Chili: un Parlement équilibré où le futur président devra être conciliant
SANTIAGO, 14 décembre 2009 (AFP) - Le prochain président du Chili héritera d'un Parlement équilibré, avec une fragile majorité pour la gauche au Sénat et pour la droite à la Chambre des députes, ce qui obligera le futur président à composer avec les indépendants, selon les résultats des législatives lundi. Les élections générales de dimanche visaient à désigner un successeur à la présidente socialiste Michelle Bachelet, et à renouveler la totalité de la Chambre des députés et une moitié du Sénat. Au Sénat, la "Concertation", coalition de centre-gauche au pouvoir au Chili depuis 1990, a reconquis une infime majorité, avec 19 sièges sur 38 contre 17 à la droite, et deux indépendants. Le gouvernement de la socialiste Bachelet avait perdu sa majorité au cours de l'actuelle législature, à la suite de défections de sénateurs passés en indépendants. A la Chambre des députés, c'est l'opposition de droite qui a reconquis une majorité, relative, que détenait jusque-là la Concertation: l'Alliance de droite obtient 58 sièges contre 54 au centre-gauche. Trois députés dissidents de la Concertation, trois communistes, et deux indépendants complètent la Chambre basse, suggérant là encore qu'il faudra être conciliant pour légiférer. "Avantage à l'opposition chez les députés, au pouvoir au Sénat: le Congrès (Parlement) reste en situation de match nul", a dit à l'AFP l'analyste politique Ricardo Israel, de l'Université du Chili à Santiago. Cela signifie qu'"aucune loi ne sera approuvée ou rejetée sans l'appui des dissidents et du Parti communiste, ce qui va faire d'eux des figures clefs". Les élections de 2009 ont marqué le retour des députés communistes au Parlement après 36 ans d'absence, depuis la présidence de Salvador Allende (1970-73) renversée par la dictature. Pour la présidentielle, un deuxième tour serré s'annonce le 17 janvier entre le candidat de droite Sebastian Pinera, arrivé en tête dimanche avec 44,03% des voix, et le candidat du centre-gauche, l'ancien président Eduardo Frei, qui a obtenu 29,62%, selon les résultats quasi-complets. pa/pbl/mdr/mr
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: un deuxième tour éminemment serré, un jeune indépendant a la clef
Par Paulina ABRAMOVICH SANTIAGO, 14 décembre 2009 (AFP) - Le succès de Sebastian Pinera au 1er tour de la présidentielle du Chili rapproche la droite du pouvoir, mais un duel serré s'annonce au 2e tour avec son rival de centre-gauche Eduardo Frei, pour capter les 1,37 million d'électeurs de l'indépendant Marco Enriquez-Ominami. Le télégénique député indépendant (ex-socialiste) de 36 ans, révélation politique de l'année 2009 passé en six mois de parlementaire anonyme à troisième de la présidentielle avec 20% des voix, se retrouve en position d'arbitre mais l'attitude de ses électeurs est incertaine. Lui-même a refusé de choisir entre "deux candidats du passé, deux projets d'hier": l'entrepreneur multimillionnaire Pinera, déjà candidat en 2005 et vainqueur dimanche du premier tour avec 44,03% des voix, et Eduardo Frei, président de 1994 à 2000, et distant second à 29,62%. M. Pinera "arrive au second tour avec le vent dans le dos et une marge de bonne augure, mais son chemin n'est pas dégagé", estime l'analyste Hector Soto, de l'Université du Chili à Santiago. "Tout indique que la bagarre pour le second tour va être dure". "Les voix se disputeront une à une", soutient le politologue Ricardo Israël de la même faculté. "Les 14 points d'avance d'écart entre Pinera et Frei ne présagent d'absolument rien". Les analystes chiliens sont d'ailleurs partagés sur le scénario du second tour le 17 janvier, et notamment sur le crucial report des voix d'Enriquez-Ominami. Seule certitude: "Pinera, comme Frei, vont essayer de le conquérir". Selon les estimations courantes, une majorité de son électorat, 50 à 60%, devrait réintégrer la gauche et aller à M. Frei, entre 20% et un tiers pourrait aller à M. Pinera, une part non négligeable refusant de choisir. Ce qui, en misant sur un report des voix du communiste Jorge Arrate (6,21%) au centre-gauche, donnerait autour de 47-49% pour M. Frei et 48-58% pour M. Pinera. Trop serré pour un pronostic. Pour Cristobal Bellolio, politologue de l'Université catholique, "les