Climatosceptique, ultralibéral et anti-avortement, Javier Milei est le nouveau président-élu argentin

Javier Milei a remporté ce dimanche 19 novembre l'élection présidentielle en Argentine. A 53 ans, cet économiste ultralibéral entend mettre "fin à la décadence", et sortir le pays d'une crise économique. En Argentine, l'inflation a atteint 143% sur un an et 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. 

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Milei tronconneuse

Javier Milei brandit une tronçonneuse, pendant un meeting présidentiel, à la Plata, en Argentine, le 12 septembre 2023. Le désormais président-élu utillise une tronçonneuse pour symboliser les coupes qu'il prévoit d'opérer dans les dépenses publiques. 

AP Photo/Natacha Pisarenko
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Climatosceptique, pro-armes et anti-avortement, Javier Milei a été élu ce dimanche 19 novembre en Argentine. L’économiste ultralibéral de 53 ans, qui se décrit lui-même comme “anarcho-capitaliste” et “antisystème” a obtenu 55,6% des voix, battant l’ancien ministre centriste de l’Economie Sergio Massa. Ce dernier était pourtant donné favori à l'issu du premier tour, qui s’est déroulé le 22 octobre. Arrivé en tête dans 21 des 24 provinces du pays, Milei prendra ses fonctions le 10 décembre. 

Celui qui se fait appeler "le lion", en référence à sa chevelure, est un ancien polémiste connu des plateaux de télévision argentins. Arrivé un politique il y a deux ans, Javier Milei, 53 ans, promet de rendre à l’Argentine sa "puissance mondiale” et de mettre “fin à la décadence”.  

Dans ce pays d’Amérique du Sud, miné par une inflation de 143% sur un an et endetté à hauteur de 44 milliards de dollars (40 milliards d’euros), 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Milei prône de grandes réductions des dépenses publiques, afin de les réduire drastiquement. Souvent muni d’une tronçonneuse lors de ses meetings, pour symboliser les coupes qu’il veut opérer dans le budget de l’Etat, l’économiste ultralibéral souhaite supprimer progressivement les aides sociales, fermer certains ministères comme ceux de la Santé et de l’Education, mais aussi éliminer la banque centrale.  

Dollarisation de l'économie 

Au cœur du programme économique du président-élu figure aussi le remplacement de la monnaie locale, le peso, en constante dépréciation et qui selon lui “ne vaut même pas un excrément”, par le dollar américain.  

En plus de son projet de dollarisation de l’économie, nombre de ses propositions font polémiques. Celui dont le slogan “Vive la liberté, bordel !” a été entonné maintes fois dans les rues de Buenos Aires dimanche soir, prévoit notamment d’interdire l’avortement (légal en Argentine depuis 2021) mais aussi de libéraliser la vente d’armes et d’organes.  

Ouvertement climatosceptique, Javier Milei considère le changement climatique non pas comme une “responsabilité de l’homme”, mais plutôt comme un “cycle”.  

Lorsqu'il évoque le régime de dictature militaire au pouvoir en Argentine entre 1976 et 1983, Javier Milei préfère parler d’une “guerre” opposant des guérillas de gauche et l’Etat. Alors que les organismes des droits humains avancent le nombre de 30 000 morts et disparus, victimes de milices d’extrême-droite soutenues par l’Etat, mais aussi de la police et des militaires, Milei, lui, se réfère au chiffre de 8 753.  

Félicitations de Trump et Bolsonaro 

A Buenos Aires dimanche 19 novembre au soir, ce dernier parlait d’une “nuit historique pour l’Argentine”, devant des milliers de ses partisans. Plus tard dans la soirée, il a été félicité par l’ancien président américain Donald Trump, qui a écrit sur son réseau social Truth Social “Je suis très fier de toi. Tu vas transformer ton pays et faire de l'Argentine à nouveau un grand pays”. Un avis que partage l’ancien président brésilien, Jair Bolsonaro qui a déclaré que “l'espoir brille à nouveau en Amérique du Sud".