Fil d'Ariane
Benoît de Tréglodé est directeur de recherche à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM). Il dirige également le programme Asie au sein de ce même institut, et a chapeauté l'ouvrage collectif Histoire du Vietnam de la colonisation à nos jours, à paraître ce 15 mars aux Editions de la Sorbonne.
Le Vietnam connaît aujourd'hui une des plus forte croissance de la planète, supérieure à 6 %. C'est le résultat du doï moï, cette politique d'ouverture économique lancée en 1986 en réaction à la fin de la guerre froide, alors que les caisses de l'Etat étaient vides. Animé par un réalisme politique et économique, le Vietnam, a alors renoué avec ses ennemis d'hier, à commencer par la Chine, et toute la communauté internationale, y compris la France et les Etats-Unis. Tant et si bien que, en janvier 2018, la Chine, pour la première fois de l'histoire du Vietnam, a supplanté les Etats-Unis au rang de son principal client à l'exportation.
Le Vietnam est entré dans l'Organisation internationale de la francophonie en 1970.
Aujourd'hui, il reste francophile, mais il n'est plus aussi francophone que par le passé :
on y dénombre officiellement 600 000 locuteurs de français.
En 1992, la France revient étonnament au Vienam avec trois films, sortis coup sur coup, qui ont marqué l'imaginaire collectif : Indochine de Régis Wargnier, Dien Bien Phu de Pierre Schoendorfer et L'amant de Marguerite Duras. Depuis, c'est comme si ce Vietnam, idéalisé depuis 25 ans, était resté un pays de chapeaux coniques.
Les Français n'ont pas pris conscience des profonds changements qui ont affecté ce pays dirigé par une équipe autoritaire issue d'un parti unique, au pouvoir depuis la fin des années 1950, et pour qui l'idéologie n'est plus au coeur des affaires politiques. Ce régime gère d'une main de fer l'intégration du Vietnam sur la scène internationale et les relations parfois compliquées avec la Chine, l'ennemi d'hier.