Des civils et des militaires ont été tués dans de violents combats qui ont éclaté ce 27 septembre dans la région du Nagorny Karabakh. L'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens, s'accusent mutuellement d'avoir lancé les hostilités. Les séparatistes et le pouvoir arménien annoncent une mobilisation générale. La Russie appelle à un "cessez-le feu immédiat" dans la région. Ankara annonce son soutien à l'Azerbaïdjan.
L’Arménie et l'Azerbaïdjan étaient au bord de la guerre ce dimanche 27 septembre. Des combats meurtriers ont éclaté entre les forces azerbaïdjanaises et la région séparatiste du Nagorny Karabakh soutenue par Erevan.
Les belligérants ont fait état de victimes militaires et civiles. Selon la partie arménienne, une femme et un enfant ont été tués. Le ministère de la Défense du Nagorny Karabakh, soutenu par Erevan indique que "selon des informations préliminaires, 16 militaires ont été tués et plus de 100 blessés" lors de ces affrontements.
Deux hélicoptères azerbaïdjanais ont été abattus, avait indiqué plus tôt le ministère de la défense arménien qui soutient les séparatistes.
Le Nagorny Karabakh est une région sécessionniste d'Azerbaïdjan, peuplée majoritairement d'Arméniens et soutenue par l'Arménie.
Combats meurtriers au Karabakh, l'Azerbaïdjan et l'Arménie au bord de la guerre
Mobilisation générale et loi martiale en Arménie
Après l'annonce des premiers combats ce dimanche matin, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a décrété
"la mobilisation générale" et l'instauration de
"la loi martiale", tout comme les autorités du Karabakh.
Plus tard dans la journée, dans un entretien à la télévision il a souligné la gravité de la situation :
"Nous sommes au bord d’un conflit d’importance dans le sud du Caucase qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles. Ce conflit pourrait déborder des frontières, s’étendre et menacer la sécurité internationale et la stabilité." Il a critiqué l'attitude de la Turquie
"Le comportement agressif de la Turquie, qui a eu une manifestation très dangereuse durant les évènements de juillet dernier et continue à ce jour, nous inquiète particulièrement. Le fait que la Turquie maintienne cette position est porteur des conséquences les plus dévastatrices pour le Caucase du Sud et les régions voisines. La communauté internationale doit prévenir l’évolution dangereuse de ces évènements et ralentir toute tentative de déstabilisation de la région."Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a lui aussi promis la victoire.
"L'armée azerbaïdjanaise combat aujourd'hui sur son territoire, défend son intégrité territoriale, porte des coups dévastateurs à l'ennemi. Notre cause est juste et nous allons vaincre", a-t-il dit, dans un discours à la télévision.
L'Azerbaïdjan a pour sa part affirmé avoir lancé une
"contre-offensive" après une attaque des séparatistes, et fait état d'un seul appareil abattu.
L'Azerbaïdjan affirme avoir conquis dimanche une demi-douzaine de villages sous contrôle arménien lors de combats le long de la ligne de front de la région séparatiste du Nagorny Karbakh.
"Nous avons libéré six villages, cinq dans le district de Fizouli, un dans le district de Jebrail", a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère azerbaïdjanais de la Défense.
La France s'est dite dimanche
"vivement préoccupée par les affrontements d'ampleur en cours au Haut-Karabakh", appelant les belligérants à
"cesser immédiatement les hostilités et à reprendre le dialogue".
L'Union européenne réclame également la fin des hostilités. L'Union européenne réclame également la fin des hositilité par l'intémédiaire du président du Conseil européen Charles Michel qui n'a pas caché son inquiétude via twitter.
"Les informations concernant les hostilités au Nagorny Karabakh sont la source des plus graves inquiétudes", a indiqué Charles Michel sur Twitter
. "L'action militaire doit cesser, de toute urgence, pour empêcher toute escalade (de la violence)
. Un retour immédiat aux négociations, sans conditions préalables, est la seule voie possible".
L'Azerbaïdjian déclare lui aussi la loi martiale
"La loi martiale sera introduite à partir de minuit ainsi qu'un couvre-feu de 21H00 à 06H00", à Bakou, dans plusieurs grandes villes ainsi que dans les zones proches de la ligne de front du Karabakh, a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev.
La Russie appelle à
"un cessez-le feu immédiat". Le Kremlin, qui se positionne en arbitre dans la région, livre des armes aux deux pays et, depuis près de 30 ans, est parvenu à éviter une guerre ouverte.
"Il est important de mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour éviter une escalade de la confrontation, mais l'essentiel est qu'il faut mettre fin aux hostilités", a affirmé M. Poutine, cité dans un communiqué du Kremlin, à l'issue d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian.
La médiation internationale sur le dossier, appelée Groupe de Minsk, inclut la Russie, la France et Washington.
Ankara soutient Bakou
Le pouvoir turc a lui choisi son camp. Le ministre turc de la Défense a affirmé dimanche qu'Ankara allait soutenir l'Azerbaïdjan
"avec tous ses moyens" et appelé l'Arménie à
"cesser son agression", à la suite des violents combats au Nagorny Karabakh.
"Nous allons soutenir nos frères azerbaïdjanais avec tous nos moyens dans leur lutte pour protéger leur intégrité territoriale", déclare Hulusi Akar dans un communiqué.
Le porte-parole du président turc Erdogan, Ibrahim Kalin affirme que l’Arménie n’a pas montré d’intérêt à résoudre ce conflit par la négociation en continuant à occuper des parties du territoire azéri. Il en appelle également à une médiation du groupe de Minsk.
Un conflit qui a fait 30 000 morts au début des années 90
Le Nagorny Karabakh a été le théâtre d'une guerre au début des années 1990 ayant fait 30.000 morts. Depuis, les autorités azerbaïdjanaises veulent en reprendre le contrôle, par la force si nécessaire, alors que des pourparlers de paix sont dans l'impasse depuis de longues années.
Des combats opposent régulièrement séparatistes et Azerbaïdjanais, ainsi qu'Erevan et Bakou. En 2016, de graves heurts armés avaient failli dégénérer en guerre au Karabakh, et des combats ont également opposé en juillet 2020 Arméniens et Azerbaïdjanais à leur frontière.