Contrat de vente d’armes record entre l’Inde et la Russie

Le président russe Vladimir Poutine s’entretient aujourd’hui avec le Premier ministre indien Narendra Modi, lors du second jour de sa visite officielle en Inde. L’enjeu de ce sommet sera un contrat qui pourrait dépasser les 5 millions de dollars pour la vente de systèmes antiaériens S-400 russes, qui fait grincer les dents à Washington.

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Narendra Modi et Valdimir Poutine
Le Premier ministre indien Narendra Modi reçoit le Président russe Vladimir Poutine. La visite  devrait se solder par une vente de missiles russes. 
(c) AP Images
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Alors que le premier ministre indien, Narendra Modi vient d’être nommé au prix de "Champions de la Terre" par le programme des Nations Unies pour l'environnement (aux côtés du Président Emmanuel Macron), le Président russe, Vladimir Poutine s’apprête à finir sa visite officielle de deux jours en Inde. Cette visite se conclue par une vente de systèmes antiaériens S-400 russes qui agace Washington.

Arrivé la veille au soir dans la capitale indienne, dont il repartira en fin d'après-midi, le maître du Kremlin a déjà rencontré jeudi le leader nationaliste hindou à l'occasion d'un dîner informel.

Les négociations qui doivent débuter à 11H00 locales (05H30 GMT) réuniront les deux dirigeants, ainsi que les poids lourds de leurs gouvernements, et sont censées aboutir à la signature d'une vingtaine d'accords bilatéraux, selon le Kremlin.

Le point d'orgue de la visite sera la finalisation de l'achat par New Delhi de systèmes de défense antiaérienne russes S-400, avait annoncé le Kremlin en amont.

Le contrat représenterait environ cinq milliards de dollars, soit presque l'équivalent des échanges commerciaux entre la Russie et l'Inde entre janvier et juin 2018, qui se sont établis à 5,5 milliards de dollars, selon le Service fédéral russe des douanes.

Les négociations pour l'acquisition de ce dispositif de missiles sol-air étaient en cours depuis de nombreux mois mais butaient face aux menaces de sanctions brandies par les États-Unis en cas d'achat d'armement russe.

Le Congrès américain a adopté en 2017 une loi afin de punir la Russie pour son attitude en Ukraine et pour son ingérence présumée dans l'élection présidentielle américaine. La loi CAATSA (Counter America's Adversaries Through Sanctions Act ou en français Contrer les ennemis des Etats-Unis par le biais des sanctions) impose des sanctions économiques contre toute entité ou pays qui conclut des contrats d'armement avec des entreprises russes.

L'Inde espère obtenir une dérogation de Washington, mais n'a pour l'instant reçu de sa part que des mises en garde. Les États-Unis peuvent toutefois difficilement se permettre de froisser leur allié indien, les deux puissances ayant le même intérêt à contrebalancer la montée de la Chine en Asie.

"Les relations entre l'Inde et la Russie sont si solides qu'elles sont capables de surmonter n'importe quelle pression", a assuré fin septembre l'ambassadeur d'Inde en Russie, D. Bala Venkatesh Varma, au journal russe Kommersant.   

"L'un des plus amicaux"                             

La défense est la pierre angulaire des liens diplomatiques entre la Russie et l'Inde, qui entretiennent historiquement une relation bilatérale privilégiée. Moscou donne beaucoup d’importance aux échanges économiques avec l’Inde, autre puissance émergentes dite des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

"L'Inde est l'un des pays les plus amicaux pour la Russie", a souligné vendredi devant la presse le vice-Premier ministre russe, chargé de la coopération militaire, Iouri Borissov.

"Nous avons un partenariat stratégique et un dialogue très harmonieux au niveau politique. Mais il faut le compléter par le renforcement des liens économiques", a estimé pour sa part Andreï Kostine, le PDG d'une des plus grandes banques publiques russes, VTB, en marge d'un forum économique à New Delhi.

Modernisation des équipements militaires

L'armée indienne est engagée dans un vaste effort de modernisation de son arsenal. Ce dernier est souvent obsolète et insuffisant pour faire face aux mutations géopolitiques de la région, notamment l'affermissement de la Chine.

Premier importateur mondial d'armement, le géant d'Asie du Sud achète des équipements à tour de bras. Autant d'acquisitions suivies de près par ses voisins pakistanais et chinois.

Selon les experts, les S-400 russes et la sophistication de leur technologie viendraient combler une carence stratégique des capacités de défense de l'Inde.

Ces missiles antiaériens, dans la lignée des 36 avions de chasses Rafale achetés à la France en 2016, représentent un "renforcement" pour le pays de 1,25 milliard d'habitants, a estimé mercredi le chef de l'Indian Air Force Birender Singh Dhanoa.

À New Delhi, MM. Poutine et Modi devraient également aborder un contrat de 200 hélicoptères légers polyvalent Ka-226, pour un milliard de dollars, et une possible vente de quatre frégates de classe Krivak, estimée à deux milliards de dollars. Les Russes sont les premiers fournisseurs d'armement de l'Inde, devant les Américains.

Une dizaine d’accords devraient être signés, notamment celui entre l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe Rosatom et le Département à l’énergie atomique indien qui définira la coopération entre les deux pays en matière de nucléaire civil. L’accord devrait prévoir la construction d’une seconde centrale nucléaire par les Russes en Inde, alors que Moscou agrandit actuellement la plus grande installation nucléaire indienne à Kudankulam, dans le sud du pays.