plus violent de 2012, Bopha, avait lui aussi frappé les Philippines, y faisant quelque 2.000 morts ou disparus sur Mindanao, une île du sud. Evacuations au Viet-Nam Au Vietnam, des évacuations de masse ont commencé dans au moins quatre provinces côtières, selon le site officiel internet d'information VNExpress. "Plus de 200.000 personnes ont été évacuées vers des abris, dont certains sont déjà surpeuplés". Quelque 170.000 soldats ont été mobilisés pour participer aux secours après l'arrivée du typhon, prévue pour dimanche matin. Haiyan devrait avoir un peu perdu de sa vigueur lorsqu'il frappera le Vietnam, mais il pourrait néanmoins y occasionner de graves dégâts, a averti le Premier ministre Nguyen Tan Dung. Le centre de ce pays a récemment été la proie de deux autres typhons, Wutip et Nari, qui avaient fait des inondations et endommagé des centaines de milliers de maisons. "Haiyan est deux ou trois fois plus puissant que Wutip ou Nari et devrait faire plus de dégâts", a déclaré Michael Annear, représentant de la Croix-Rouge au Vietnam où quelque 6,5 millions de personnes pourraient être affectées. Tous les navires ont été rappelés dans les ports et la sécurité renforcée aux barrages hydroélectriques.