électeurs d'Enriquez-Ominami ont adhéré à une idée de changement", prônée par leur candidat, de renouvellement du ton et du personnel politique. "Et Pinera semble le mieux placé pour reprendre la bannière du changement", mieux qu'un candidat qui a déjà été chef de l'Etat il y a 15 ans. Rien n'est joué, tempère Patricio Novia, de l'Université Diego Portales. D'une part parce que "la droite, malgré un candidat modéré et moderne, n'a pas été capable de capter la majorité de l'électorat". D'autre part, parce que "si la coalition au pouvoir arrive à entendre les causes du mécontentement au centre et à gauche qui s'est exprimé à travers le vote pour le candidat rebelle (Enriquez), le gros de son électorat ira à Frei". Une clef réside peut-être à la présidence de la République, où la populaire socialiste Michelle Bachelet, qui ne peut se présenter à deux mandats consécutifs en vertu de la Constitution, est tenue à une réserve, mais elle n'est pas sans influence. Une partie de la presse suggère qu'elle a fort intérêt à s'impliquer en soutien d'Eduardo Frei, si elle entend garder le leadership de la coalition de centre-gauche, et pouvoir postuler à la présidence en 2014. L'hypothèse a gagné en crédit lundi avec la nomination de Carolina Toha, la médiatique secrétaire générale du gouvernement, au QG de campagne de M. Frei pour le second tour. Mme Toha, 44 ans, "réprésente les jeunes générations, et une nouvelle manière de faire de la politique", a commenté Mme Bachelet. pa-jlv/pbl/mdr/ycl
© 1994-2009 Agence France-PresseLe Parti communiste chilien de retour au Parlement après 36 ans d'absence
SANTIAGO, 14 décembre 2009 (AFP) - Le Parti communiste chilien revient au Parlement pour la première fois depuis le coup d'Etat il y a 36 ans, avec trois députés élus à l'occasion des élections législatives de dimanche, selon les premiers résultats officiels partiels annoncés pour le gouvernement chilien. "Il y a un nouvel état d'esprit, on a vu la réaction (dans les urnes, ndlr), il y a une nouvelle morale, un nouvel espoir, après tant d'années de lutte nous réussissons à obtenir des résultats et le succès", a dit le président du PC, Guillermo Teillier. La dernière fois que des communistes ont été élus au Parlement du Chili remonte à l'époque du gouvernement du socialiste Salvador Allende, en 1970. Après le coup d'Etat du général Augusto Pinochet en 1973 et la dictature qui a suivi, et malgré le retour à la démocratie dans les années 90, ils n'avaient jamais plus été représentés à la Chambre des députés ou au Sénat. gam/jlv/tlb/mdr/jr
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: Pinera-Frei, face à face au second tour de la présidentielle
SANTIAGO, 14 décembre 2009 (AFP) - Un entrepreneur multimillionnaire de droite modérée, Sebastian Pinera, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle dimanche, affrontera au second tour le 17 janvier un ancien chef de l'Etat démocrate-chrétien, Eduardo Frei, soutenu par la coalition de centre-gauche au pouvoir. - SEBASTIAN PINERA, la droite modérée fait l'affaire A la présidentielle de 2005, Sebastian Pinera avait créé la sensation en devançant au premier tour l'ultraconservateur Joaquim Lavin, annonçant ainsi une relève de la vieille garde de la droite chilienne au profit d'une frange "plus progressiste, pluraliste", selon ses termes. M. Pinera, sportif et souriant, est à 60 ans un homme d'affaires à succès et un travailleur acharné qui entend insuffler ses vertus à la société. Il a promis de créer "un million de nouveaux emplois" et de renforcer la lutte contre la criminalité, mais sans toucher à l'héritage social de la présidente socialiste Michelle Bachelet, à qui il a rendu un prudent hommage. Cet économiste de formation passé par Harvard a fait fortune dans la monétique en introduisant les cartes bancaires au Chili dans les années 80. Ses affaires se sont étendues à l'immobilier, la pharmacie, les médias (avec la chaîne privée Chilevision), à l'aviation (avec un actionnariat dans la compagnie LAN) et au football (en devenant propriétaire du club Colo-Colo). Des intérêts multiples qui lui ont valu d'être qualifié de "Berlusconi chilien" par la gauche. Fils d'un ambassadeur figure de la démocratie-chrétienne, M. Pinera est aussi le frère d'un ex-ministre de l'Emploi du général Augusto