Climat : l'ONU veut promouvoir son “agenda des solutions“

Image
Climat : l'ONU veut  promouvoir son  “agenda des solutions“
Laurent Fabius, la militante Jane Goodall, Ségolène Royal, Ban Ki-Moon portant la casquette de l'ONU, derrière, l'ex-président Al Gore à New York, le 21 septembre 2014
(AFP)
Partager5 minutes de lecture
Alors que la presse internationale doute de l'utilité d'un tel sommet sur le climat à New-York, l'ONU et les États misent sur les industriels et la société civile pour diminuer leurs rejets de CO2 et proposent un "agenda des solution". A quinze mois de la Conférence de Paris, la France souhaite un accord applicable à tous doté d’une force juridique contraignante.
Mesurer la volonté des uns et des autres "Il est maintenant temps d'agir" a exhorté Ban KI-moon, secrétaire général de l'ONU. John Kerry, le secrétaire d’État américain y voit, lui, "le plus grave défi de notre planète. Il y a des endroits dans le monde où l'on s'entretue pour de l'eau à cause de la sécheresse" appuyait-il, lors d'une conférence à New York. Pourtant, à quelques heures de l'ouverture du sommet des Nations unies sur le climat, Le Wall street Journal avouait clairement son pessimisme : "Les principaux pollueurs de la planète ont refusé de participer, voire de faire une simple apparition. Alors que la Chine est depuis 2008 le numéro un des émissions de dioxyde de carbone, son président Xi Jinping ne fera pas l'honneur de sa présence à la réunion onusienne. Bien que présent à New York, le nouveau Premier ministre indien Narendra Modi (dont le pays occupe la troisième place en termes d'émissions) boudera les discussions sur le climat. Vladimir Poutine, le président de la Russie (numéro 4) a d'autres priorités ces temps-ci, et le Japon (numéro 5) se montre peu coopératif depuis la catastrophe de Fukushima" . L'heure est pourtant cruciale. Si la maison brûle toujours, il est désormais impossible de regarder ailleurs.  Les émissions mondiales de CO2 ont atteint 35,1 milliards de tonnes en 2013, en progression de 29 % sur les dix dernières années. Il s'agit  de contenir le réchauffement climatique de la planète à 2 degrés maximum d'ici la fin du siècle, quand les émissions actuelles de gaz à effet de serre nous promettent un réchauffement de 4 degrés environ. Pour Laurent Fabius, Ministre français des Affaires étrangères,  un tel "dérèglement climatique auraient des conséquences absolument épouvantables". Aussi, l'ONU entend désormais adopter une autre stratégie.  Lors de ce sommet extraordinaire des chefs d’États sur le climat, il sera proposé un "agenda des solutions". L'idée est simple : s'appuyer fortement sur les industries, les ONG et les collectivités locales pour atteindre l'objectif de réduction de gaz à effet de serre. Rappelons que ce sommet n'est pas censé être une session de négociation, mais les participants devraient annoncer des engagements qui faciliteront un accord contraignant à la conférence de Paris fin 2015. L'objectif est avant tout "de mesurer la volonté des uns et des autres d'agir sur le climat" expliquait Christiana Figueres, la responsable climat de l'ONU.
Climat : l'ONU veut  promouvoir son  “agenda des solutions“
La COP21 sera organisée à Paris, sur le site Paris-le Bourget qui présente sur le plan logistique la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, la société civile et les médias.
Paris 2015 Pour Laurent Fabius, la Conférence Paris Climat (Cop21) sera "le principal évènement diplomatique" de 2015. "La crise économique ne facilite pas la prise en compte du long terme" et la "croissance des classes moyennes partout dans le monde et notamment dans les pays émergents entraîne mécaniquement une hausse de la consommation d'énergie", a-t-il expliqué. Il a salué en revanche les efforts entrepris par la Chine et les États-Unis, deux des plus gros pollueurs. Barack Obama a notamment annoncé un objectif de réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques d'ici 2030 par rapport à 2005. La France ne fait pas mystère de ses ambitions. Avec cette conférence,  "la volonté française est de passer d’un partage du fardeau à un partage des solutions : la France travaille à un Agenda des solutions afin de porter en amont de la conférence un discours plus positif. L’accord devra en effet mettre en œuvre un changement de paradigme, prenant en compte le défi climatique non comme un nécessaire « partage du fardeau » des émissions, mais également comme une opportunité de créations d’emplois et de richesses, d’invention de nouveaux modes de production et de consommation." Pour le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cité dans les Inrokuptibles,  "Il faut mettre un accord sur pied pour l’après-2020. Le projet est très ambitieux puisque l’on veut limiter le réchauffement à 2 degrés à l’horizon 2050 à l’échelle de la planète, diviser les réductions de gaz à effet de serre par deux voire par trois et que cela continue par la suite pour arriver quasiment à une neutralité carbone (0 émission) vers la fin du siècle."
Climat : l'ONU veut  promouvoir son  “agenda des solutions“
Dimanche à Paris, lors de la marche pour le climat
Mylène Girardeau (TV5Monde)
1 milliard de dollars A New-York, des dizaines de chefs d’État ou de gouvernement représentant plus de 120 pays vont s'exprimer à la barre de l'ONU. François Hollande disposera de 4 minutes et devrait annoncer le montant que la France souhaite consacrer au Fonds vert pour le climat, ce mécanisme financier de l'ONU qui transfère les fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. L'enveloppe française pour mettre en place des projets atteindra près d'un milliard de dollars. Et il y a d'ores et déjà des signes encourageants. Ainsi la famille Rockefeller, dont le fond d'investissement pèse 840 millions de dollars, et qui vient d'annoncer qu'elle renonçait à certains investissements dans les énergies fossiles, le charbon et les sables bitumineux. Un geste bientôt relayé par d'autres ? En attendant, les experts du Global Carbon Project (GCP) ont déjà rendu leur rapport et leur bilan est sans appel : " Au rythme actuel, l’humanité aura épuisé dans 30 ans son «quota» restant d’émissions de CO2 pour limiter à 2°C le réchauffement planétaire d’ici à la fin du siècle." Oui, plus que jamais, la maison brûle...