Cinéma : merci monsieur Claude-Jean Philippe !

Claude-Jean Philippe était l'une des figures les plus marquantes de la cinéphilie française. Il est mort ce dimanche à l'âge de 83 ans. Producteur, présentateur du Ciné-club à la télé, son érudition généreuse a permis à des millions de téléspectateurs de découvrir et d'aimer les grands noms du cinéma mondial.
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Claude Jean-Philippe
Claude Jean-Philippe, en octobre 2005, lors de la présentation de son livre consacré au cinéaste Jean Renoir.
(capture écran)
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Il était au cinéma ce que Bernard Pivot est à la littérature. Un passeur, un découvreur, un homme possédé par sa passion. Lui, c'était le cinéma. Ou plutôt, les  cinémas. Il évoquait Carné, Lubitsh, Lang, Capra, Kurosawa ou Satyajit Ray avec une même flamme heureuse au fond des yeux.
Et l'on se régalait.
Il était presque minuit. On attendait le générique du Ciné-club,  sa fameuse signature musicale et sa farandole de visages célèbres :


Oui, pendant plusieurs décennies, sur Antenne 2 puis sur France 2, (chaîne publique de la télévision française NDLR), cet homme rond et vibrant de passion parvenait en quelques phrases à déclencher la curiosité du téléspectateur. Sa culture cinéphilique était immense et ce don de résumer l'essentiel à la faveur d'une anecdote savoureuse nous révélait notre condition de cancre du 7ème art.

Claude-Jean Philippe ne disposait que de quelques minutes pour "accrocher" le spectateurs. Il excellait. Il était un peu le "dessert" des amoureux d'Apostrophe, cette émission littéraire dont on mesure aujourd'hui combien elle fut vitale pour notre culture... et notre plaisir.  Claude- Jean Philippe ou l'invitation au voyage sur un navire de celluloïd.
Il en était le capitaine.
Ecoutons-le évoquer la mémoire du cinéaste Jean-Renoir :


La radio était aussi son élément. En 1976, il crée le Cinéma des cinéastes sur France Culture. L'idée de l'émission est désarçonnante de pertinence : faire entendre la voix de ceux qui font le cinéma. Entre 1976 et 1984, cette émission hebdomadaire accueillera les plus grands réalisateurs. Pas de jour férié pour cet homme vibrant d'émotions !

Le dimanche matin, on pouvait le croiser au cinéma L'Arlequin à Paris. Encore et toujours, tel un infatigable avocat, il défendait les films de sa vie.

Le virus du cinéma, il l'avait attrapé dans les salles obscures du Maroc pendant son enfance où il créera, à 18 ans, son premier ciné-club. A Paris, il intègre l'IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) mais ne réalisera pas de long métrage de fiction. Se sentait-il "écrasé" par ses maîtres cinématographiques ? Sans doute. Il réalisera et produira des documentaires et des émissions pour le petit écran "Il y a des films dont vous faites le tour. Et les autres. Comme la femme que vous aimez, ils ne cesseront jamais de vous surprendre" disait-il.
Merci Claude-Jean Phillipe. Vous nous avez surpris. Et l'on vous aime toujours.