Pinochet. Mais il a donné des gages de son engagement démocratique, en votant +non+ au référendum de 1988 sur un maintien au pouvoir du dictateur chilien. Il a ensuite cultivé une image d'homme moderne, allant jusqu'à choquer la droite conservatrice par certaines prises de positions, notamment en faveur de la présence d'homosexuels au sein du gouvernement ou de l'armée. Surtout, il a bénéficié du fait que Mme Bachelet, pourtant très populaire, ne peut briguer un second mandat consécutif, et que son principal rival, Eduardo Frei, a déjà été chef de l'Etat. - EDUARDO FREI, le pedigree court après la popularité Deuxième président (1994-2000) de l'ère post-dictature, le démocrate-chrétien Eduardo Frei, 67 ans, s'est forgé une réputation de gestionnaire sûr, d'homme politique habile, au style sobre et formel. "Certains disent que je suis ennuyeux, rigide et austère. Je ne crois pas qu'il faille être bateleur pour être président...", a-t-il dit. Toutefois, il a joué la décontraction pendant la campagne en tombant la cravate et le costume, les cheveux décoiffés, et a manié l'autodérision, en se moquant notamment de son nez proéminent. M. Frei, ingénieur hydraulique de formation, est issu d'une très sérieuse famille politique qui a déjà donné au Chili un président démocrate-chrétien, Eduardo Frei Montalva (1964-1970). Figure de l'opposition au dictateur Augusto Pinochet, Frei père est mort des suites suspectes d'une hospitalisation en 1982. Un magistrat chilien a inculpé cette semaine six personnes dont quatre médecins pour son assassinat par empoisonnement. Son fils avait été élu au premier tour (57%) en 1993. Son mandat a été considéré comme réussi, marqué par la croissance et les réformes dans le domaine de la justice ou de l'éducation. Mais l'ancien président a souffert cette fois-ci de la comparaison avec le style chaleureux de Mme Bachelet. Malgré son slogan "nouveau Frei 2.0", il a peiné à incarner l'avenir. Il a pourtant essayé de convaincre les Chiliens en affirmant que l'oeuvre sociale du centre-gauche n'est pas finie. Il a également demandé à ses compatriotes d'éviter "le pas en arrière ou le saut dans le vide", en allusion à la droite d'un côté et à la candidature d'un outsider indépendant de l'autre, celle de l'ancien socialiste Marco Enriquez-Ominami dont la jeunesse et la télégénie lui ont fait de l'ombre. bur-pbl/mdr/dm eaf
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: le candidat de droite Pinera, en tête, affrontera Frei au 2e tour
Par Paulina ABRAMOVICH SANTIAGO, 14 décembre 2009 (AFP) - Un multimillionnaire issu de la droite modérée, Sebastian Pinera, et un ex-président soutenu par le centre-gauche, Eduardo Frei, s'opposeront au second tour de la présidentielle au Chili en janvier, selon les résultats officiels partiels du premier tour dimanche. M. Pinera, 60 ans, candidat malheureux en 2005, obtiendrait 44,23% des voix, devançant de 14 points Eduardo Frei, chef de l'Etat de 1994 à 2000, qui recueille 30,5% des suffrages, selon des premiers résultats officiels portant sur 59% du décompte réalisé. Sa victoire au second tour ramènerait la droite au pouvoir pour la première fois après 20 ans de gouvernement de centre-gauche depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990. Le nouveau président remplacera la présidente socialiste Michelle Bachelet, première femme présidente de l'histoire du Chili qui surfe en fin de mandat sur une popularité record à 75-80%, mais ne pouvait briguer un second mandat consécutif, selon les termes de la Constitution. Le candidat indépendant, l'ancien socialiste Marco Enriquez-Ominami, est crédité de 19,39% des voix, en 3e position, devant le communiste Jorge Arrate à 5,86%, selon les résultats officiels partiels annoncés par le vice-ministre de l'Intérieur, Patricio Rosende. Ces résultats considérés comme une projection fiable des résultats finaux au Chili portaient sur un peu plus de 4,2 millions de bulletins de vote dépouillés. Quelque 8,3 millions de Chiliens ont été appelé à voter dimanche. Pour le second tour, des sondages pré-électoraux donnaient M. Pinera vainqueur avec une confortable avance sur M. Frei. Mais tout dépendra du report, jusque là incertain, des voix de M. Enriquez-Ominami, issu de la gauche mais dont l'électorat a aussi mordu à droite. Le