COP 26 : où en sont les plus gros pollueurs dans leurs engagements climatiques ?

L'accord de Paris sur le climat conclu en 2015 prévoyait de maintenir le réchauffement sous les +2°C, si possible +1,5°C, par rapport à l'ère préindustrielle. Avant de voir rédigées les nouvelles perspectives climatiques de la COP 26 qui débute le 31 octobre, où en sont les plus gros pollueurs sur leurs objectifs fixés lors de la COP21 ?

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fumées incinérateurs Paris
Un homme regarde son téléphone, alors que des fumées d'incinérateurs de déchets sortent de cheminées en arrière-plan, le 23 septembre 2021, à Paris. 
AP/Francois Mori
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Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre

La Chine est le plus gros pollueur et le plus gros producteur d'émissions au monde. Près de 60% de son électricité est produite à partir du charbon. L’agence de planification chinoise a donné son feu vert en août dernier au redémarrage de quinze mines qui permettront de fournir environ 44 millions de tonnes de charbon par an. En 2020, le pays a mis en place de nouvelles centrales à charbon (pouvant produire 38,4 gigawatts d’électricité) et en a construit 3 fois plus que les autres pays.

Paradoxalement, la Chine est aussi le pays qui investit le plus dans les énergies renouvelables. Elle vise la neutralité carbone en 2060 et s’est engagée à atteindre le pic de ses émissions carbonées d'ici 2030. La Chine prévoit aussi d'augmenter la part des énergies non-fossiles dans sa consommation, de 16% à présent, à 20% en 2025. 

Voir aussi : Chine : tempête de sable et pollution, Pékin suffoque

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La Chine a par ailleurs lancé en juillet son « marché carbone » qui fixe pour la première fois des plafonds de pollution pour les entreprises. Si ces dernières ne sont pas en capacité de respecter les quotas, elles doivent acheter des « droits de polluer » à d'autres entreprises ayant une empreinte carbone plus faible. Le prix pratiqué en Chine reste cependant bien inférieur (7 dollars) à celui établi dans l'Union européenne (environ 36 dollars) et en Californie (17 dollars).

Si les promesses de la Chine de parvenir à la neutralité carbone suscitent l'espoir d'un futur plus propre, la région est engagée dans une transition vers les énergies renouvelables bien trop lente, selon les observateurs. "La communauté internationale doit avoir entièrement confiance dans la mise en oeuvre de l'action de la Chine en matière climatique", a toutefois affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères, en août dernier.

Voir aussi : Chine : tempête de sable et pollution, Pékin suffoque

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L'Inde confrontée aux particules fines

L’Inde est le plus gros émetteur au monde en particules fines. Plus particulièrement à New Dehli, la pollution atmosphérique est devenu un vrai problème de santé publique. Le vendredi 23 octobre, la capitale du pays enregistrait une concentration journalière de particules fines PM2,5 de 269 microgrammes par mètre cube d’air. L'Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser une concentration de PM2,5 de 25 en moyenne journalière. Par comparaison, le même jour, en fin de matinée dans le centre de Paris, le taux était de 40. 

Une étude de l’université de Chicago estime à 480 millions le nombre d’Indiens, soit 40 % de la population, exposés aux niveaux de pollution les plus extrêmes au monde. En 2019, la concentration moyenne de particules en Inde était de 70,3 µg/m³, la plus élevée au monde et sept fois la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les particules fines pénètrent profondément dans les poumons, provoquant des effets cardio-vasculaires, respiratoires et neurologiques, causant souvent une mort prématurée.

Voir aussi : Coronavirus en Inde : un air pur et un ciel spectaculairement clair

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Les principales causes de ces émissions proviennent du brûlage des chaumes agricoles, de la combustion des déchets ainsi que du trafic automobile qui ne cesse de se densifier. Autant de constats qui expliqunte aussi son statut de troisième émetteur de carbone au monde. En réponse, l’Inde souhaite mettre en place des aides d'un montant de 257 milliards de roupies (3,5 milliards de dollars) pour doper la production des voitures vertes, a annoncé le 15 septembre son gouvernement. 

Toutefois, le pays est en passe de dépasser ses propres objectifs fixés dans le cadre de l'accord de Paris. Les émissions de carbone devraient encore augmenter de 50% d'ici à 2040. 

Voir aussi : Inde : une mousse toxique envahit le littoral

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États-Unis : de grands objectifs établis par Joe Biden

Les États-Unis ont revu à la hausse leurs engagements lors d’un sommet sur le climat organisé par le Washington le 22 avril, s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre entre 50% et 52% d'ici 2030. Cet objectif double quasiment l'ancien engagement d'une diminution de 26% à 28% à l’horizon 2025. Il doit permettre aux États-Unis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Selon le groupe Climate Action Tracker (CAT), c'est "une avancée significative", même s'il faudrait réduire les émissions d'au moins 57% d’ici 2030 pour contribuer à l'objectif d'un réchauffement maintenu à +1,5°C.

