Commission européenne : « La protection de notre mode de vie européen » ou le portefeuille polémique

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La nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé, mardi 10 septembre à Bruxelles, sa future équipe et les différents portefeuilles de l'institution.
©AP Photo/Francisco Seco
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Elle n’a pas encore pris officiellement ses fonctions, que déjà Ursula von der Leyen créé la consternation à Bruxelles. La nouvelle présidente de la Commission européenne a présenté, le 10 septembre, les différents portefeuilles des nouveaux commissaires. Celui sur la question migratoire a été rebaptisé « protection de notre mode de vie européen ». Un intitulé qui fait débat. Retour sur une polémique qui enfle.
Jean-Claude Juncker, le président sortant de la Commission européenne, a déclaré ce jeudi 12 septembre "je n'aime pas l'idée que le mode de vie européen s'oppose à la migration", faisant référence au portefeuille polémique dont a hérité Margaritis Schinas, le conservateur grec.

Ce portefeuille a été nommé par Ursula von der Leyen à la « protection du mode de vie européen ». Il comprend aussi la gestion de la migration et de la protection des frontières. Le dossier sensible de la question migratoire se juxtapose donc avec cet étrange intitulé et laisse place aux interrogations. Priée de justifier le lien entre l’intitulé du poste et la migration, la conservatrice allemande explique alors que "Notre mode de vie européen, c'est s'accrocher à nos valeurs. La beauté de la dignité de chaque être humain est l'une des plus précieuses valeurs".

Un portefeuille qui fait débat

A gauche de l’hémicycle les eurodéputés bondissent. « Un commissaire en charge de la protection du mode de vie européen est un scandale absolu » s’exclame le leader du groupe écologiste au Parlement européen, Philippe Lamberts. « Autrement dit, quoi qu'ils en disent, ils reprennent la vision de l'extrême droite selon laquelle la question migratoire est d'abord un enjeu de protection d'un soi-disant mode de vie européen, dont on n'a d'ailleurs pas idée de ce qu'il signifie », poursuit-il.

Son collègue britannique, Claude Moraes, du groupe des sociaux-démocrates a également déclaré qu’il soulèverait ce « vrai problème » auprès de son groupe, estimant sur Twitter qu’un tel portefeuille ne pouvait pas exister.
 
tweet moraes
(Traduction du tweet : Il s'agit d'un véritable problème au sein de la nouvelle Commission européenne - je le soulèverai au sein de mon groupe ce soir et je rappellerai que le Parlement européen doit approuver tout cela. Un portfolio avec un titre comme celui-ci ne peut tout simplement pas tenir debout à mon avis).

En France, l’essayiste et eurodéputé Raphaël Glucksman, ne cache pas sa consternation. Dans un message posté sur twitter il entrevoit  "la résurrection bruxelloise du sinistre "ministre de l’immigration et de l’identité nationale", en référence au ministère créé sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
 
tweet Gluck

> L'analyse de notre correspondant à Bruxelles Valéry Lerouge :

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Un équilibre paritaire


Malgré ce malaise, Ursula von der Leyen s’est évertuée à présenter la nouvelle architecture de sa Commission. Celle qui succède à Jean-Claude Juncker pour les cinq prochaines années a tenté d'incarner une Europe moderne : simple d'accès, proche des citoyens et soucieuse d'efficacité. Elle s’est attachée à respecter un équilibre des genres au sein de sa nouvelle formation. Verdict : treize femmes et quatorze hommes, du jamais-vu à Bruxelles. Un équilibre des clivages politiques et des zones géographiques inhérentes à l’Union européenne, a aussi été strictement respecté.

Si le Parlement européen confirme les commissaires à leur poste, ils entreront en fonction le 1er novembre prochain.


Ursula Von der Leyen s’est entourée de trois vice-présidents exécutifs, responsables de trois secteurs considérés comme prioritaires :

  • le Néerlandais Frans Timmermans s’occupera du climat
  • la Danoise Margrethe Vestager du numérique (et elle sera aussi à nouveau commissaire à la Concurrence)
  • le Letton Valdis Dombrovskis aura la supervision des secteurs économiques (et sera commissaire pour les Services financiers).”
  • Le Belge Didier Reynders hérite du portefeuille de la Justice et sera en charge de la question de l'Etat de droit. Figure marquante de la vie politique belge, l’ancien ministre des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense se retrouvera face à Charles Michel, le futur président du Conseil européen.
  • La Française Sylvie Goulard se voit confier le portefeuille conséquent du marché intérieur. Mais avant d’occuper ce titre, elle devra passer son baptême du feu devant le Parlement européen. Elle devra notamment prouver son intégrité lors d'enquêtes de la justice française et de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) sur l’affaire des emplois fictifs d’assistants des eurodéputés MoDem.