Chine : une nouvelle fuite de documents révèle la réalité des camps de détention au Xinjiang
Des documents du pouvoir chinois, obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang en Chine. Plus d'un million de personnes, majoritairement des Ouïghours, y sont incarcérées selon les ONG.
Manifestation à Ankara devant l'ambassade chinoise pour dénoncer la politique d'internement de Pekin au Xinjiang.
AP/Lefeteris Pitarakis
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C'est une source rare que le Consortium international des journalistes d'investigation a dévoilé ce dimanche 24 novembre. Il s'agit d'un mémoire signé par le parti communiste chinois de la région du Xinjiang.
Ce manuel destiné aux directeurs des camps d'internement détaille les méthodes de surveillance des détenus. Ce document permet d'en savoir plus sur les conditions de détention dans ces camps installés dans la région du nord-ouest de la Chine.
En effet, plus d’un million de personnes, principalement d’ethnie ouïghoure y sont internées. Le tort de ce peuple turcophone et musulman ? Contester la main-mise de Pékin sur le Xinjiang. Le pouvoir chinois récuse ce chiffre et évoque des « centres de formation professionnelle » destinés à lutter contre la radicalisation islamiste.
Selon des ONG, plus d'un million de personnes sont emprisonnés dans le Xinjiang dans des camps.
AP/ Ng Han Guan
Les règlements y sont draconiens. Les camps doivent opérer un contrôle physique mais aussi mental et idéologique sur les détenus. Le mot d'ordre de ces documents est simple : empêcher toute évasion par tous les moyens. Chaque batiment à l'interieur de la prison est entouré d'un mur d'enceinte en plus du mur d'enceinte principal du camp d'internement. Une vidéosurveillance complète doit être établie dans les dortoirs et les salles de classe, sans aucun angle mort, de façon à ce que les gardiens puissent exercer leur surveillance en temps réel, enregistrer les choses dans le détail et rapporter immédiatement tout ce qui se passe.
Le contrôle physique des détenus est poussée à l'extrême. Tout est régenté. Les places dans la file d'attente au réfectoire sont ainsi réservées, numérotées et identifiées.
Un contrôle physique et mental des détenus
Chaque nouveau prisonnier, selon les sources présentées par le Consortium des journalistes, doit attendre un an avant de pouvoir demander sa libération ou un assouplissement de ses conditions de détention. Un prisonnier peut être gardé en détention indéfiniment.
Selon le Guardian, quotidien britannique membre du Consortium, une perspective de libération doit passer par une forme de réeducation idéologique. Chaque détenu est inscrit dans un système de notes, censé mesuré la "transformation idéologique", "l'acceptation de la discipline" et le désir de suivre les "cours"idéologiques des détenus.
En cas de mauvaise note, les prisonniers sont punis, mis à l'isolement et n'ont pas la possibilité de joindre une fois par mois par téléphone leurs familles.
Mesurer la "transformation idéologique" des détenus
Une bonne note ne garantit pas pour autant une remise en liberté. Les détenus obtenant de "bons résultats" sont alors envoyés encore dans un autre camp pendant 6 mois pour suivre des "formations par le travail" afin de tester définitivement leur transformation.
En dehors des camps, l'ONG Human Rights Watch avait déjà dénoncé la surveillance quotidienne instaurée au Xinjiang grâce à une application mobile des habitants de la région.
Le New York Times avait déjà réussi à se procurer 400 pages de documents internes au pouvoir chinois.