L'acteur égyptien Omar Sharif est mort d'une crise cardiaque à 83 ans, au Caire. Il était devenu une légende du cinéma grâce à ses rôles dans "Lawrence d'Arabie" et "Docteur Jivago".
"Il est mort cet après-midi d'une crise cardiaque au Caire. Il était dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer", a déclaré, ce vendredi 10 juillet, son agent Steve Kenis, depuis Londres.
Né à Alexandrie, en Egypte, dans une famille de négociants en bois précieux d'origine syro-libanaise, Omar Sharif se fait remarqué par Youssef Chahine en 1954. Ce dernier le fait tourner dans "Ciel d'enfer" avec la star égyptienne Faten Hamama. Mariés un an plus tard après la conversion de l'acteur à l'islam, ils ont un fils, Tarek.
Carrière internationale
Omar Sharif devient une vedette internationale dans les 1960 dans le célèbre film de David Lean, "Lawrence d'Arabie"
(1962). A Hollywood, Omar Sharif décide de se séparer de son épouse car
"entouré de belles femmes, j'étais persuadé que j'allais tomber amoureux d'une starlette et je ne voulais pas l'humilier, ni l'empêcher de refaire sa vie".Incarnation d'un certain "éternel masculin" (titre de son autobiographie parue en 1976), l'acteur à l'élégante moustache et à la voix rauque assurera pourtant n'être plus jamais tombé amoureux et démentira la plupart des conquêtes qui lui seront prêtées.
En 1963, l'acteur obtient le Golden Globe de meilleur acteur dans un second rôle et une nomination aux Oscar pour son rôle dans "Docteur Jivago
" (1965). Il incarnera aussi bien Genghis Khan que Che Guevara et jouera dans des films aussi différents que "Mayerling" (1968) de Terence Young, "Funny girl" (1968) de William Wyler avec Barbara Streisand ou "Les Possédés" (1988) d'Andrezej Wadja. Courroné à Venise pour l'ensemble de sa carrière, il reçoit en 2004 le César français du meilleur acteur pour "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" de François Dupeyron.
La maladie l'avait contraint à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans "Rock The Casbah" de Laïla Marrakci, clôturant une carrière riche de plus de 70 films.
Omar Sharif dans le film Lawrence d'Arabie (1962)
Flambeur, nomade...
Rarement satisfait de ses prestations
("je suis content de dix secondes dans un film et de dix secondes dans un autre", disait-il), l'acteur confiera avoir tourné
"beaucoup de mauvais films" par nécessité. Car loin des plateaux de tournage, Omar Sharif est un flambeur. Joueur de bridge professionnel, amateur de courses hippiques, il fréquente assidûment les casinos pour tromper sa
"solitude", disait-il.
"Tout l'argent que je gagne, je le perd. Quand j'ai de l'argent, je suis obligé de le dépenser, mais ça ne me gêne pas de ne pas en avoir", assurait-il. Pour payer ses dettes de jeux, il devra même vendre en urgence le seul appartement qu'il ait jamais possédé, à Paris.
Omar Sharif, dont l'humour était aussi fin que le caractère ombrageux, préférait d'ailleurs mener une vie de
"nomade". "Je suis le seul acteur au monde qui suis étranger partout. J'avais ma valise, j'allais dans les hôtels" de luxe, comme
"invité", racontait-il.
Omar Sharif dans le film Docteur Jivago (1965)