Conseil des droits de l'homme : le prince Zeid sur le gril

Le Jordanien ouvre ce lundi le Conseil des droits de l’homme.
Le haut-commissaire est englué dans l’affaire des viols commis en Centrafrique par des soldats français
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Prince Zeid ONU
Prince Zeid Ra'ad Zeid-Al-Hussein à New York, le 12 juillet 2011.
Parmi les questions qui seront examinées au cours de cette session de trois semaines figurent notamment la situation des droits de l'homme en Érythrée, à Gaza, en Syrie, au Bélarus, en République centrafricaine et en Côte d'Ivoire, ainsi que les violations des droits de l'homme commises par Boko Haram.  À cet égard, le Comité tiendra une réunion-débat sur les effets du terrorisme sur la jouissance par toutes les personnes des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  Le Conseil tiendra également une réunion-débat sur la question de l'exercice du droit à l'éducation par toutes les filles sur un pied d'égalité.  Il procédera par ailleurs à l'Examen périodique universel concernant 14 pays.
(AP Photo/Stephen Chernin)
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En pleine tourmente de l’affaire Anders Kompass, l’un de ses adjoints qu’il avait suspendu pour avoir transmis à Paris des informations confidentielles sur des enfants violés par des soldats français en Centrafrique, Zeid Ra’ad al-Hussein est venu s’expliquer devant le personnel au Palais Wilson, le siège du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Il ne s’est pas assis à la tribune. «N’y voyez pas le signe que j’ai démissionné, en tout cas pas encore», a plaisanté le haut-commissaire, comme il le fait souvent pour dédramatiser les situations les plus inconfortables.

Le diplomate jordanien, ancien ambassadeur de son pays au Conseil de sécurité de l’ONU et membre de la famille royale hachémite, affronte sa pire crise. Depuis qu’il est arrivé à Genève l’été dernier, il n’a toutefois pas été épargné. A peine installé dans son bureau face à la rade qu’il découvrait que le haut-commissariat était au bord de la banqueroute. Sa première tâche aura été de couper dans les programmes de l’organisation, pourtant de plus en plus sollicitée par les multiples crises dans le monde.

Le haut-commissaire est la voix des victimes. Ces dernières semaines, Zeid Ra’ad al-Hussein n’a pas hésité à dénoncer les pertes civiles causées par les frappes de la coalition menée par l’Arabie saoudite sur le Yémen, s’attirant les foudres des Saoudiens, ou les crimes d’une milice pro-gouvernementale au Burundi. Ce lundi, pour l’ouverture de la 29e session du Conseil des droits de l’homme, il rappellera une nouvelle fois les Etats à leurs obligations en matière de respect des libertés. Sans aucun pouvoir de coercition, il ne peut compter que sur sa force de persuasion et son autorité morale.

Anders Kompass
Anders Kompass, 13 février 2006  (photo d'archive)
(AP Photo/Moises Castillo, File)

Or, le haut-commissariat est ébranlé par les accusations d’Anders Kompass. Le haut fonctionnaire suédois, qui a obtenu sa réintégration provisoire au grand dam de son chef, assure qu’il a stoppé les abus contre les enfants. Zeid Ra’ad al-Hussein rétorque qu’il aurait d’abord dû protéger l’identité des victimes.

Le débat touche le cœur du fonctionnement de l’organisation chargée de documenter les violations des droits de l’homme à travers le monde. Comment traiter les informations, à quel moment les rendre publiques ou les transmettre aux gouvernements concernés, les premiers à pouvoir engager des poursuites?

Au Palais Wilson, adversaires et partisans d’Anders Kompass se déchirent. Les seconds drapent le Suédois dans les habits d’un lanceur d’alerte, alors que la bureaucratie onusienne est soupçonnée d’avoir voulu étouffer les viols commis par les soldats français. Anders Kompass accuse en effet le Français Hervé Ladsous, le sous-secrétaire général des Nations unies responsable des opérations de maintien de la paix, d’avoir réclamé sa tête.

Soldats français Centrafrique
Des soldats français à la recherche d'une maison utilisée comme cache d'armes dans le secteur chrétien de PK12 , le dernier point de contrôle à la sortie de la ville , à Bangui , en République centrafricaine (photo d'archive du 11 février 2014)
(AP Photo/Jerome Delay, File)