communiste Jorge Arrate s'était dit avant le scrutin prêt à un pacte avec Frei pour faire obstacle à la droite. La victoire de M. Pinera, surnommé le "Berlusconi chilien" par ses détracteurs, marquerait le retour de la droite par les urnes, ce qui n'est pas arrivé depuis 51 ans, seule la dictature du général Pinochet de 1973 à 1990 ayant brisé la domination du centre-gauche. "Tant que l'arbitre n'a pas sifflé la fin, il faut jouer la partie jusqu'au bout, mais c'est bien sûr un avantage extraordinaire", s'est félicité dimanche soir le porte-parole de M. Pinera, Andres Allamand. Jorge Pizarro, chef de campagne de M. Frei, a pour sa part assuré que son camp était "très content. Nous obtenons plus de voix qu'on ne voulait bien le dire. Cette élection, comme nous l'avons dit tant de fois, se gagnera voix à voix" au second tour. M. Pinera, homme d'affaires aux intérêts multiples, de la monétique aux médias, en passant par la pharmacie et l'aviation, a promis pendant sa campagne un million de nouveaux emplois. Son patrimoine a été évalué à 1,2 milliards de dollars par le magazine Forbes. "Le Chili n'a pas besoin d'un manager, il a besoin d'un président", a contré M. Frei, démocrate-chrétien qui a promis de poursuivre l'oeuvre sociale du centre-gauche. M. Pinera semble avoir réussi à réunir la droite dès le premier tour, même s'il a choqué une aile conservatrice par certaines de ses positions, notamment en faveur de la présence d'homosexuels dans l'armée et au gouvernement. "Le temps de la Concertation (coalition au pouvoir) est passé", a-t-il martelé pendant la campagne, jouant sur le thème d'une "fin de cycle" après quatre gouvernements de centre-gauche depuis 1990. pa-jlv/pbl/mdr/dm eaf.tmf
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: Pinera voit des “temps meilleurs“, Frei dissuade du “retour au passé“
SANTIAGO, 13 décembre 2009 (AFP) - Le favori de droite à la présidentielle au Chili, Sebastian Pinera, a promis dimanche l'avènement de "temps meilleurs", tandis que son rival de centre-gauche Eduardo Frei a mis en garde contre le "retour au passé" que serait une première victoire de la droite en 20 ans. "Des temps meilleurs arrivent pour le Chili, pour les Chiliens", a déclaré Pinera à la presse, peu avoir voté dimanche matin à Santiago. "Des millions et des millions de Chiliens placent leur espoir dans une vie meilleure avec nous", a-t-il ajouté, reprenant son slogan de campagne "Nous allons vivre mieux". Frei a pour sa part estimé que les Chiliens rejetteraient à la fois "le saut dans le vide et le retour au passé", allusion à ses deux rivaux, le jeune indépendant (ex-socialiste) Marco Enriquez-Ominami taxé d'inexpérience par ses adversaires, et Pinera, dont une victoire ramènerait la droite au pouvoir après quatre gouvernements de centre-gauche depuis la fin de la dictature en 1990. Donné distancé dans les sondages au premier tour, à 13 points au moins derrière Pinera, Frei s'est dit "tranquille, optimiste", convaincu d'être au second tour le 17 janvier et "là, de gagner". Pinera, un entrepreneur multimillionaire de 60 ans, est favori aussi du deuxième tour, selon les sondages, mais les reports de voix restent incertains, notamment celles d'Enriquez-Ominami, mordant à la fois sur la gauche et sur la droite, et qui était crédité de 17% au premier tour. pa-jlv/pbl/ih
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: Michelle Bachelet convaincue qu'“il y aura un second tour“
SANTIAGO, 13 décembre 2009 (AFP) - La présidente socialiste du Chili Michelle Bachelet s'est déclarée dimanche convaincue qu'il y aurait un second tour en janvier à la présidentielle, pour laquelle la droite est favorite après 20 ans de gouvernement de centre-gauche depuis le retour de la démocratie "Nous savons tous qu'il y aura un second tour, que ce premier tour est important, mais qu'assurément nous aurons une journée où se désignera le président de la République" le 17 janvier, a déclaré Bachelet à la presse, après avoir voté dans une école du centre de Santiago. Mme Bachelet, première femme présidente du Chili, ne peut d'après la Constitution se présenter pour un second mandat consécutif. Elle termine son premier avec une popularité record pour un chef d'Etat chilien, à 75-80%. Elle a souligné que cette élection était la 26e, locale ou nationale, depuis le retour de la démocratie il y a près de 20 ans. "Vingt-six élections qui ont été des modèles de tranquillité, de normalité et de transparence, faisant du Chili un pays très respecté", a-t-elle relevé. Sebastian Pinera, un entrepreneur multimillionaire de 60 ans issu de la droite modérée, est favori de la présidentielle, avec 13 points d'avance au premier tour selon les derniers sondages, sur le démocrate-chrétien Eduardo Frei, 67 ans, déjà président de 1994 à 2000, et candidat de la Concertation, la coalition de partis de centre-gauche au pouvoir. mav/pbl/ih