L'administration Biden a annoncé par ailleurs la mise à disposition de 5 milliards de dollars d'argent public pour "aider les Etats et les collectivités locales à se préparer à des catastrophes majeures" liées en particulier à des événements météorologiques extrêmes. Selon la Maison Blanche, la fréquence des événements météo extrêmes liées au changement climatique a « explosé ». Le coût de ces catastrophes naturelles a même dépassé les 1 milliard de dollars. Là où les Etats-Unis comptaient entre 2000 et 2009 en moyenne 6 désastres majeurs de ce type par an, ce chiffre est passé à 13 entre 2010 et 2020.

Voir aussi : États-Unis : les incendies en Californie, révélateurs du réchauffement climatique ?

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Le vaste plan d’infrastructures, dont la stratégie climatique est au coeur, fait aussi partie des grandes missions lancées par Joe Biden. En plus de la neutralité carbone prévue en 2050, le vaste projet doit ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d'ici 2035. Pour cela, l'accent est d’abord mis sur la transformation du secteur automobile, en investissant 174 milliards de dollars pour "gagner le marché des véhicules électriques", en stimulant les chaînes d'approvisionnement du pays ou en rééquipant les usines.

Le projet comporte aussi une extension d'avantages fiscaux visant à inciter à la production d'énergie renouvelable Il prévoit par ailleurs de construire un réseau national de 500.000 stations de recharge d'ici 2030, et le passage à l'électricité pour 20% des célèbres bus jaunes de ramassage scolaire. "Il y a un nouvel élan", a affirmé Bill Hare de l'organisation non-gouvernementale Climate Analytics en avril dernier, mais "il reste encore énormément à faire". Les États-Unis restent aujourd’hui le deuxième émetteur de gaz à effet de serre et le pays qui produit le plus de déchets (105 kg par an et par habitant).

Lire aussi : Réchauffement climatique aux Etats-Unis : état des lieux

Russie, grande absente à la COP 26

Mi-octobre, Vladimir Poutine a annoncé que son pays visait la neutralité carbone d’ici à 2060. La Russie, quatrième émetteur de gaz à effet de serre, affiche donc désormais une ambition environnmentale identique à la Chine. L'objectif est que la Russie diminue ses émissions de près de 80% d’ici à 2050, notamment en abandonnant progressivement le charbon en tant que source d’électricité au profit de davantage d'énergie nucléaire, entre autres. La Russie reste cependant l’un des principaux producteurs mondiaux d'hydrocarbures.

Voir aussi : Catastrophe écologique en Russie : une rivière inondée par 20 000 tonnes de diesel

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Le président russe était naguère connu pour ses positions "climato-sceptiques", arguant notamment du fait que la Russie bénéficierait du changement climatique. Il a cependant revu sa copie depuis, s'alarmant notamment des catastrophes naturelles, tels que les incendies qui ont ravagé son pays cet été. Il a aussi participé en avril 2021 à un sommet organisé par les États-Unis, affirmant son intérêt pour la "mise en place d'une coopération internationale" sur le changement climatique.

Vladimir Poutine a cependant annoncé récemment qu’il ne se rendrait pas à la COP 26. « La problématique (du changement climatique) qui est à l'ordre du jour à Glasgow est néanmoins l'une des plus grandes priorités de notre politique étrangère », a tenté de rassurer Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

nuage pollution Moscou

Un nuage de pollution sur la place Rouge à Moscou le 7 août 2010.

AP/Misha Japaridze

La France, visée pour pour inaction climatique

L'État français pourrait bientôt faire face à une injonction de réparer ses engagements non-tenus en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Quatre ONG, rassemblées sous la bannière "l'Affaire du siècle" (Notre Affaire à tous, Greenpeace France, Fondation Nicolas Hulot et Oxfam France) et soutenues par une pétition de plus de 2,3 millions de citoyens avaient saisi début 2019 le tribunal administratif de Paris pour faire constater les carences de l'État dans la lutte contre le réchauffement sur la période 2015/18.

Lire aussi : Pollution en France : « On est face à une très mauvaise volonté de la part du gouvernement »

Le 30 septembre dernier, la rapporteure publique, magistrate chargée de donner un avis au tribunal, a proposé d'aller dans le même sens en "enjoignant au gouvernement de prendre d'ici le 31 décembre 2022 toutes mesures nécessaires pour faire cesser le préjudice et empêcher son aggravation". Les efforts ont été estimés insuffisants malgré une baisse des émissions de 1,9% en 2019 et de 9,2% en 2020.

Voir aussi : Déchets plastiques : la France, premier pollueur de la Méditerranée

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La France s’est pourtant, elle aussi, engagée à la neutralité carbone pour 2050. L'objectif est d'abord de réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre (avec une étape de -40% d'ici 2030 par rapport à 1990). Cependant, un certain volume d'émissions s'est trouvé incompressible en raison d'un manque de capacité de séquestration du carbone pour compenser ces émissions. En effet, les forêts françaises, indispensables dans la lutte contre le réchauffement climatique, n'ont capté que les trois quarts du carbone escompté entre 2015 et 2019, soulignant la fragilisation de ces puits de carbone « essentiels » dans le pays.