Fil d'Ariane
Les discussions sur les énergies fossiles sont difficiles. Le président émirati de la COP 28, Sultan Al Jaber, est sous pression ce mercredi pour les faire progresser, au dernier jour de la première partie des négociations où chaque pays ne veut rien lâcher.
Le président de la COP 28, Sultan al-Jaber, s'exprime lors d'une conférence de presse au sommet climatique de l'ONU de la COP 28, le lundi 4 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
"Nous avons un texte de départ sur la table, mais c'est un empilement de voeux pleins de postures", réprimande sévèrement mercredi 6 décembre Simon Stiell, le chef de l'ONU Climat, dans une courte conférence de presse.
Alors que l'observatoire européen Copernicus a confirmé que l'année 2023 serait la plus chaude de l'histoire, les pourparlers entre négociateurs épuisés se compliquent à Dubaï. Une certaine confusion y règne, à la veille de la trêve traditionnelle des négociations, jeudi, au milieu des deux semaines de la conférence.
Une nouvelle version du texte en discussion en vue d'un futur accord, théoriquement d'ici le 12 décembre, était fébrilement attendue dans la journée de mercredi. Il n'est finalement plus certain qu'il soit publié.
"Nous attendons du président de la COP qu'il se comporte en médiateur honnête et qu'il fasse preuve de leadership", a réclamé la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera. Le pays assure par ailleurs la présidence tournante de l'Union européenne.
L'alliance des petits Etats insulaires (Aosis) a de son côté appelé à une "accélération urgente" des discussions. "Si nous échouons, les conséquences seront catastrophiques", a souligné le ministre samoan Cedric Schuster, qui préside ce groupe.
La situation est "très dynamique", résumait une négociatrice mardi 5 décembre au soir. Les représentants de près de 200 pays ont débattu jusque très tard du point le plus complexe du projet d'accord final. Ce dernier concerne le sort du pétrole, du gaz et du charbon, responsables des deux tiers du réchauffement.
L'Arabie saoudite s'est encore opposée à toute mention des fossiles. Son représentant lançait qu'il ne repasserait pas par le "traumatisme d'expliquer sa position sur l'énergie", selon les mots des participants à la réunion.
La Chine, l'Inde et le groupe arabe ont demandé simplement de supprimer tout le paragraphe sur l'énergie. Et la Russie a demandé que le gaz naturel soit reconnu comme "énergie de transition".
Plusieurs options sont néanmoins sur la table, notamment l'objectif d'une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles".
Dans le grand art de la diplomatie climatique, l'apparition de cette nouvelle formulation préfigure un éventuel consensus qui fixerait un objectif universel. Il donnerait en même temps plus de marge à certains pays, selon leur degré de développement ou leur dépendance aux hydrocarbures.
L'Union européenne souhaite "que cette COP marque le début de la fin pour les énergies fossiles", a répété mercredi 6 décembre le commissaire européen chargé du Climat, Wopke Hoekstra.
Mais cette option est en balance avec une possibilité radicale : ne rien décider sur les énergies fossiles. Elle est le reflet de l'opposition à ce stade de l'Arabie saoudite et de la Chine, selon plusieurs observateurs qui assistent aux réunions à huis clos.
Simon Stiell a appelé à "séparer le bon grain de l'ivraie" dans le texte, mettant ainsi la pression sur les pays pour avancer sur un texte significatif.
"Il faut que les adultes se comportent comme des adultes", a tonné John Kerry, l'émissaire américain. Arrivé la semaine dernière, il monre des signes de fatigue comme de nombreux négociateurs.
La soirée s'annonce longue ce mercredi 6 décembre. L'ensemble des participants attendant une grande réunion plénière en fin de journée pour faire le bilan formel de la première semaine de travaux.
Avant une journée de repos jeudi et l'arrivée ce week-end des ministres, ces derniers sont censés reprendre la main au niveau politique pour la dernière ligne droite. "On aura de quoi s'amuser et se faire plaisir la semaine prochaine", a plaisanté l'émissaire américain John Kerry.
Pendant ce temps, le réchauffement climatique ne connaît pas de répit. Copernicus a confirmé que l'année 2023 serait bien la "plus chaude" de l'histoire après un mois de novembre "extraordinaire".