Thomas Pesquet a retrouvé la terre ferme. Pendant six mois, le spationaute français envoyé en mission à bord de la Station Spatiale Internationale a participé à plus d'une centaine d'expériences scientifiques destinées à mieux comprendre les mécanismes de la physiologie humaine et à développer des technologies innovantes.
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Je suis fier que nous ayons pu réaliser autant d’expériences et répondre aux défis de l’espace". C'est le dernier message que Thomas Pesquet a publié sur les réseaux sociaux depuis le ciel. Un message qui fait écho à un voyage scientifique hors du commun.
Le spationaute de 39 ans, qui réalisait son premier vol au-dessus de la Terre, avait pour mission de participer à un vaste programme de recherche scientifique conduit par l'Agence Spatiale Européenne (
ESA, page en anglais) et le
Centre National de Recherches Spatiales, en coopération avec les États-Unis, le Canada et le Japon.
Durant son séjour en apesanteur, Thomas Pesquet a revêtu une veste intelligente équipée de capteurs. Les données recueillies permettront demain aux scientifiques d'approfondir leurs connaissances sur le système nerveux et musculaire, mais aussi d'affiner le développement de nouvelles technologies.
Comprendre les effets de l'apesanteur sur le corps
Durant les six mois de son séjour dans l'espace, l'organisme de Thomas Pesquet a été confronté à d'intenses changements. "
En gros, Thomas Pesquet, qui est âgé de 39 ans, va revenir avec des artères d’un homme de 49 ans", explique Pierre Boutouyrie, cardiologue et chercheur à l'
Université Paris Descartes. Le défi des scientifiques sera demain de mettre en place des mesures pour ralentir ce processus de vieillissement accéléré, ce qui pourrait, à terme, avoir des effets bénéfiques sur toutes les maladies cardio-vasculaires.
Les muscles de Thomas Pesquet ont également mis à rude épreuve dans l'espace, mais grâce aux données récoltées, les chercheurs devraient approfondir leurs connaissances des tissus musculaires, ce qui pourrait accélérer la recherche sur le traitement des myopathies. Par ailleurs, l'absence de gravité entraîne une perte de repères qui a des effets sur le système nerveux. Là aussi, grâce aux éléments envoyés depuis l'espace, le cerveau humain sera étudié sous un jour nouveau. L'objectif des scientifiques est d'élaborer des méthodes thérapeutiques et réparatrices pour les personnes atteintes de troubles de la motricité.
Une mission scientifique au service de l'innovation
Les expériences réalisées lors des précédentes missions au sein de la Station Spatiale Internationale ont déjà contribué à mettre en place des essais thérapeutiques pour lutter contre l'ostéoporose. Ces tests ont, par le passé, abouti à la mise sur le marché d'un nouveau traitement, le Prolia. Les expériences menées par Thomas Pesquet vont permettre d'aller encore plus loin.
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L'intérêt principal d'aller dans la station spatiale internationale, c'est la suppression de la gravité, la force la plus puissante sur Terre, qui masque toute une série d'autres phénomènes physiques, physiologiques, chimiques", explique François Spiero, le responsable des vols habités au Centre National des Etudes Spatiales.
Thomas Pesquet va sans doute contribuer au développement de technologies innovantes. Le jeune spationaute, également ingénieur aéronautique a testé, durant son séjour, une nouvelle génération de purificateurs d’eau. Il a également utilisé des matières autonettoyantes, des capteurs médicaux et un échographe télé-opérable depuis la Terre. Les résultats de ces tests devraient permettre d'affiner ces outils destinés, dans le futur, à améliorer l'accès au soin des populations isolées.
Thomas Pesquet va à présent apprendre à se réhabituer à la gravité. Il passera la fin de la semaine au Centre européen des astronautes à Cologne, où il subira une série de tests, avant de retrouver sa famille. Il donnera ensuite sa première conférence de presse le mardi 6 juin, l'occasion pour lui de revenir sur sa fabuleuse aventure scientifique dans l'espace et de partager ses découvertes.