Fil d'Ariane
Peu avant l’aube le 7 avril, Israël mène des frappes contre le sud du Liban, fief du Hezbollah pro-iranien, et la bande de Gaza, fief du Hamas palestinien. Ces deux organisations qui ont des branches politique et militaire sont considérées comme terroristes par les occidentaux. Plus tard dans la matinée, deux Israéliennes sont tuées et leur mère est grièvement blessée lors d’une attaque en Cisjordanie occupée. Il s’agit du dernier épisode d’une brusque montée de tensions au Proche-Orient depuis le 5 avril. Cela intervient après une accalmie toute relative du conflit israélo-palestinien observé depuis le début du Ramadan, le 23 mars. Il s’agit d’une escalade sans équivalent sur le front israélo-libanais depuis 2006.
Le 6 avril dans l’après-midi, plus de trente roquettes ont été tirées en direction d’Israël depuis le Liban, où se trouvent des camps de réfugiés palestiniens. Au moins une personne a été blessée et de nombreux dégâts matériels sont à déplorer. L’armée israélienne accuse des activistes palestiniens d’être derrière ces tirs. Selon elle, ces tirs non-revendiqués viennent probablement du Hamas ou du Djihad islamique, un autre mouvement palestinien engagé dans la lutte contre Israël. Le lieutenant-colonel Richard Hecht affirme toutefois que “ce n’était pas le Hezbollah” libanais.
Les tirs de roquettes ont eu lieu au lendemain de l’irruption violente le 5 avril de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’Islam, en plein Ramadan. Elle est intervenue afin d’en déloger des Palestiniens “extrémistes”, selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Dénonçant "un crime sans précédent", le Hamas a appelé les Palestiniens de Cisjordanie "à se rendre en masse vers la mosquée al-Aqsa pour la défendre".
Depuis Beyrouth, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh affirme le 6 avril que les Palestiniens “ne resteront pas les bras croisés” face aux “agressions” d’Israël contre cette mosquée. Il appelle également "toutes les organisations palestiniennes à unifier leurs rangs et intensifier leur résistance conte l'occupation sioniste". De son côté, le Premier ministre israélien a promis de faire “payer le prix fort” aux ennemis d’Israël.
Après différents conflits, Israël et le Liban sont techniquement en état de guerre. La ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies (Finul), déployée dans le sud du Liban. Selon la Finul, qui a pris contact avec les autorités des deux pays, “les eux parties ont dit qu’elles ne voulaient pas de guerre.” La Finul appelle par ailleurs “toutes les parties à cesser leurs actions” dans un communiqué.
L’escalade des tensions est condamnée à l’international. Le Royaume-Uni appelle à la “désescalade” de “toutes les parties” à la suite des frappes Israéliennes de ce 7 avril. Londres “condamne les tirs de roquettes du Sud du Liban et de Gaza et reconnaît le droit d’Israël à se défendre”, souligne dans un communiqué le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly. “Le moment est venu pour toutes les parties de la région de faire preuve de désescalade”, ajoute-t-il. Il appelle à “respecter le statu quo historique concernant les lieux saints de Jérusalem.”
De son côté, la France rappelle "son attachement indéfectible à la sécurité d'Israël et à la stabilité et la souveraineté du Liban". Paris appelle "toutes les parties à la retenue maximale et à éviter toute action susceptible de conduire à une escalade", déclare François Delmas, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères. La France réitère également "sa ferme condamnation des tirs de roquettes indiscriminés qui ont ciblé le territoire israélien depuis Gaza et le Sud Liban".
La Russie quant à elle appelle Israël et les Palestiniens à stopper l'"escalade" de la violence et à trouver un compromis. "Nous appelons les parties concernées à s'abstenir de toute confrontation et à agir pour empêcher une nouvelle escalade, mettre fin à la violence et rétablir un cessez-le-feu durable", indique le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.