L'hiver du Printemps
Aucune allusion, aucune image ni rassemblement, aucun propos sur les "évènements" n'est autorisé. La censure et la répression veillent. Il y a 25 ans, le régime communiste employait les grands moyens pour stopper le vent libertaire qui soufflait sur la place Tiananmen. Depuis lors, le printemps de Pékin croupit dans un hiver médiatique qui dure depuis un quart de siècle. Internet, ses réseaux sociaux, ses blogs et ses images à foison n'existaient pas en Chine en 1989. Pour l'occasion, "magie" de la censure, ils continuent à ne pas exister, ou si peu, ce mercredi 4 juin. La communauté des centaines de millions d'internautes chinois, la première du monde, cherchera donc en vain des informations sur ces journées tragiques. Google est inutilisable, ainsi que Gmail et Google image. Le géant américain assure n'être pour rien dans ces blocages techniques. Et impossible pour les internautes de se rabattre sur Twitter, YouTube ou Facebook : ils sont interdits en Chine.
Le Figaro rapporte que les étudiants étrangers des universités pékinoises ont même reçu, il y a plusieurs jours, une aimable circulaire. Ils ont été fermement invités pour un voyage d'études gratuit en Mongolie-Intérieure destiné, sans rire, à
"enrichir l'expérience des étudiants et à accroître les échanges entre étudiants et professeurs. Tous les étudiants étrangers doivent assister à ce séjour d'études. Merci pour votre coopération".
Dans les rues, à mesure que se rapprochait la date fatidique, les policiers se faisaient plus nombreux tandis que plusieurs organisations de défense des Droits de l'Homme rapportaient nombre d'arrestations "préventives", une soixantaine selon Amnesty International, loin des caméras et hors de toute procédure judiciaire. On ne doit pas parler de ce sujet "sensible". Et gare à celles et ceux qui oseraient braver cette interdiction. Ainsi, l'artiste sino-australien Guao Jian, a été arrêté au lendemain de la parution d'un article du Financial Times. Gao Jian avait évoqué devant des journalistes la représentation de l'une de ses dernières œuvres : la place Tiannanmen recouverte de 160 kilos de viande hachée.
Difficile à digérer pour Pékin.