Comment le G7 veut bannir l'or russe

Les grandes puissances du G7, qui cherchent à intensifier la pression sur Moscou après quatre mois d'invasion de l'Ukraine, ont annoncé dimanche, au premier jour de leur sommet, leur intention de bannir les importations d'or russe, coupées du crucial marché londonien.
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biden scholtz
Rencontre bilatérale entre le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz, hôte du sommet du G7 à Elmau, le 26 juin 2022, qui s'ouvre en en Allemagne.
(Leonhard Foeger/Pool Photo via AP)
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Les dirigeants de France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Italie, du Canada et du Japon se retrouvent pour trois jours dans un château de Bavière, dans le sud de l'Allemagne, au moment où certains craignent une forme de fatigue dans le soutien à Kiev.

(Re)lire : Allemagne : quels sont les enjeux du sommet du G7 ?

"Ensemble, le G7 va annoncer que nous allons interdire l'or russe, une source d'exportation majeure, ce qui privera la Russie de milliards de dollars", a tweeté le président américain Joe Biden.

En attendant une annonce collective à l'issue de la réunion mardi, Washington, Londres, Ottawa et Tokyo ont d'ores et déjà annoncé un embargo sur l'or nouvellement extrait en Russie, sans viser celui déjà vendu.

"Ces mesures frapperont directement les oligarques russes et s'attaqueront au cœur de la machine de guerre de Poutine", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson dans un communiqué.

"Poutine dilapide ses ressources en baisse dans cette guerre inutile et barbare. Il nourrit son ego aux dépens des peuples ukrainien et russe", a-t-il ajouté, appelant ses alliés à "affamer" le pouvoir russe.

La Russie est un important pays producteur d'or dont les exportations ont représenté près de 15 milliards d'euros en 2021, soit 5% du marché mondial selon Londres et Washington.

Guerre en Ukraine : les sanctions économiques vont-elles freiner Poutine ?

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Le métal précieux est le deuxième produit exporté par la Russie après l'énergie, déjà dans le viseur alors que les Occidentaux bannissent déjà le pétrole russe et cherchent, pour les Européens, à réduire leur dépendance au gaz russe.

L'objectif est d'isoler la Russie du système financier international et d'éviter de financer l'effort de guerre russe en payant à Moscou des milliards en importations de ressources.

Vers une "nouvelle phase" dans le soutien à l'Ukraine ?

L'embargo sur l'or "constitue un moyen supplémentaire de bloquer les liens entre l'économie russe et le système financier", a expliqué à un haut responsable américain.

L'effet des sanctions "ne fait que s'accumuler avec le temps et la capacité de la Russie à faire la guerre va se réduire en raison des mesures collectives que prend le G7", a-t-il ajouté.

90% des exportations d'or russe sont dirigées vers des pays du G7 et en très grande partie vers le Royaume-Uni, Londres abritant le principal centre financier d'échanges de matières premières, dont les métaux.

La mesure annoncée va donc avoir "un impact énorme sur la capacité de Poutine de lever des fonds", a insisté le gouvernement britannique. Cela va en particulier frapper les élites russes qui ont pu acheter de l'or "pour tenter de contourner les sanctions occidentales", a-t-il ajouté.

(Re)voir : Ukraine : les sanctions européennes contre la Russie sont-elles un leurre ?

Le Royaume-Uni a imposé parmi les sanctions les plus dures au sein du camp occidental contre la Russie depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, il y a quatre mois, visant le secteur financier, le pétrole, des dizaines d'oligarques, représentant au total plus de 100 entités et 1.000 personnes.

Samedi soir, Boris Johnson, qui s'est rendu deux fois à Kiev ces derniers mois, a exhorté ses alliés à ne pas "abandonner" l'Ukraine, dont le président Volodymyr Zelensky doit s'exprimer lundi par visioconférence au G7.

Le porte-parole du dirigeant britannique a insisté qu'après quatre mois de guerre, ce soutien, économique mais aussi militaire, devait entrer dans "une nouvelle phase", la question étant sa nature, qui doit être débattue en Bavière puis au sommet de l'Otan à Madrid.