© 1994-2009 Agence France-PresseElections au Chili: la droite favorite pour un retour après 20 ans
SANTIAGO, 13 décembre 2009 (AFP) - Un entrepreneur multimillionaire de 60 ans, Sebastian Pinera, est favori du premier tour de la présidentielle dimanche au Chili, où les sondages prédisent un retour de la droite au pouvoir après 20 ans de gouvernement de centre-gauche depuis la fin de la dictature. Quelque 8,3 millions d'électeurs désignent leur Parlement et chef de l'Etat pour succéder à la socialiste Michelle Bachelet, première femme présidente du Chili, et aussi la plus populaire, avec un taux d'approbation historique en fin de mandat à 75-80%. La Constitution interdit deux mandats consécutifs. Pinera, un candidat de droite modérée battu en 2005 par Bachelet, mène les sondages depuis des mois, avec dernièrement 13 points d'avance (44% contre 31%) sur le démocrate-chrétien Eduardo Frei, 67 ans, déjà président de 1994 à 2000, et candidat de la Concertation, coalition de centre-gauche au pouvoir. Sauf énorme surprise, Pinera et Frei se retrouveront au 2e tour le 17 janvier, avec un avantage prédit au candidat de droite, 49% contre 32%. La clef sera le report des voix de l'indépendant Marco Enriquez-Ominami, ex-député socialiste de 36 ans, fils d'un militant d'extrême-gauche tué sous la dictature, et qui grandit en exil en France. Enriquez, qui a a bousculé en 2009 le paysage politique chilien, est crédité de 17%, un électorat mordant à gauche comme à droite. Le communiste Jorge Arrate, crédité de 7% des voix, s'est engagé à un pacte avec Frei pour faire échec à la droite au 2e tour. Pinera a axé son message sur la création d'emplois, Frei sur des droits sociaux approfondis, mais la campagne n'a pas écorné le consensus sur l'économie sociale de marché, ni sur la prudente ligne macro-économique de Bachelet, avec laquelle nul n'a annoncé de rupture. Le Chili, vedette économique d'Amérique latine de la décennie 2000, sort groggy de 12 mois de récession, mais mise sur une reprise rapide en 2010 (4-5% de croissance) dopée par le regain du cuivre, dont il est premier producteur mondial. Les bureaux de vote ouvrent à 7H00 locales (10H00 GMT) pour neuf heures. Des estimations officielles devraient être connues vers 19H00 (22H00 GMT). bur-pbl/jr
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: le petit-fils de Pinochet candidat député boudé par la droite
SANTIAGO, 11 décembre 2009 (AFP) - Le petit-fils du dictateur chilien Augusto Pinochet brigue un mandat de député aux élections législatives de dimanche, 20 ans après le rétablissement de la démocratie au Chili, mais sa candidature est boudée par les partis de droite. Rodrigo Garcia Pinochet, 33 ans, est candidat indépendant dans la circonscription de Las Condes, Vitacura et Lo Barnechea, quartiers parmi les plus aisés de Santiago et fief historique de la droite, où sa mère Lucia, fille aînée du défunt dictateur, est conseillère municipale de Vitacura depuis 2008. Mais l'alliance des partis établis de la droite a ignoré ses appels du pied, forçant M. Garcia Pinochet à se présenter en indépendant, un pari quasi impossible à gagner dans un système électoral mis en place par son propre grand-père et qui favorise les grands blocs politiques. Pour être candidat, il faut d'abord recueillir au moins 1.000 signatures dans la circonscription visée. "Face à l'attitude négative des partis de droite, j'ai choisi de laisser les gens décider et me soutenir, d'abord par les signatures, et j'espère dans les urnes", a-t-il expliqué à l'AFP, soulignant qu'il avait recueilli "quasiment le triple des signatures" requises. Parmi les petits-enfants Pinochet, Rodrigo était considéré comme le plus proche de son grand-père. Il