Fil d'Ariane
“Mon entraînement consistait à analyser de grandes quantités de texte produites en langues naturelles provenant d’Internet, de livres et d’autres choses.” Ce n’est pas un humain qui s’adresse ce mercredi 18 janvier au micro de la matinale de la radio française France Inter. Pourtant, les réponses semblent étonnamment bien construites. “Je suis capable de comprendre et de générer du langage de manière très similaire à un être humain, mais je suis beaucoup plus rapide et efficace pour traiter de grandes quantités de données.” Derrière ce micro, c'est ChatGPT.
ChatGPT, intelligence artificielle, répond aux questions de @Sonia_Devillers sur Nicolas Demorand et Léa Salamé... et tout n'est pas complètement exact. #le9h10inter pic.twitter.com/3hCvSfvEr4
— France Inter (@franceinter) January 18, 2023
“Je suis un programme informatique, je n’ai pas de forme physique ou de visage visible”, complète l’intelligence artificielle. Elle répond par écrit, et la journaliste, Sonia Devillers, lui a choisi une voix de synthèse. Le but de cet outil de dialogue est de “répondre à des questions de suivi, d'admettre ses erreurs, de contester des prémisses incorrectes et de rejeter des demandes inappropriées”, peut-on lire sur le site du logiciel ChatGPT.
Et le langage ne lui permet pas simplement de répondre aux questions d’une journaliste. Il peut écrire des articles, rédiger une dissertation philosophique, ou même écrire une chanson de rap. C’est ce que s'est amusé à faire le média de rap français Raplume et “Le résultat est incroyable”, commente le média depuis son compte Twitter.
Laylow : pic.twitter.com/g9D7g2ZPGn
— RAPLUME (@raplume) December 10, 2022
Alors, ChatGPT est devenue la nouvelle antisèche des étudiants. “Tous mes devoirs d’anglais ont été rédigés avec l’IA et j’ai validé à 14 de moyenne”, assume fièrement Élias au journal Le Parisien, étudiant en école d’ingénieurs de 22 ans. “L'enseignement traditionnel est mort”, ironise un internaute sur son compte Twitter.
Traditional education is dead. pic.twitter.com/bLalouowCG
— Dylan LeClair (@DylanLeClair_) December 10, 2022
Bon compagnon de triche, ChatGPT pourrait aussi s’adonner à des tâches beaucoup plus nobles, en détectant par exemple les signes de la maladie d’Alzheimer, bien avant les spécialistes humains.
Les médecins ont l'habitude d'étudier le langage des potentiels malades pour détecter la maladie. L'idée est d'échanger avec des potentiels malades, et d'analyser la façon dont ils organisent leurs idées et s'expriment spontanément, pour détecter, à travers certaines subtilités, la maladie.“Ces modèles de langage comme GPT3 sont si puissants qu’ils peuvent repérer ce genre de différences subtiles”, explique Hualou Liang, co-auteur d’une étude dans la revue PLOS Digital Health, auteur principal de l’étude “Prédire la démence à partir de la parole spontanée en utilisant de grands modèles de langage”. “Si le sujet est atteint de la maladie d’Alzheimer et que cela se ressent déjà dans le langage, nous espérons pouvoir utiliser le machine learning pour proposer un diagnostic précoce”, précise-t-il au Journal du Geek.
Depuis son lancement fin novembre, les prouesses de ChatGPT suscitent la fascination des internautes. Mais l’Intelligence artificielle n’est pas née avec ChatGPT. Le succès tient en partie à l'habile stratégie marketing de la société à l’origine de sa création, OpenAI, souligne le spécialiste de l'IA, Robb Wilson, fondateur de la plateforme de développement de robots conversationnels OneReach.ai.
"Mettre cette technologie à disposition des experts est une chose", souligne Robb Wilson Wilson. "La proposer via une interface utilisateur et permettre au grand public de jouer avec a été l'élément déclencheur" de la vague d'enthousiasme pour cet outil, poursuit-il. Rien ne dit que l’outil restera disponible, gratuitement et à la portée de tout le monde, tout le temps. D’ailleurs, ChatGPT est actuellement en maintenance. Pour de nouvelles mises à jour.
Il faut dire que les tests réalisé par la matinale de France Inter ce mercredi 18 janvier, laissent à désirer."Tout n'est pas complètement complètement exact dans ce que dit ChatGPT, il y a plein de petites erreurs", analyse la journaliste Sonia Devillers. Chat GPT n'est pas capable de dire si ce qu'il dit est vrai ou faux. Il dit des choses qui sont probables en fonction de toutes les informations qu'il a accumulées.
Le chanteur australien Nick Cave s'en prend lui aux capacités émotionnelles de l'AI. Ses fans avait demandé à l'AI d'écrire un morceau en copiant son style. "Cette chanson, c'est de la merde, se confie-t-il. Les chansons naissent de la souffrance. Elles procèdent d'un combat créatif intérieur complexe et humain, et autant que je sache, les algorithmes ne ressentent rien", a taclé le rocker sur son site en réponse au texte que lui avait soumis son fan.
Même le patron de Twitter et grand technophile, Elon Musk, a partagé un engouement mesuré, face à une telle puissance technologique. “ChatGPT est effroyablement bon. Nous ne sommes pas loin d'une IA dangereusement forte”, s’est-il exprimé sur ses réseaux sociaux.
Dans un échange sur Twitter avec Elon Musk début décembre, Sam Altman, le créateur de Chat GPT, a reconnu que chaque conversation sur ChatGPT coûtait plusieurs centaines de dollars à OpenAI. Selon les estimations de Tom Goldstein, professeur associé au département d'informatique de l'université du Maryland, l'entreprise débourse 100 000 dollars par jour pour son robot conversationnel, soit environ 3 millions de dollars par mois.