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Chine : Xi Jinping s'inscrit dans la Constitution

Xi Jinping va rester au pouvoir aussi longtemps qu'il le souhaite. En deux semaines, le président chinois est parvenu à annoncer et imposer un projet de loi modifiant la Constitution de 1982. Sa pensée y figure désormais aux côtés de celle de Mao tsé-Toung. 
 

A 64 ans, le président chinois le plus puissant depuis au moins un quart de siècle pourra rester à la tête de l'Etat au-delà du terme prévu de 2023. Le Parlement vient d'abolir, ce dimanche, la limitation des mandats présidentiels. Xi Jinping peut désormais imposer sa vision à long terme d'une superpuissance toujours plus soumise au Parti communiste.

Par 2958 voix pour, deux contre et trois abstentions, les députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ont sans surprise plébiscité un changement de la Constitution, qui limitait les mandats présidentiels à deux fois cinq ans. La majorité des deux tiers était requise.

Xi Jinping, nouveau théoricien du régime

L'amendement fait aussi entrer "la Pensée Xi Jinping" dans la Constitution - jusqu'à présent, le seul dirigeant à figurer dans la Constitution était Mao Tsé-toung. Le "rôle dirigeant" du Parti communiste chinois (PCC) se trouve désormais inscrit dans son article premier. Une disposition qui peut laisser entrevoir une recrudescence de la répression à l'encontre des opposants au régime qui s'avisent de contester la mainmise du PCC sur le pouvoir. Ils pourraient désormais se voir accusés d'atteinte à la Constitution.

Depuis son arrivée à la tête du PCC, fin 2012, puis de l'Etat début 2013, Xi Jinping a encore accru l'autorité du régime et mis au pas la société civile, à grands renforts de propagande et d'une omniprésence dans les médias d'Etat. Héraut de la "grande renaissance de la nation chinoise", Xi Jinping cherche à incarner face à l'Occident la revanche d'une superpuissance moderne et respectée à l'horizon 2050. Mais sans concession aux libertés individuelles. Une loi réprime sévèrement la dissidence sur internet, des défenseurs des droits de l'homme ont été condamnés à de lourdes peines et le militant démocrate Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix 2010, est mort en détention malgré les appels à la clémence venus de l'étranger.

Retour en arrière

L'ambition du président chinois de se maintenir à la tête de l'Etat au-delà du terme prévu de 2023 est peut-être l'événement le plus inattendu en près de trois décennies d'un régime politique qui, normalement, évite les surprises. Annoncé il y a tout juste deux semaines, ce projet de loi a stupéfié une partie de l'opinion publique, mais les critiques qui ont circulé un temps sur les réseaux sociaux ont été promptement effacées par les censeurs.

A l'ère de l'internet et de la mondialisation, un nouveau tyran à la Mao se lève sur la Chine
Hu Jia, dissident


La limite de deux mandats avait été imposée dans la Constitution de 1982 par l'homme fort de l'époque, Deng Xiaoping, afin d'éviter un retour au régime dictatorial de l'ère Mao Tsé-toung (1949-76). "Quarante-deux ans plus tard, à l'ère de l'internet et de la mondialisation, un nouveau Grand leader, un nouveau tyran à la Mao se lève à nouveau sur la Chine", dénonce le dissident Hu Jia, en "vacances forcées" dans le sud du pays, où les autorités l'ont emmené à l'écart de Pékin à l'occasion de la session plénière annuelle de l'ANP.

S'ils n'ont pas osé contrecarrer le changement constitutionnel, certains députés pourraient laisser échapper leur mauvaise humeur d'ici à la fin de la session le 20 mars, prévoit le spécialiste de la politique chinoise Willy Lam, de l'Université chinoise de Hong Kong.