Cinq millions d’enfants sont morts en 2021 dans le monde avant l’âge de cinq ans

D’après les estimations contenues dans deux rapports distincts de l’ONU publiés ce mardi, 5 millions d’enfants sont morts en 2021 dans le monde avant leur cinquième anniversaire, et 1,9 millions de bébés sont mort-nés au cours de la même période. Les deux rapports – « Niveaux et tendances de la mortalité infantile » et « Jamais oublié. La situation de la mortinaissance dans le monde » - sont les premiers d’une série de données importantes publiées en 2023. Au cours de l’année, l’ONU devrait également publier les chiffres de la mortalité maternelle dans le monde.
 
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Roumanie
Une femme allume des bougies en toile de fond de centaines d'hommages déjà allumés et placés sur des marches, lors d'un événement marquant la Journée internationale du souvenir de la grossesse et de la perte d'un nourrisson à Bucarest, en Roumanie, le 15 octobre 2014.
© AP Photo/Vadim Ghirda
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Selon l’UNICEF, le taux de mortalité infantile désigne la probabilité, pour un enfant, de décéder avant son premier anniversaire (il est exprimé pour mille naissances). Il se distingue du taux de mortalité néonatale qui concerne la probabilité de mourir au cours des 28 premiers jours de vie, et du taux de mortalité des moins de cinq ans, qui désigne la probabilité de décéder entre la naissance et le jour de son cinquième anniversaire. La mortinatalité désigne quant à elle les enfants nés sans vie après une période de grossesse donnée (6 mois en France).

Une situation alarmante

Dans son rapport 2022 sur la mortalité infantile, le Groupe inter-agences des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile (UN IGME), estime que 5 millions d’enfants de moins de cinq ans sont décédés en 2021 dans le monde. Et parmi, un peu moins de la moitié, soit 2,3 millions, sont des nouveau-nés. Par ailleurs, les auteurs du rapport estiment que 2,1 millions d’enfants et de jeunes âgés de 5 à 24 ans, dont 43% d’adolescents, sont décédés sur la même période à travers le monde.

« Malheureusement, estiment les auteurs du rapport, ces décès étaient pour la plupart évitables grâce à des interventions généralisées et efficaces telles que l'amélioration des soins au moment de la naissance, la vaccination, les compléments alimentaires et les programmes d'eau et d'assainissement. »

Les enfants nés en Afrique subsaharienne sont soumis au risque le plus élevé de décès infantile dans le monde.

Experts de l'ONU

 

Les chiffres qui précèdent sont très proches de ceux qui avaient été communiqués en 2019 et en 2020, notamment par l’UNICEF. Les rapports qui viennent d’être publiés précisent pourtant que le taux mondial de mortalité des enfants de moins de cinq ans a diminué de 50% depuis le début du siècle. Et dans le même ordre d’idée, les taux de mortalité des enfants plus âgés et des jeunes ont baissé de 36%, tandis que le taux de mortinatalité a été réduit de 35%.

Des résultats positifs qui peuvent être attribués à l’augmentation des investissements dans le renforcement des systèmes de santé primaires au profit des femmes, des enfants et des jeunes. Malheureusement, depuis 2010, les progrès en la matière sont si faibles que 54 pays ne parviendront pas à atteindre les objectifs de développement durable en matière de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

Tchad malnutrition
Sur cette photo du 31 octobre 2012, un bébé dont la poitrine porte les cicatrices d'un traitement traditionnel pour les nourrissons malades, se repose dans une clinique locale de malnutrition, à Nokou, dans le centre-ouest du Tchad.
© AP Photo/Rebecca Blackwell

Si des mesures rapides ne sont pas prises pour améliorer les services de santé, préviennent les experts, près de 59 millions d’enfants et de jeunes mourront avant 2030. Cependant, tous ces chiffres globaux cachent d’importantes disparités régionales. Les chances de survie des enfants restent en effet très différentes selon leur lieu de naissance.

Et de ce point de vue, précise le dernier rapport du Groupe inter-agences des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud supportent la plus lourde charge. Si elle ne compte que 29% des naissances vivantes dans le monde, l’Afrique subsaharienne a enregistré 56% de tous les décès d’enfants de moins de cinq ans en 2021, tandis que l’Asie du Sud comptait 26% de ce total. D’après les auteurs du rapport : « Les enfants nés en Afrique subsaharienne sont soumis au risque le plus élevé de décès infantile dans le monde – 15 fois plus élevé que le risque pour les enfants d’Europe et d’Amérique du Nord. »

Des décès qui peuvent être évités

Les deux rapports nous apprennent également que l’épidémie de COVID-19 n’a pas directement augmenté la mortalité infantile. La principale raison à cet état de fait étant que les enfants ont moins de chances de mourir de la maladie que les adultes. En revanche, la pandémie peut avoir accru les risques futurs pour leur survie. Et de ce point de vue, les auteurs du rapport pointent du doigt les risques de perturbations des campagnes de vaccination, des services de nutrition et de l’accès aux soins de santé primaires, susceptibles de compromettre la santé et le bien-être des enfants durant de nombreuses années.

Et s’agissant plus particulièrement de la mortinatalité, les auteurs du dernier rapport des Nations Unies estiment que 1,9 millions de bébés sont mort-nés en 2021 dans le monde à 28 semaines ou plus de gestation. Et deux ces bébés sur cinq sont victimes de mortinaissance intrapartum, autrement dit, ils sont morts pendant le travail.

Inde
Sur cette photo d'archive du 4 février 2011, des femmes tiennent la main d'un nouveau-né à l'hôpital pour femmes du district de Mohan Lal Gautam, à Aligarh, dans l'État d'Uttar Pradesh, au nord de l'Inde.
© AP Photo/Mustafa Quraishi

La plupart de ces décès peuvent évidemment être évités, à condition que les femmes aient accès à des soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement. D’ailleurs, les auteurs du rapport précisent que l’accès à des soins de santé de qualité et leur disponibilité restent une question de vie ou de mort pour les enfants un peu partout à travers le monde. C’est en effet au cours des cinq premières années de leur existence qu’interviennent la majorité des décès d’enfants, dont la moitié au cours du tout premier mois de vie. Et pour les enfants les plus jeunes, les naissances prématurées et les complications pendant le travail sont les principales causes de décès. Et lorsqu’ils survivent au-delà de leurs 28 premiers jours, les maladies infectieuses telles que la pneumonie, la diarrhée et le paludisme constituent les plus grandes menaces pour les bébés.

Le risque qu’une femme ait un bébé mort-né en Afrique subsaharienne est sept fois plus élevé qu’en Europe et en Amérique du Nord.

Experts de l'ONU

Et comme pour la mortalité infantile, le rapport du Groupe inter-agences des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile nous apprend qu’il existe ici aussi d’importantes disparités dans les taux de mortinatalité à travers le monde. Ainsi, l’Inde, suivis par le Pakistan, le Nigeria, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie et enfin le Bangladesh, concentrent le plus grand nombre de mortinaissances au monde. A eux seuls, ces six pays représentent près de la moitié du total mondial estimé des mortinaissances, mais aussi 36% des naissances vivantes dans le monde en 2021.

Plus globalement, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud concentrent une fois de plus l’essentiel des mortinaissances au monde. En 2021, 77% de l’ensemble des mortinaissances se sont en effet produites dans ces deux régions. Et les experts de l’ONU affirment que : « Près de la moitié de toutes les mortinaissances ont eu lieu en Afrique subsaharienne. Le risque qu’une femme ait un bébé mort-né en Afrique subsaharienne est sept fois plus élevé qu’en Europe et en Amérique du Nord. »