L'ancien député de Guadeloupe, et président de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe, Joël Beaugendre a témoigné devant la commission d’enquête parlementaire sur les conséquences sanitaires et environnementales de la présence des pesticides Chlordécone et Paraquat aux Antilles, le 19 septembre dernier.
Ses révélations choc ont poussé le procureur de la République de Pointe-à-Pitre à ouvrir une enquête préliminaire. L'ancien député a en effet déclaré, sous serment, que des stocks de chlordécone avaient été enfouis au Jardin d’Essai, aux Abymes (Guadeloupe), en quantité inconnue. Le site accueille aujourd’hui un lycée.
Le pesticide chlordécone, utilisé pour lutter contre un charançon de la banane a été interdit aux États-Unis, dès les années 1960, car classé comme "cancérigène possible". Aux Antilles, il a été épandu jusqu'en 1993 en vertu d'une dérogation gouvernementale.
Le chlordécone est suspecté d’être à l’origine de cancers de la prostate, très nombreux aux Antilles. Selon une enquête de Santé Publique France, datant de 2018, 5 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont contaminés à la chlordécone, et les sols sont pollués pour au moins quatre cents à sept cents ans.
En début d’année, le président Emmanuel Macron avait créé la polémique en déclarant qu’il ne “fallait pas dire que ce pesticide était cancérigène, parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs”, soulevant l’indignation des élus et de la population antillaise. Dans un communiqué officiel, deux scientifiques, Pascal Blanchet et Luc Multigner, avaient déclaré que leur propre étude menée en 2010 démontrait déjà que “l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate”.
D'après la chaîne Guadeloupe 1ère, il reste néanmoins des zones d'ombres dans le témoignage de Joël Beaurgendre. En effet, aucune trace de courrier émanant de l'ancien maire de Capesterre Belle et demandant aux autorités de faire des fouilles n'existe dans le rapport rédigé par Joël Beaugendre lui-même en 2005, ou dans ses annexes.
Cet été, en juillet, une plainte a été déposée contre X pour "violation des obligations de conservations des archives publiques", "détournement d'archives publiques", "corruption active" et "recel", suite à la disparition d'archives.
L'enquête a été confiée à la gendarmerie et une nouvelle audition de Joël Beaugendre devrait avoir lieu “dans quelques semaines”, selon le procureur Xavier Bonhomme.