Chine : à Shanghai, les premiers morts du Covid-19 depuis le confinement

Ce lundi 18 avril, Shanghai a annoncé que trois personnes sont mortes du Covid-19 dans la ville, depuis le début du confinement strict instauré par les autorités chinoises fin mars. Malgré les mesures restrictives, plusieurs centaines de milliers de cas positifs ont été détectés ces dernières semaines.
Image
Shanghai centre de quarantaine
Dans cette image tirée d'une vidéo, des travailleurs médicaux, en tenue de protection, discutent pendant qu'un stagiaire se repose au Centre national des expositions et des congrès de Shanghai, en Chine, le 15 avril 2022.
AP Photo/Beibei
Partager4 minutes de lecture

La Chine n'a rapporté depuis le début de la pandémie que 4641 décès officiellement liés au coronavirus, un chiffre extrêmement faible eu égard au nombre d'habitants du pays le plus peuplé du monde (1,4 milliard d'habitants).

Une réussite sanitaire attribuée à sa stratégie zéro Covid : confinements dès l'apparition de cas, isolement des personnes testées positives, visas délivrés au compte-goutte, quarantaine à l'arrivée sur le territoire ou encore traçage des déplacements.

Capitale économique du pays, peuplée de 25 millions d'habitants, Shanghai est touchée, depuis plusieurs semaines, par une flambée épidémique liée au variant Omicron, très contagieux. Elle a entraîné un confinement partiel fin mars, puis total depuis début avril.

Malgré des centaines de milliers de cas positifs enregistrés ces dernières semaines, aucun décès n'avait été rapporté jusqu'alors, suscitant certaines interrogations au vu du faible taux de vaccination chez les seniors, une population très exposée.

La mairie de Shanghai a fait état lundi de la mort de trois personnes, âgées de 89 à 91 ans, précisant qu'elles souffraient de maladies sous-jacentes.
Les deux précédents décès annoncés en Chine l'avaient été mi-mars dans la province du Jilin (nord-est), frontalière de la Corée du Nord. Ils étaient les premiers depuis plus d'un an.

(Re) voir : Chine : à Shangaï, la population confinée est à bout de nerfs

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Faible vaccination

De nombreux habitants de Shanghai, confinés, ont des difficultés ces dernières semaines à s'approvisionner en produits frais, notamment en raison du manque de personnes pour livrer les marchandises.

Des vidéos, non vérifiées, de chiens battus à mort car suspectés de pouvoir transmettre le virus ont par ailleurs provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.

Beaucoup de Shanghaïens redoutent également d'être envoyés dans les centres de quarantaine, à l'hygiène aléatoire, où les personnes testées positives, même asymptomatiques, sont envoyées pour y être isolées.

Faute de place, les autorités ont dans certains cas réquisitionné des logements de particuliers pour y placer ces personnes, ce qui a provoqué la semaine dernière des heurts entre policiers et habitants.

Shanghai ne prévoit toutefois aucun assouplissement des restrictions.
Le service de santé municipal a rapporté lundi 22.248 nouveaux cas - à près de 90% asymptomatiques. Faibles comparés au reste du monde, ces chiffres sont très élevés pour la Chine.

Le Parti communiste chinois (PCC) fait du faible nombre de décès un argument politique, montrant qu'il place la vie des habitants au-dessus des considérations économiques, à l'opposé des démocraties occidentales où le coronavirus a emporté d'innombrables vies.

De son côté, le ministère de la Santé souligne qu'un assouplissement trop important des restrictions risquerait de submerger le système sanitaire et de provoquer des millions de morts. Notamment car le taux de vaccination reste faible parmi les seniors: seulement un peu plus de la moitié des plus de 80 ans ont reçu une dose de rappel.

(Re)lire : Covid-19 en Chine : Shanghai à moitié confinée

"Année sensible"

Mais des considérations politiques sont également en jeu, selon de nombreux experts. Le PCC, qui tire en partie sa légitimité de sa gestion de l'épidémie, organisera fin 2022 une grande réunion au cours de laquelle Xi Jinping, le président chinois, devrait obtenir sauf cataclysme un troisième mandat de cinq ans à la tête du Parti. 

"C'est une année sensible et cruciale pour le régime", analyse Lynette Ong, professeur de sciences politiques à l'Université de Toronto (Canada). "La Chine accorde toujours énormément d'importance à la stabilité sociale. Et une crise sanitaire serait potentiellement très perturbatrice dans ce contexte".

Un élément politique forcément pris en compte par les autorités de Shanghai.
Afin d'assurer l'isolement des personnes testées positives, elles ont installé des dizaines de milliers de lits dans des centres d'exposition ou des structures préfabriquées, ces dernières semaines.

Les autorités ont toutefois assoupli une politique, très controversée, consistant à séparer les enfants positifs au coronavirus de leurs parents testés négatifs. 

Le confinement de Shanghai, où transite une grande partie du commerce extérieur chinois, continue de peser lourdement sur l'économie, notamment en matière de production et de transport.