était à ses côtés, âgé de 10 ans, dans sa voiture blindée visée par un attentat manqué contre le dictateur à Cajon del Maipo (sud de Santiago) en septembre 1986. Faute d'appartenir à un parti déjà représenté au parlement, Rodrigo Garcia Pinochet a dû se contenter dans sa campagne électorale de faire diffuser un mini-clip télévisé de deux secondes, comme les centaines de candidats indépendants entre lesquels le système chilien subdivise le temps d'antenne gratuit. Il a choisi de poser en silence à côté d'un portrait de son grand-père. C'est lui qui "a créé les bases du système politique, économique et social du pays", dit-il du général Pinochet dont le régime (1973-90) a fait plus de 3.100 morts et disparus au Chili. mav/pbl/mdr/sb
© 1994-2009 Agence France-PresseChili: 20 ans après, le legs politique de la dictature encore pesant
Par Paulina ABRAMOVICH SANTIAGO, 12 décembre 2009 (AFP) - Près de 20 ans ont passé depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet au Chili, mais à la veille d'élections générales dimanche, son legs reste palpable dans des lois encore influentes, dans la campagne électorale, voire dans la chair des candidats. Une messe intime jeudi dans une chapelle privée de Los Boldos, domaine familial des Pinochet sur la côte, a célébré le 3e anniversaire de la mort du dictateur à 91 ans dans la plus grande discrétion. Contraste marqué avec la campagne présidentielle, où la dictature s'est invitée, ou l'a été, plus d'une fois. Ainsi le favori du scrutin, le candidat de droite Sebastian Pinera, s'est trouvé en difficulté en novembre -la seule fois peut-être de la campagne- après sa promesse en privé à des ex-militaires de ne pas laisser les procès de la dictature "s'éterniser". Une de ces procédures s'est rappelée aux Chiliens samedi dernier: des milliers de personnes, la gauche au premier rang, ont célébré les obsèques 36 ans après du chanteur communiste Victor Jara, assassiné aux premiers jours de la dictature et inhumé alors à la sauvette. Ses tueurs restent inconnus, malgré l'exhumation de la dépouille pour tests ADN et des aveux -rétractés- d'un soldat de l'époque. Près de 600 procédures restent ouvertes, ou piétinent, sur 3.100 tués et disparus que laissa la dictature (1973-90). Lundi, un coup de théâtre judiciaire l'a encore conviée en premières pages: six personnes ont été inculpées pour l'assassinat par empoisonnement d'Eduardo Frei Montalva, président de 1964 à 1970, puis opposant à Pinochet, mort en 1982 des suites suspectes d'une hospitalisation. Frei Montalva était le père d'Eduardo Frei, candidat du centre-gauche dimanche. La droite a exprimé des soupçons sur le timing de l'annonce à six jours du scrutin. "Mon père est toujours le coupable de tout, et a constitué le meilleur appui pour les campagnes politiques...", a grincé sa fille Lucia, une élue locale de Santiago, en rejetant les accusations concernant Montalva. S'il n'en a pas surjoué, un autre candidat a été façonné par la dictature: Marco Enriquez-Ominami, l'indépendant (ex-socialiste) perdit à un an son père Miguel, militant d'extrême-gauche tué par la police de Pinochet. Il a appelé à voter pour défaire la droite "au nom de Miguel et de ceux qui ne sont plus". Dans ce panorama, la candidature à la députation du petit-fils du dictateur, Rodrigo Garcia Pinochet (33 ans), sans aucune chance en indépendant après avoir été boudé par les partis de droite, est presque anecdotique. Sauf que Garcia, qui revendique l'héritage, clame que c'est son aïeul qui "a créé les bases du système politique, économique et social du pays". Avis partagé par plus d'un analyste. "Depuis le retour à la démocratie, le modèle néolibéral est devenu économie sociale de marché. Mais ses fondations restent celles posées par Pinochet", relève le politologue Patricio Navia. "Son héritage premier est le modèle économique et l'ordre institutionnel". La Constitution a été largement corrigée et démocratisée (en 2005). Mais sa base reste celle de 1980. Et depuis la controversée "loi-canon" réservant à l'armée 10% des revenus du cuivre, jusqu'au système électoral qui bloque les petits partis, "son héritage survit", souligne Mauricio Morales, de l'Observatoire électoral de l'Université Diego Portales. pa-mav/pbl/lb
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