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Des montagnes d'ordures à ciel ouvert aux abords des villages. Voilà ce que Pékin ne veut plus voir. Depuis 1992, la Chine achetait près de la moitié des déchets plastiques du monde, principalement des États-Unis, de l'Union Européenne et du Japon.
Mais noyée sous les déchets du monde, la première destination mondiale du recyclage ferme ses frontières aux rebus venus de l'étranger.
Depuis le 1er janvier 2018, la porte du géant asiatique est fermée à 24 catégories de déchets, dont certains plastiques, papiers et textiles. Une mesure environnementale entrée en vigueur six mois seulement après son annonce, qui déboussole les États-Unis et l'Union Européenne.
La Chine, première productrice et la première consommatrice de déchets plastiques recyclables, produit environ 24% des rejets mondiaux de CO2. Un niveau de pollution responsable de 4 000 décès prématurés par jour, selon plusieurs études.
Face à cette situation, la Chine, devenue numéro un de l'énergie solaire devant l'Allemagne, annonçait en 2017 un plan d'investissements de près de 360 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, d’ici à 2020. Dans le même temps, les États-Unis se désengageaient des accords sur le climat.
Les États-Unis envoyaient, en 2016, à eux seuls près de 16,2 millions de tonnes de papiers et plastiques en Chine, soit plus de la moitié de leurs déchets recyclables. Aujourd'hui, peu d'industriels américains ont la technologie pour traiter ces matériaux. Et les usines de reyclage doivent désormais payer pour se débarrasser de leurs déchets.
Notre industrie subit une grande pression. À un moment où l'on va avoir un tel surplus, nous allons devoir envoyer de plus en plus nos déchets vers des décharges, si nous ne trouvons pas de nouveaux marchés et de nouveaux usages pour les matériaux recyclés.
Darrell Smith, Président de National Waste & Recycling
Le même vent de panique souffle en Europe. Jusqu'à présent, l'Union Européenne exportait la moitié de ses déchets plastiques vers la Chine.
Depuis 1992, près des trois-quarts des déchets plastiques atterrissaient en Chine et à Hong Kong, selon une étude parue dans Science Advances. Depuis le durcissement des critères de recyclage de la Chine, quelles pistes se dessinent ?
Si on n'arrive pas à trouver les marchés pour les matières recyclées, il faut trouver comment les éliminer. Cela peut s'effectuer par conversion énergétique, ou par leur mise en décharge, ce qui est la moins bonne des solutions.
Arnaud Brunet, directeur du Bureau international du recyclage (BIR) à Bruxelles
Pour réduire le volume de déchets à recycler ou brûler, la ville de Washington réfléchit à faire payer les habitants au poids de déchets.
La ville de Seattle a interdit les pailles en plastique. Bientôt, elles devraient aussi disparaître des supermarchés et restaurants français, comme l'a annoncé le ministre français de la Transition Écologique, Nicolas Hulot.
Avant l'interdiction de tout produit en plastique, une autre solution consisterait à incinérer les plastiques afin de les transformer en énergie. Ces dérivés du pétrole, extrêmement inflammables, pourraient aider les États à subvenir leurs besoins en énergie.