Charles Michel, un adepte du compromis aux manettes du Conseil européen

Charles Michel succède ce dimance 1er décembre à Donald Tusk, au poste de président du Conseil européen. A seulement 43 ans, l'ancien Premier ministre belge francophone a pour ambition de faire de l'Europe un partenaire de poids sur la scène internationale.
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Charles Michel
Discours de Charles Michel lors de la passation de pouvoir avec Donald Tusk, à qui il succède au poste de Président du conseil européen. Bruxelles vendredi 29 novembre
AP Photo/Francisco Sec
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Lors de sa passation de pouvoir avec Donald Tusk, Charles Michel a comparé son mandat à un long métrage écrit par le maître du suspense Alfred Hitchcock, qui décrivait le scénario d'un bon film comme "commençant avec un tremblement terre", et dont la tension continue d'augmenter jusqu'au dénouement.
 

Une image qui traduit la mission complexe du nouveau Président du conseil européen. Il devra notamment faire face à la crise de la dette grecque, au Brexit et à la montée des populismes, tout en tentant de retisser le lien distendu entre Berlin et Paris.

"Savoir gérer les crises exige de mettre son ego de côté et d'être en contact permanent avec les dirigeants pour bâtir les compromis en coulisses", soulignait récemment le philosophe néerlandais Luuk van Middelaar.


"La meilleure préparation est d'avoir dirigé une coalition multipartite dans son pays, Charles Michel en conviendra", ajoutait cet ex-collaborateur de M. Van Rompuy, ex-président du Conseil européen, dans le journal flamand De Standaard.

De fait, Charles Michel, avocat de profession, est rompu à l'exercice de la conciliation.

Membre du mouvement libéral belge (centre droit), celui qui entame son mandat de président du Conseil européen a marqué les esprits pour avoir accepté de gouverner en coalition avec la N-VA (nationalistes flamands prônant l'indépendance de la Flandre) il y a cinq ans, en tant que Premier ministre.

Il présente sa démission au poste de Premier ministre en décembre 2018, après l'implosion du gouvernement de coalition, mettant un terme à un mandat pendant lequel on lui aura souvent reproché d'être la marionnette de son ex-secrétaire d'État. Theo Francken (N-VA, nationalistes flamands) était coutumier des propos polémiques sur l'immigration, et rarement recadré.
 

Les débuts du jeune premier de la politique belge


Ministre à 24 ans, Premier ministre à 38, Charles Michel connaît depuis ses débuts en politique une carrière fulgurante.

Le Belge baigne dans la politique depuis son enfance. Né le 21 décembre 1975, originaire de Namur, il est le fils aîné de Louis Michel, l'une des figures marquantes du libéralisme francophone, qui fut vice-Premier ministre et commissaire européen.

Licencié en droit de l'Université Libre de Bruxelles et de "l'Universiteit van Amsterdam", Charles Michel n'attend pas la fin de ses études pour se lancer en politique.

En 1994, âgé d'à peine 18 ans, il est élu conseiller provincial du Brabant wallon. Cinq ans plus tard, il fait son entrée à la Chambre, où il est le benjamin de l'assemblée.

Sa carrière déjà précoce connaît une accession fulgurante en octobre 2000. Il est envoyé au gouvernement wallon où il prend le portefeuille des Affaires intérieures et de la Fonction publique à Jean-Marie Séverin. Il n'a alors que 24 ans et devient le plus jeune ministre de l'histoire du royaume.

C'est en 2011, lorsqu'il conquiert la tête du parti libéral, qu'il devient un homme fort de la politique belge. Il parvient à écarter du pouvoir Didier Reynders, figure de proue de ce mouvement.

Voir ici l'entretien du 29 novembre 2019 de TV5Monde avec Charles Michel.

Figure pro-européenne


Charles Michel fait partie de la jeune génération des leaders pro-européens aux côtés du Français Emmanuel Macron et du Luxembourgeois Xavier Bettel.

Il sera la troisième personnalité à occuper cette fonction depuis sa création en 2009, ainsi que le deuxième Belge. Son compatriote Herman Van Rompuy exerça le premier ce mandat de cinq ans, entre 2010 et 2014.