Fil d'Ariane
Le typhon Noru en Asie du sud-est et les ouragans Fiona et Ian aux Caraïbes et en Amérique du Nord ont entrainé la mort de dizaines de personnes au cours du mois de septembre 2022. Comment expliquer l’ampleur de ces phénomènes ? Comment distinguer typhon, cyclone et ouragan ? Explications.
Les régions côtières de la Floride étaient plongées dans le noir tôt ce jeudi 29 septembre au matin. L’ouragan dévastateur Ian a touché terre le long de la côte de Cayo Costa, dans le sud-ouest de la Floride à 15H00 locale (19H00 TU).
Ses vents allant jusqu'à 240 km/h ont engendré des dégâts considérables et fait chavirer un bateau transportant des migrants au large de l'archipel des Keys au sud de la Floride. Actuellement une vingtaine de personnes sont encore portées disparues et recherchées par les garde-côtes.
Le bilan de la catastrophe n’est pas encore dressé mais le gouverneur de l’État Ron DeSantis parle déjà "d'un des cinq plus forts ouragans ayant jamais frappé la Floride".
Plus au Nord, à quelques jours d'intervalles, un autre ouragan de grande ampleur frappe les côtes du Canada. Ce dimanche 24 septembre, l’ouragan Fiona à l’Est du pays a entrainé la mort de deux personnes, de nombreuses destructions de matérielles et d’importantes coupures de courant. Auparavant Fiona avait séverement frappé la Guadeloupe, Porto Rico et les îles du Caraïbes.
Cette fois encore, les dégâts sont "immenses" selon les autorités cannadienne. Tim Houston Premier ministre de la province de Nouvelle-Écosse évoque "la tempête qui aura causé le plus de dégâts que nous n’ayons jamais vus".
Enfin, à plusieurs centaines de milliers de kilomètres, un troisième “super typhon” baptisé Noru a traversé les Philippines, le Laos et le Vietnam. Aux Philippines les autorités annoncent 10 morts et huit personnes portées disparues à l’issue de son passage.
Au Vietnam, à Danang, troisième plus grande ville du pays, les violentes rafales de vent ont secoué les immeubles, renversé les arbres et arraché les toitures. Les météorologues vietnamiens classent le typhon parmi les plus importantes tempêtes ayant frappé le pays.
Les deux ouragans et le typhon observés au cours du mois de septembre figurent parmi les plus puissants enregistrés. Tous sont classés “catégorie 4 ou plus” sur l’échelle de Saffir-Simpson.
Cette échelle évalue la puissance des phénomènes en fonction de la puissance des vents observés. Elle indique également les conséquences probables d’un ouragan, typhon ou cyclone en fonction de son intensité. Les phénomènes dont les vents sont inférieurs à 119 km/h sont appelés "dépression tropicale" (0-62km/heure) ou "tempête tropicale" (63-118km/h) et ne figurent pas dans la liste des ouragans et autres.
Au cours de ces dernières décennies, l’intensité de ces phénomènes semble augmenter. Selon le Centre national des ouragans américain (NHC), relayé par nos confrères du Monde :“Les données enregistrées durant les cinquante dernières années montrent une nette tendance à l’intensification des événements cycloniques depuis la fin des années 1990”. “En moyenne, on passe de cinq ouragans par an, toutes catégories confondues, au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990, à près de huit pour les décennies 2000-2010 et 2010-2020".
Selon les données publiées par ce centre, les phénomènes de tempêtes ne sont pas plus nombreux depuis les années 1970 mais ils sont plus beaucoup plus intenses.
Les cyclones, typhons et ouragans, avec des vents dépassant les 118 km/h, ne représentaient que 25% des tempêtes dans les années 1970 contre 40% dans les années 1990 et 43,6% entre 2010 et 2020.
Dans l’ensemble, "il n’y aura pas plus de tempêtes à l’avenir, mais les plus importantes seront plus intenses", selon Gary Lackmann, professeur de sciences atmosphériques à l'université d'État de Caroline du Nord, interrogé par l’AFP.
Valérie Masson-Delmotte, membre du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) mettait en évidence une correlation entre le réchauffement climatique et l'augmentation d'intensité des cyclones et autres.
Quand un cyclone, ou autre, touche la terre, il peut perdre de sa force. Sa survie dépend, en partie, de sa concentration en eaux. "Plus la température de l'eau et le taux d'humidité sont élevés, plus le cyclone peut prendre de l'intensité", explique Valérie Masson-Delmotte dans un entretien accordé en 2017 à l'AFP. "Or, on considère qu'il y a 7% d'humidité en plus dans l'atmosphère par degré de réchauffement", selon la spécialiste.
Donc la hausse de la température des océans favorise le taux d'humidité des vents. Cela permet ainsi aux cyclones de durer plus longtemps, et de relacher des quantités d'eaux plus importantes.
Depuis 2017, plusieurs études scientifiques, notamment celle du professeur Pinaki Chakraborty de l'Institut des sciences et des technologies d'Okinawa, continuent de défendre cette théorie.